Laink délaissé par Terracid

Chapitre 4: Régénération

          Cette douche matinale n'était pas des plus agréables. L'eau chaude réveillait ses douleurs de la veille, il lui était impossible de se savonner correctement sans grimacer. L'exercice était d'autant plus difficile avec ses phalanges meurtries à la main droite. Thomas se dit qu'il fallait peut-être agir et consulter quelqu'un, il ne souhaitait pas voir de médecin et encore moins se rendre aux urgences mais il espérait au moins trouver quelque chose dans sa boîte à pharmacie. Une fois sorti de la douche, à peu près séché et vêtu d'un simple short, le garçon farfouilla parmi le tas de médicaments en tout genre qu'il avait accumulé depuis des années. Il scrutait le nom des boites et lisait en diagonale les notices à la recherche d'un remède qui correspondait à ses blessures. Tous ces noms à rallonge lui donnait mal au crâne. Il tomba sur une pommade qui paraissait convenir et sans réfléchir davantage il s'en tartina allègrement sur l'énorme bleu qui décorait son estomac. Les cicatrices de son visage n'étaient pas belles à voir et Thomas n'avait aucune idée des gestes à suivre, il lui restait encore du sang séché mal nettoyé de la veille. Il quitta sa salle de bain le temps d'ouvrir une page internet, sa connexion étant revenue à la normale, et il ne trouva pas davantage de réponse à ses questions. Il opta pour un lavage intensif du visage à l'aide de savon et d'un gant de toilette avant de commencer à poser un premier pansement sur la première plaie, puis un second sur la deuxième, puis ainsi de suite jusqu'à ce que le résultat soit totalement ridicule. Pas moins de cinq beaux pansements ornaient à présent son visage, il lui était impossible d'en rajouter puisqu'il venait de terminer la boîte. Il allait devoir se rendre dans une pharmacie afin de pouvoir changer de pansements dans les jours à venir, or l'idée de devoir mettre un pied dehors l'enchantait fort peu, non seulement parce qu'il se trouvait ridicule avec cette tête de balafré, mais aussi et surtout parce qu'il craignait désormais de revivre une scène similaire à celle de la veille. Lorsqu'il enfila un t-shirt il regretta aussitôt ce geste : la pommade était toujours présente et s'était collée contre le tissu. Le garçon se demanda combien de choses désagréables il allait encore devoir subir.

     Thomas ne se voyait pas demander de l'aide. Du moins, pas à ses parents à qui il avait menti, ni à Damien de peur de se faire envoyer balader. Mais il avait bien conscience qu'il ne devait pas rester seul après l'événement récent dont il avait été victime, et surtout, il avait besoin de réconfort. Ce n'était pas seulement de son meilleur ami dont il craignait une réaction sèche et hostile mais bel et bien de tous ses autres amis à qui il n'avait pas parlé depuis longtemps. Il réfléchit alors à la dernière personne avec qui il avait été en contact et il trouva la réponse qu'il fut arrivé vers la fin de sa liste de contacts. Valentine était une parfaite inconnue et le garçon se dit qu'il pouvait toujours essayer de lui parler, il n'avait rien à perdre et puis il s'agissait de son ultime espoir de trouver du soutien. Il écrivit son message avec lenteur, ses doigts tapaient fébrilement sur chacune des lettres. Son discours était simple, concis : « Salut ! Je peux te parler ? ». Il ferma les yeux et serra son portable entre ses mains mais la réponse arriva rapidement : « C'est qui ? ». Cette simple question lui glaça le sang. Il reposa son cellulaire à côté de lui, il parvint à se résoudre à ne pas jeter l'objet malgré la fureur que déclenchait en lui cette interrogation. Après quelques minutes de silence et d'inertie, il le reprit entre ses mains, il lui fallait vraiment parler à quelqu'un, il fallait passer outre cette insupportable sensation provoquée par cette réponse interrogative. Il tapa simplement : « Le sauveur de chat. ». Il fallut peu de temps à Valentine pour répondre en s'excusant puis en lui demandant ce qu'il voulait. Thomas ne voulait pas passer par quatre chemin, il lui fallait évacuer ses sentiments autant qu'il le pouvait, c'était l'occasion ou jamais.

« C'est peut-être très égoïste de ma part mais voilà, je dois vider mon sac, j'ai vécu un truc pas cool et je suis paumé, je me suis fait agresser hier par des types et je sais pas quoi faire. Tu dois me prendre pour un taré sans amis mais c'est juste qu'en ce moment niveau relations avec eux ça va pas fort, alors j'en arrive là, à t'écrire ça à toi alors que t'as rien demandé, qu'on se connait pas, je suis désolé. Pas besoin de me répondre si ça t'emmerde, tu peux même me bloquer si tu me trouves trop creepy, j'avais besoin d'évacuer un peu, prendre du recul. Je vais arrêter ce message bcp trop longtemps, j'espère que ton chat va bien et ne s'est pas encore enfui... »