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Je courus le plus loin que je ne le pouvais. Et le plus vite possible. Comme nous étions en plein bois, chaque endroit où je mettais les yeux se ressemblait. Le vent frappait mon visage de plein fouet, s'en était presque vivifiant.
Je m'arrêta près d'un ruisseau, à bout de souffle. Je tendis l'oreille et n'entendis rien. Cela signifiait que Killer ne m'avait pas suivie, ou du moins qu'il avait perdu ma trace. Je soupira de soulagement et alla m'étendre contre un gros rocher. C'était froid et dur, mais rien à quoi je n'étais pas déjà habitué. Mon rythme cardiaque se calma lentement et mes paupières devenaient de plus en plus lourdes. Je me promis de lever le camp à l'aube, puis je m'endormis, exténuée.

Lorsque j'ouvris les yeux, je fus surprise de constater que le sol était devenu bien plus confortable pendant la nuit. Je tâtonna le sol près de moi et constata que j'étais sur un lit. Je me releva brusquement et je reconnu immédiatement la chambre que Killer m'avait assigné. Je soupira et pris ma tête entre mes mains. Je ne pouvais pas croire qu'il m'avait retrouvé et ramené ici.
La porte s'ouvrit doucement et une tête que je ne voulais pas voir, apparue.

"Tu es réveillé, c'est bien. Tu as faim?" me demanda-t-il.

J'allais lui répondre à la négative, mais mon ventre gronda pour se faire entendre. Killer ricana et partit vers la cuisine. Je soupira encore, je n'avais d'autres choix que de le suivre.

Dans la cuisine, je fus surprise de remarquer l'ajout d'une chaise à la table.

"Je l'ai faite hier soir, pendant ton escapade de soirée." Dit Killer en posant deux assiettes sur la table. Il ne semblait pas m'en vouloir. Daniel m'aurait giflé et hurlé dessus pour avoir essayé de m'échapper, puis il m'aurait enfermé dans la cave. Tandis que lui, il ne dit rien et me nourrit. Pourquoi est-il si gentil avec moi? C'est louche.

Je n'eu d'autres choix que de m'asseoir et de manger. Et j'ai du empifrer au moins trois assiettes de ce qu'il avait préparé.

Dès qu'on eu finit de manger, Killer prit un long manteau feutré noir et se dirigea vers la porte. Je me permis de le jauger du regard, puisque je ne savait pas où il allait et s'il comptait me laisser seule. Ça aurait été une très mauvaise idée.

Il me rendit mon regard et dit "Tu viens?" Puis il sortit. Je me leva à contrecoeur et le suivit à l'extérieur. Il m'aida à monter sur son cheval et monta à son tour.

En route, je lui tapota l'épaule et il se retourna aussitôt.
"Où va-t-on?" demandai-je.

- "Il y a des gens que tu dois rencontrer. Ils sont comme nous. Et leur parler te fera peut-être enfin accepter la vérité." Dit-il, sûr de lui.

J'hocha de la tête lentement, sceptique de ce qu'il avançait. Je suis une vraie tête de mûle et on ne me déroge pas de mes idées facilement. Alors me faire croire à quelque chose? Bonne chance.

Plusieurs minutes passèrent et nous arrivâmes enfin dans un petit village dont le Roi ignorait sûrement l'existence. L'animal s'arrêta devant une taverne et Killer descendit. Il m'aide à faire de même et mon attention se porta sur le manteau que Killer avait apporté. Je lui tapota l'épaule à nouveau.

"Et pourquoi tu as emmené un manteau si tu ne le mets pas?"

Il eut un sourire en coin qu'il essaya tant bien que mal de cacher. Il m'ignora et prit le manteau pour me le mettre. Il sortit ensuite mon foulard  de la besace qui était sur le cheval, ainsi qu'une paire de lunettes de soleil qu'il me tendit.

"Pourquoi tu veux aller quelque part avec moi, si c'est pour autant me couvrir ensuite?" Déclarai-je.

Il mit ses lunettes de soleil et cacha ses cheveux noirs sous son chapeau.

"Nous serons deux."

Puis il entra dans la taverne. Je soupira, enfila le tout et entra à mon tour.

L'endroit était tout nouveau pour moi. Ce n'est avec aucune surprise que je ne suis jamais allée dans une taverne. Dès qu'on entrait, l'odeur de l'alcool nous prenait à la gorge. Et c'était bondé de monde. La plupart buvaient, d'autres fumaient, certains jouaient, mais tous s'amusaient. La luminosité tamisée rendait l'ambiance encore plus fêtarde.
Assis à une table tout au fond de la salle, je vis Killer avec deux autres personnes. Un homme et une femme. Je remarqua qu'il avait enlevé ses lunettes de soleil, mais pas son chapeau. Je m'approcha lentement d'eux, ne voulant pas interrompre quoi que ce soit. Mais dès que Killer me vit, il me fit signe d'approcher. Et ce que je vis, me stupéfia.

L'homme avait les cheveux bruns comme le cacao et ceux de la femme étaient dorés comme le blé.

"Les amis, je vous présente Raven. Raven, voici des amis de longue date, Garyson et Callie."

Garyson avait le sourire jusqu'aux oreilles et il s'empressa de me prendre dans ses bras, tandis que Callie semblait me lancer des poignards avec ses yeux.

"Pourquoi l'as-tu amené ici?" Cracha-t-elle. Elle me rappelait Marie-Beth.

Killer répondit que j'étais comme eux, qu'elle n'avait rien a craindre de moi.

"J'aimerais bien voir ça de mes propres yeux." Dit-elle, sceptique.

- "Je vais avoir besoin d'un autre cheval, alors. Le mien ne supportera pas nos deux poids bien longtemps." Renchérit Killer.

Garyson répondit, la bouche pleine de pain : "Je sais où tu peux t'en procurer un." Il se leva et nous fîmes de même.

Garyson était assez maigrichon, mais sa taille était imposante. Il sortit de la taverne et nous mena dans une écurie. Là-bas il y avait quelques chevaux à vendre. Killer me regarda et me dit de choisir celui qui me plaisait. Je me promena entre les box pour observer les animaux. Ils se ressemblaient tous, ils étaient tous marrons ou beiges. Je n'arrivais pas à faire un choix, lorsque j'entendis un hennisement et des cris plus loin. Par pure curiosité, j'alla voir ce qui ce passait. Le propriétaire de l'écurie essayait de calmer un étalon. Un beau grand Mustang noir. Quand ils nous vit arriver vers lui, l'homme trapu nous dit de reculer, que l'animal était instable. Mais une force intérieure m'empêcha de l'écouter et je me rapprocha davantage du cheval. Dès qu'il me vit, il se calma aussitôt et se mit à pousser des petits hennisements joyeux.
"Je crois que tu as fais ton choix." Dit Killer. "Il est à vendre?" Demanda-t-il.

Le propriétaire, essoufflé, répondit : "Il m'a causé tellement de problèmes, que je vous le laisse gratuitement."

Au moment où tout le monde fut sur leur monture respective, Killer proposa qu'on aille parler près du lac du village. Garyson et Callie approuvèrent, donc on se mit en route.
Une quinzaine de minutes plus tard, nous arrivâmes devant l'étendue d'eau. On descendit de nos animaux et Killer me dit que je pouvais enlever mon surplus. Sous le regard attentif de Callie, j'enleva donc mes lunettes de soleil, mon foulard et le manteau. Ses yeux s'écarquillaient de plus en plus au fur et à mesure que j'enlevais un morceau.
On suivit tous Killer vers un endroit tranquille et lorsque nous fîmes tous bien installé, Killer prit la parole.

"Bon, tu veux tout savoir je suppose? Et bien on va tout t'expliquer."


- A.007

DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant