Chapitre 9: Fureur

1.5K 94 48
                                    

Thomas avait peu dormi, il avait passé la soirée ainsi qu'une partie de la nuit à échanger des messages avec Damien, chose qui ne s'était pas produite depuis bien longtemps. Ils avaient discuté de tout et n'importe quoi et avaient fini par s'envoyer des mots au hasard à la suite, comme une sorte de jeu. Pourtant, il n'eut aucun mal à se lever, dès son réveil il fut pris d'une motivation à toute épreuve. Aussitôt debout il s'était habillé avec ses vêtements de la veille puis il s'était servi un bol de céréales qu'il avait dévoré d'une traite. Une fois bien repu, il avait fait craquer ses doigts avant d'entamer un rangement intensif de son logement. Depuis plusieurs mois il se contentait du strict minimum pour que l'appartement ne s'apparente pas trop à une décharge publique, il était temps de procéder à un véritable nettoyage des lieux. Thomas s'attaqua d'abord à la cuisine où une belle pile de vaisselle l'attendait. En quelques minutes, couverts, assiettes et autres casseroles étaient lavés, rincés et pouvaient maintenant sécher à l'air libre. Après ça, le garçon eut l'idée de jeter un œil à son frigo pour se débarrasser des éventuels aliments périmés, il y trouva un reste de bière qu'il essaya de boire mais une gorgée suffit à la convaincre de vider le tout dans l'évier. Quelques coups d'éponge et de balai plus tard et la cuisine retrouva un aspect plus décent. Il réitéra l'opération dans les différentes parties de son appartement, le travail n'était pas particulièrement soigné mais le changement était visible. Thomas fut soulagé lorsque cette session ménage prit fin, il avait gagné une magnifique cloque à la main droite avec le manche du balai, ce qui le réfléchir quant à l'achat prochain d'un aspirateur. Le jeune homme se motiva ensuite pour se débarrasser de la montagne de cartons de toutes tailles qui n'avait cessé de s'agrandir depuis plusieurs mois dans un coin de son salon, il ne trouvait jamais le courage de mettre en pièce puis de jeter tous ces emballages de colis. Aujourd'hui était différent, il se sentait d'attaque, aussi se munit-il d'un cutter (qu'il mit au préalable plusieurs minutes à retrouver) avant de s'attaquer à la décomposition des cartons. La lame au contact du matériau faisait un bruit assourdissant. Thomas prenait plaisir à détruire toutes ces boites, il avait l'impression de prendre sa revanche sur la vie, de faire payer tous ceux qui lui avaient fait du mal. Un côté fut plus réticent que les autres à cause d'un bout de scotch résistant, il força un peu trop et dans l'action il fit rentrer la lame du cutter sur la surface de son pouce plutôt que sur celle du carton. Le garçon poussa un juron et porta son doigt blessé à ses lèvres pour aspirer l'excès de sang. Il avait presque terminé, il déplia le dernier emballage à la main et il se retrouva enfin avec un tas de cartons plats prêts à être jetés proprement dans la poubelle adéquate. La coupure n'était pas profonde et ne saigna pas longtemps, Thomas reposa l'objet tranchant sur son bureau et se rendit dans le local à poubelles de la résidence pour y déposer le tout. Il détestait cet endroit minuscule et nauséabond, surtout depuis la fois où la porte s'était refermée derrière lui et qu'il s'était retrouvé dans l'obscurité et la puanteur avant de s'apercevoir qu'il avait omis de prendre son badge et ses clefs, il avait dû attendre qu'un résident vienne lui ouvrir la porte. Pourquoi diable cette fichue porte fonctionnait à l'aide d'un badge, même de l'intérieur ? Depuis, il se méfiait toujours dès qu'il se rendait dans le local, se rappelant sans cesse cette mésaventure.

Thomas pouvait désormais profiter d'une douche bien méritée après tous ces efforts matinaux. Il fit le constat que la cabine de douche avait été laissée à l'abandon et avait elle aussi besoin d'un bon coup de ménage, or le garçon venait déjà d'utiliser toute sa motivation. Il s'en occuperait plus tard. Sa séance de lavage terminée, il s'empara la serviette de bain la plus proche de sa main qu'il tendit dans le vide, ce n'est qu'une fois enroulée dedans qu'il réalisa qu'il s'agissait de celle qu'il avait prêté la veille à son ami. Pris d'une gêne soudaine, il s'en débarrassa et enfila des affaires propres en étant seulement à moitié séché. Il laissa le drap traîner par terre et effectua son petit rituel : l'examen intensif de son faciès à travers le miroir. Thomas avait hâte de retrouver une peau normale, sans éraflure, pouvoir enfin oublier cette agression qui lui avait laissée toutes ces marques, la faire appartenir au passé pour de bon.

Laink délaissé par TerracidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant