Poursuite

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Elle les savait derrière elle, dès qu'elle sortit du bar, leurs regards l'avaient prévenue.Elle avait été dans ce bar qu'elle affectionnait. Le cadre était bien, pas de couleurs éclatantes ou des miroirs partout pour satisfaire les égos. Les boissons un peu chères mais le bloody mary était très bon. D'habitude, le bar est assez rempli mais pas de gueulards, des dragueurs mais gentils et attentionnés. Elle était belle, elle le savait, tous les hommes, ou presque, tentaient leur chance. Mais la plupart du temps, un non ferme mais souriant les calmait. Sinon le barman assez imposant intervenait, mais c'était rare et jamais pour elle. Mais ce soir là des futurs flics fêtaient la promotion d'un élève officier. Difficile de les jeter dehors, et les calmer ne servait à rien, ils gueulaient de plus fort, en menaçant d'appeler une dizaine d'autres élèves à se joindre à eux pour chanter. Le serveur n'y tenait pas tellement. Il avait déjà une dérogation spéciale pour ouvrir tard, il ne voulait pas la perdre pour quelques gueulards qui ne faisaient rien de mal, ce qu'il ne pensait pas durer longtemps, ils buvaient beaucoup trop et trop vite. Il était aux aguets pour demander à la cible potentielle de s'en aller en échange d'un verre la prochaine fois. Il était très attentif et humain. Il le faut un minimum , mais il s'impliquait dans le bien-être de ses clients. Et là le bien-être avait disparu, tous les clients riaient moins spontanément . Beaucoup préparaient leurs affaires pour partir. Un vendredi soir, c'est une cata pour le patron, mais lui c'était les bagarres qu'il voulait éviter.Elle paya le serveur , lui dit bonne chance, le serveur qui avait vu que les mecs la regardaient avec trop d'insistance vulgaire. Elle était assez sexy mais pas vulgaire selon lui. Alors il lui répondit "faites attention à vous aussi". Et elle quitta le bar. Immédiatement un des connards se leva pour motiver ses potes de suivre la fille. Il fallait qu'ils hésitent suffisamment pour qu'ils ne la retrouvent pas. Pas de chance, six mecs n'attendaient que ça, et voulurent sortir. Il tenta bien de les ralentir en demandant si tout le monde payait sa part, il savait bien que non, et leur réponse fusa sans qu'un seul ne le regarde, "t'inquiète c'est arrangé". Des loups voulant se jeter sur une biche effrayée. Du côté où elle allait , tout était fermé, et rares étaient les passants. Il hésita à appeler les flics, mais il viendraient ici pour en savoir plus, ce serait trop tard pour les retrouver. "Il faut que ce ne soit que des grandes gueules " se dit-il. Il en doutait. Les autres clients attendaient un peu avant de partir, ça se voyait, ils avaient peur.Elle était obligée d'emprunter deux ruelles, puis un boulevard, dans une vitrine, elle les vit , six , costauds et dans leurs regards se lisaient la dépravation absolue. Ils pensaient avoir tous les droits, et personne ne leur contesterait par ici, leurs uniformes d'élèves ressemblaient forts à ceux des flics. Elle avançait vite, mais quand elle tourna à gauche, elle sut qu'ils s'étaient séparés, en courant, ils lui couperaient les deux côtés, elle s'était presque piégée toute seule, presque, car il y avait un vieux cinéma transformés en plusieurs vitrines pour d'autres commerces, elle espérait pouvoir se dissimuler et les laisser passer.Ceux qui avaient couru étaient déjà là mais ne la voyaient pas, elle était derrière une colonne en demi cercle. Elle savait qu'ils ne se laisseraient pas avoir longtemps, il lui fallait une occasion.Les trois qui la suivaient arrivèrent à moitié essoufflés déjà, (leurs cours laissaient à désirer en sport), le dernier avait deux mètres de retard.Elle tendit le bras, son ongle et son doigt entrèrent dans sa carotide en le tirant vers elle. Il saignait abondamment, elle se força à ignorer l'odeur. Un des trois avait vu quelque chose et alla vers elle en criant "Paul , tu gerbes?", il fut surpris en voyant la bouche démesurée lui arracher la pomme d'Adam . Mais les autres avaient compris que quelque chose n'allait pas ils voyaient le pied d'un des leurs trembler encore sur le sol. Évidemment non armés, le promu n'était pas venu, ils entouraient le pilier quand une ombre se déplaça trop vite pour eux, et écrasa les têtes de deux d'entre eux l'une contre l'autre. Les deux derniers ne comprirent pas comment ça c'était passé. La fille était là une seconde avant , puis avait disparu comme par magie.Une odeur de sang les prit à la gorge, on ne leur avait pas apprit ça. Ils hésitaient à fuir mais ne voulaient pas abandonner leurs potes qu'ils croyaient encore blessés. Même la tête arrachée, ils ne l'auraient pas cru. Ils virent la fille appuyée contre un mur dans la posture d'une pute attendant son client.Elle les voyait commencer à réaliser, leur peur la motivait, l'enivrait, son pouvoir augmentait proportionnellement, pas de chance pour eux, mais ils avaient commencé la partie et l'avaient perdues. L'un voulu aller vers elle, l'autre lui hurla de fuir, avant de courir à toutes jambes. Elle profita du bref instant de distraction pour savourer le sang de sa gorge, et dut se forcer d'arrêter pour que l'autre n'aille pas trop loin. Il hurlait encore, elle riait intérieurement , dans les films les filles criaient, les hommes étaient dignes, quels cliché débile. Elle était satisfaite de la tournure prise, c'était le meneur qui fuyait. Du moins qui avait fui vu qu'elle était sur son dos, lui retournant lentement la tête, lentement, les os craquèrent mais il vivait encore, alors elle but pendant qu'il souffrait, avait peur, c'était si parfait, mais il fallu le tuer, trop tôt à son goût. Elle le fit se consumer ainsi que l'autre. Puis retourna à l'entrée du cinéma, où l'un vivait encore, le premier qui était encore parcouru de soubresauts, cela suffisait pour ne pas boire du sang d'un mort, elle fit se consumer les trois flics avant de se rassasier à son aise. Les consumer ne causait aucune lueur, juste un nuage léger, un gros cigare, et elle avait tellement de pouvoir en elle qu'elle sentirait toute personne approchant, ou même l'observant à la fenêtre. Elle ne lui ferait rien , personne ne le croirait si même il le disait ce qui était rare. La première fois elle avait paniqué et avait causé un massacre, l'obligeant à déménager loin. Loin oui, c'était si loin cette époque, elle but tout son saoul puis sentit qu'il allait mourir. Elle lui brisa la nuque et comme les autres le consuma. Demain il y aurait pas mal de questions difficiles. Elle disparut et se retrouva dans son appartement. Elle n'avait rien prévu mais quelle bonne soirée!

RuellesWhere stories live. Discover now