Laink délaissé par Terracid

Chapitre 5 : Tornade d'émotions

          Aucun des deux n'avait repris la parole depuis qu'ils avaient été interrompus par l'abonné. Thomas avait rabattu sa capuche et marchait tête baissée. Malgré cette rencontre inopinée qui lui avait fait du bien et redonné un peu d'espoir, son visage était toujours amoché et il souhaitait éviter d'être reconnu de nouveau.

_ Je pense que je vais prendre le métro ici, si j'me goure pas de ligne, dit simplement Valentine.

Le garçon, surpris, releva le regard. Effectivement, ils étaient parvenus à la hauteur d'une bouche de métro, il voyait déjà la jeune fille s'en rapprocher et sortir son passe Navigo.

_ Oh, donc euh... Tu comptes rentrer chez toi ?, demanda bêtement Thomas, coupant la jeune fille dans son élan.

_ Euh... A moins que tu veuilles qu'on aille autre part ? Mais j'imagine que tu préfères rester plus tranquille chez toi, j'voudrais pas t'embêter plus longtemps...

Le garçon se trouvait dans une impasse : il n'appréciait pas tellement l'idée de devoir poursuivre son chemin en solitaire, même si le trajet n'était plus très long, mais il ne se voyait pas pour autant demander à cette fille de l'accompagner. Il craignait tout simplement de passer pour une chiffe molle. Il fallait trouver un moyen de lui demander de rester sans passer pour quelqu'un de faible et il fallait le faire vite, la foule de passants sortants et entrants dans le métro faisait naître en lui une forme de stress, il voulait se réfugier à l'abri de tous ces regards inconnus.

_ Je sais pas... On pourrait... On pourrait aller chez moi ? Je te payerais une bière si tu veux, après tout je te dois bien ça !

Valentine hésita quelques instants et scruta sa montre. C'était l'après-midi, elle avait tout son temps pour rentrer chez elle. Elle accepta cette proposition, ils se remirent en marche côte à côte, Thomas venait d'accélérer le pas légèrement afin de rentrer plus rapidement.

          Lorsqu'il eut passé la porte, la première réaction du jeune homme fut de se débarrasser de ce fichu sweatshirt bien trop étouffant en le balançant sur le canapé.

_ Bienvenue chez moi, c'est pas très spacieux, c'est bordélique à souhait, mais c'est mon antre ! Bon par contre je suis désolé mais il faut que j'me change, ici j'ai plus besoin de m'cacher et j'en peux plus de ces fringues trop chaudes...

Thomas fit des allers-retours entre sa chambre et sa salle de bain puis s'enferma dans cette dernière le temps d'enfiler un short bien plus confortable que le pantalon qui lui collait à la peau depuis tout à l'heure. Pendant ce temps, Valentine était restée plantée debout dans l'entrée, qui au demeurant était aussi le salon, ne sachant où se mettre et n'osant pas trop s'imposer. Elle observait timidement l'appartement, elle fut surprise lorsque ses yeux se posèrent sur la machine de guerre qu'était l'outil de travail du garçon. Deux grands écrans, une unité centrale imposante, des enceintes, une caméra, un casque, des manettes... Elle qui était habituée à ne posséder qu'un simple ordinateur portable, elle se demandait comment il était possible d'avoir besoin d'autant de matériel.

_ Tu peux t'asseoir tu sais, lui dit Thomas une fois changé et sorti de l'étroite pièce.

Valentine s'avança fébrilement jusqu'au canapé, elle repoussa quelques affaires qui encombrait la surface et le garçon se précipita aussitôt pour s'emparer de tout son barda et le ranger plus loin.

_ Je vois que t'as déjà commencé sans moi !, lança-t-elle.

Il ne comprit pas le sens de sa phrase et le lui fit savoir par un air interrogateur, elle dirigea alors son regard vers la bière entamée abandonnée sur le bureau et il assimila enfin le sens de ces propos.