Chapitre 3

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A présent, il ne restait plus qu'à attendre l'heure du rendez-vous. Certes, la voilà bien parée, toute jolie et toute mignonne, mais ne dit-on pas que l'attente tue ? Ce vieil adage se révéla bien vite véridique lorsque l'horloge sonna six heures et demi. Undyne avait bien tenté de calmer ses ardeurs, elle avait même fait venir sa moitié pour l'aider dans sa tâche, mais rien n'y fit. D'ailleurs, ladite moitié, qui soit dit en passant était également une bonne amie de la demoiselle, avait été plus que choqué par sa tenue «excentrique » d'après ses dires. Cette qualification avait eu pour seul effet d'aggraver l'état de stress « post rendez-vous » de la jeune fille, qui était complètement submergée par ses angoisses. Elle qui pensait être fin prête pour la soirée se retrouvait maintenant à tout reprendre depuis le début.

Le petit dinosaure avait donc pris les devants de l'affaire, et entreprit le relooking vitesse grand V de la jeune fille en lui faisant revêtir d'une robe noire, d'une simplicité déconcertante mais néanmoins élégante, de petites ballerines à la couleur identique et opta pour un sautoir en forme de nœud papillon simple. Pour les cheveux, le naturel vaut toutes les extravagances capillaires ; longeant le long de son dos, telle une cascade ondulée. Rien à redire sur le maquillage ; ni trop lourd ni trop léger : La voilà fin prête pour sa soirée.

Alphy avait raison, le naturel vaut toutes les singularités. Il ne restait plus qu'une chose à faire : se parfumer. L'arôme fin et délicat du fumet qu'elle déposa au creux de son cou fut une eau laiteuse à l'odeur légère et envoûtante, idéale pour faire tourner les têtes sans cocoter comme une grand-mère. Mais à peine ce geste était achevé qu'il fallait désormais y aller: l'heure de son rendez-vous avait sonné.

Ne prenant pas le temps de se regarder une dernière fois dans le miroir, elle prit les devants sur le chemin de son carrosse. La femme poisson et sa moitié, quant à elles, la regardaient s'éloigner en séchant des larmes de fierté. La voilà qui a grandi disait une, la voilà qui quitte le nid dit l'autre. Qu'il est dur pour les aînés de voir grandir la jeunesse... 

La jeune promise arriva bien vite devant le quai aux eaux calmes et bleutées. Le clapotis et les petites vaguelettes, créées par les piloris de bois, laissaient entrevoir des ondes apaisées sur la surface nacrée des eaux limpides de la rivière endormie. Elle n'eut pas à attendre bien longtemps la barque qui la conduirait à Calciterre, et heureusement, car elle se rongeait déjà suffisamment le frein au sujet de ce rendez-vous galant, dont elle avait imaginé toutes les situations possibles. Le canotier, enroulé dans une cape bleu nuit dissimulant aux yeux de tous son corps par ce drapé de soie, l'invita à monter à bord en chantonnant cette mélodie familière et mélancolique.

La jeune fille prit grand soin en s'installant dans l'embarcation de bois et une fois qu'elle fut certaine de ne pas être mouillée, elle indiqua au navigateur qu'il pouvait commencer leur traversée. La chaloupe s'élança lentement sur les flots, le ballottement était léger et agréable. Lorsque l'embarcation pénétra dans un sombre passage de Waterfall, la jeune fille eut comme à chaque fois le souffle coupé par tant de beauté. Les milliers de cristaux qui luisaient d'une lueur spectrale dans les ombres caverneuses de lapasse, offraient un merveilleux spectacle de douceur. Il y en avait partout, accrochés aux parois, au plafond et même sous l'eau. C'était comme si le canot voguait sur une mer céleste souterraine. Bercée par le chant morne et peiné du canotier, la jeune fille sombra dans ses pensées, avant que ce dernier ne cesse de psalmodier.

-Ton destin est lié au sien, jeune fille des Hommes...

-Pardon ? Répondit-elle en sortant soudainement de ses pensées.

 Mais déjà l'individu encaper avait repris son chant laconique. Elle fit donc abstraction de cette parole, connaissant la réputation qu'avait ce monstre énigmatique ; connu pour lancer au hasard à ses passagers des phrases sans queue ni tête.

Après ce qui semblait être une heure de traversée, la barque en bois sortit du tunnel éthérique et s'amarra au pilastre d'un autre ponton de bois vieilli. La jeune fille mit un pied à terre tout en remerciant le canotier qui le lui rendit d'un signe de tête, avant de repartir voguer au gré du courant ; sur les eaux limpides et calmes de la grotte aux étoiles. Seulement, les paroles du gondolier lui restaient en tête : le destin est une notion bien étrange à saisir...

Et c'est en repensant à cette maxime que la jeune demoiselle s'engagea, avec ses rêves et ses espoirs, dans le passage menant au lieu du rendez-vous.

Et c'est en repensant à cette maxime que la jeune demoiselle s'engagea, avec ses rêves et ses espoirs, dans le passage menant au lieu du rendez-vous

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