- Raven!
Quelqu'un entra brusquement dans la pièce qui me servait de chambre comme j'ouvrais les yeux. Un homme s'empara de mon bras et me tira dans la pièce adjacente, la cuisine. À la seconde où il me lâcha, je palpa mon bras endolori. Il l'avait vraiment serré fort, tel un étau.
L'homme qui se tenait devant moi avait la quarantaine. Sa barbe fraîchement taillée nous laissais deviner un certain degré de richesse. Et donc, de supériorité.
Il me toisait comme si je n'étais rien de plus qu'un vulgaire objet. Je voyais dans son regard, une flamme qui se conssumait lentement. Un paradoxe au feu ardent que constituait son âme.
"Pourquoi n'as-tu rien préparé comme je te l'ai demandé hier? Tu sais très bien que j'attends de la visite importante!" m'a-t'il dit les dents serrés par la rage. "Quand le Roi prend la peine de se déplacer, il faut que tout soit parfait pour le recevoir. Compris?"
Je fis un léger signe de tête et l'homme partit s'enfermer dans son bureau en claquant la porte. Je pris une grande inspiration et partit chercher la farine dans le coin de la pièce. Comme cette pièce m'était presque entièrement réservée, cela ne dérangeait personne si quelques affaires traînaient sur le sol. Tant qu'elles n'étaient pas en quantité industrielles.
Je me pencha pour ramasser l'immense sac de farine et lorsque je me retourna, une main s'abbatie sur ma joue. J'échappa le tout et son contenu se déversa sur le sol. "Bravo! Tu as mis Daniel en colère. J'espère que tu es prête pour ce qu'il te fera subir ce soir." me cracha une voix féminine et nasillarde que je reconnu comme étant celle de Marie-Beth, la femme de Daniel. "Et ramasse-moi ça!" rajouta-t-elle.
Je sus retenir une larme qui menaçait de tomber, mais je ne pus m'empêcher de me gratter le bras. Je faisais ça quand j'étais nerveuse ou en colère contre moi-même.
Je me releva, tout en continuant de me gratter, et entrepris de nettoyer le sol de mon espace de travail.Alors que je jetais un énième regard à la tarte qui cuisait dans le fourneau, j'entendis des bruits de sabots ralentir devant la maison. Le Roi devait être arrivé. Des pas s'affairaient autour du carosse royal, puis on entendis trois petits coups fermes à la porte. Je me dépêcha de sortir ma tarte, puis accouru vers l'entrée pour ouvrir la porte.
Devant moi se tenait le célèbre Roi Francis. Contrairement à ce que j'aurais pensé, si j'avais ce droit, il n'avait pas l'air aussi violent et froid que ce que les histoires racontent. Il avait même un petit sourire au lèvres. Je le fis entrer et passer au salon. Je remarqua que ses multiples guardes restaient sagement à l'extérieur. Des bouches en moins à nourrir.
Je retourna dans la cuisine pour m'assurer que tout était prêt. Je m'étais vraiment dépassé pour l'occasion! Tout étais exquis et délicieusement bon. J'espèrais qu'ils le remarqueraient.Lorsqu'ils furent tous attablés, je m'empressa de remplir leur assiette. Au passage, Marie-Beth me lança un regard à faire froid dans le dos pour me prévenir que je n'avais pas intérêt à gaffer. Je détourna les yeux et partit chercher la purée de pommes-de-terre dans la cuisine. Quand je revins dans la salle-à-manger, le Roi ne cessait de me fixer. Il essayait de capter mon regard, mais je gardais mes yeux biens ancrés sur le sol.
"Jeune fille, laissez-moi vous dire que vous avez des yeux très particuliers." dit-il calmement.
- "Oui, depuis plusieurs décennies déjà qu'on ne voit plus de yeux bleus aussi éclatant que les siens." ajouta Daniel, d'un ton monotone.
- "Mais ça ne la rend pas plus spéciale." s'interposa Marie-Beth.
Je me contenta de serrer les poings, impuissante, et partit, sans rien ajouter.
Je savais qu'ils ne m'aimaient pas et c'était totalement réciproque, mais ils auraient au moins pus faire preuve de courtoisie devant le Roi.Je lavais calmement la vaisselle pendant que Daniel discutait dans le salon avec le Roi Francis. Ils ne parlaient pas fort, mais j'entendais brièvement leur discussion. Leur conversation était des plus ennuyeuses qui soit. Comme le sont la plupart des échanges des gens haut placés.
J'essuyais une tasse lorsque j'entendis mon nom à travers leur discussion. Je tendis immédiatement l'oreille et m'approcha légèrement de la porte qui menait au salon."Pourquoi Raven ne parle plus, Daniel?" demanda le Roi.
- "Ne me regarde pas ainsi, Francis. Cela fait longtemps qu'elle ne fait que hocher de la tête en guise de réponse." se défendit Daniel.
Pourquoi ça l'intéresse?
J'entendis le Roi se lever et se diriger vers la porte. Juste avant de passer par celle-ci, il déclara sèchement : "Tu n'aurais pas du l'enlever à sa mère, non plus."
- A.007

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Darkness
ParanormalDans un monde où l'obscurité règne, il est difficile de voir où nos pas vont nous mener. Vers un futur des plus agréables, ou très douloureux? Quand on est au bas de l'échelle, notre but est de monter les échelons un par un pour enfin accéder au trô...