Il avait un âge incertain. Vieux, il l'était, mais sous les rides, il devait y avoir un âge, qui il était bien caché. Il avait une veston pourpre, par-dessus un gilet, le tout par-dessus une chemise blanche parfaitement mise, sans un plis. Le sous-veston était fermé, de sorte qu'on ne voyait que le col de la chemise et le bout des manches. Il s'appuyait sur une canne à la pomme en bois en forme de serpent. Il patientait devant un bâtiment aux allures de banque, noble et en acier. Il fixait la porte en verre, semblant attendre un événement.
Bientôt, un homme en costard cravate sortit, tenant fermement un autre homme, hagard et perdu, semblant le prendre de force. Les deux disparurent dans une ruelle. Ce fut le moment que choisi l'homme pour avancer, en s'aidant de sa canne, vers la porte et entrer. Le hall était tout de verre et d'acier, blanc comme un hôpital. Un groupe de trois personnes débattait en petit concilliabule devant un bureau tenu par une femme aux cheveux ébènes très prise dans le fait de savoir si ses ongles étaient biens faits.
Le groupe était formé de deux femmes et d'un homme. Lui portait aussi un costard où une insigne du FBI brillait et l'une des femmes portait la célèbre blouse blanche alors que l'autre portait un tailleur gris.
Le vieillard s'approcha du groupe, impassible, et s'arrêta à environ deux mètres. Ce fut l'agent du FBI qui l''interpella.
- Monsieur, veuillez partir, le bâtiment est fermé.
- Mais mon bon monsieur, fit le vieillard d'une voix rauque, c'est exactement pour ça que je suis là. En ce cas, Miss Vermeil n'a plus aucune raison de rester ici, n'est-ce pas?
La jeune femme au tailleur gris releva la tête et scuta le vieil homme, cherchant si elle le connaissait. Non, il ne lui disait rien du tout. Mais lui était sérieux comme un chat sur un tas de foin, son nez légerement crochu lui donnant un air d'aigle.
- Mais je ne vous connais pas...
- Scarlet Vermeil? Je crains que votre soeur n'ait raison.
Et il sortit, comme s'il s'était trompé de magasin. Scarlet en fut étonné et se retourna vers son mentor.
-Je peux le...?
- Bien sûr. Je n'ai plus besoin de toi. Par contre, je garde ta serviette, vue que je dois reprendre tes excercices.
Scarlet fila dehors, à la recherche du vieil homme, ses cheveux blonds battant derrière elle. Il fut simple à trouver, il se tenait devant le bâtiment, la fixant.
-Je ne vous connais pas.... mais vous sembler nous connaître, ma soeur et moi... vous pourriez être un tueur, un violeur ou je ne sais quoi.... pourquoi devrais-je vous suivre?
- Et bien, ma chère, si je voulais vous faire quoi que ce soit de salace, je ne l'aurait pas dit devant un agent du FBI. Votre soeur avait malheureusement raison, ce matin, à propos de votre dispute. Les deux, enfin, trois incidents sont liés. L'église, le vieil homme et maintenant le bois de.. non, je ne suis pas censé vous le divulguer. Enfin, ce que vous a dit le... le fou, est en partie vrai, le Narcisse Mortifère est bien la cause de l'incendie de l'église et de la folie de l'homme. Mais pas de l'incidents de la forêt. Trouvez d'où vient le narcisse et vous comprendrez.
- Vous êtes fou.... vous.... mais vous êtes fou....
- Demandez-vous juste si votre soeur est aussi folle que moi.
Sans attendre de réponse, l'homme lui jeta dans les mains un petit carnet.
- Tout ce que vous devez connaître est là-dedans. Mais maintenant, c'est comme si vous aviez une cible dans le dos. Attention à vous, surtout cette nuit.
Et il partit, comme si de rien n'était. Scarlet était bien tentée de le suivre, mais... non. Il était sûrement fou, après tout.
Chamaemelum nobile
Scarlet était seule dans sa chambre, enfin, seule tout court car la maison était vide. Sa chambre était assez bien ordonnée, tout était à sa place. Une bilbiothèque simple, avec beaucoup de livres rangés par série et taille, un bureau simple, avec une lampe de chevet et une armoire avec ses habits, plutôt mornes.
La bâtisse était simple, sur un étage. Un rez-de-jardin et l'étage des chambres. La sienne se trouvait côté nord, mais il n'y faisait pas trop froid.
Et si vous vous posez la question, non, elle avait refusé de lire le petit carnet. Cela n'aurait servi à rien.
Enfin, elle était calmement assise dans son lit, à lire un roman que certains auraient qualifié de roman de gare, parlant de chats. Les seuls bruits présents dans la pièces étaient le tic-tac d'une horloge et le ronronnement du chat à côté du lit.
Mais bientôt s'y ajouta un tap-tap, très discret et doux. Comme.. des coups, comme un chat. Puis le tap-tap devint plus fort, au point d'attirer l'attention de la lectrice. Elle se leva, mit des pantoufle et tenta de chercher l'origine du bruit. La fenêtre, à ce qu'il semblait. Elle s'en approcha et regarda les ténèbres. Rien. Finalement, elle l'ouvrit.
Ce qui suivit est assez dérangeant, dans le fait que notre monde en trois dimension ne devrait pas l'accepter.
Un vent froid, noir et violent heurta la jeune fille. Il semblait solide et elle fut poussée violemment contre le rebord de son lit. Enfin, elle vit que le vent n'était pas fait d'air mais de quelque chose de solide et de noir. La matière semblait prendre forme, telle une mélasse manipulée par des mains invisibles. C'est étonnant que les pensées les plus anodines reviennent dans les pires moments. Scarlet se surprit à penser que ce n'était pas physiquement possible et repensa au vieil homme. N'avait-il pas dit de faire attention?
Aussitôt, tout devint clair, mais pas logique. Scarlet se jeta sur le carnet et remonta dans le lit. La chose noire se jeta sur elle, à la recherche du carnet. Scarlet tint bon, mais finit par tomber dans une léthargie, dans un sommeil profond, qu'elle ne souhaitait pas. Elle tenta de se débattre, mais ce fut le noir qui l'emporta.
Calluna
Le vieillard regardait la voûte étoilée, abrité par un vieux chêne.
- Espérons qu'elle résiste.
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Narcissus mortem
General FictionNarcissisme: admiration de soi-même, attention exclusive portée à soi Le Petit Robert