Chapitre 8 : Senteur boisée

1.4K 96 51
                                    


Quand Thomas eut enfin trouvé le sommeil, il n'en profita pas bien longtemps, le bruit du camion de poubelles passant en bas de sa fenêtre le fit revenir rapidement à la réalité. Tout ce boucan matinal ne semblait pas perturber Damien qui dormait comme un loir, il ne ronflait plus mais continuait à respirer bruyamment. Thomas en profita pour supprimer tous les messages vocaux ainsi que l'intégralité de son journal d'appels. Il espérait que le harcèlement se soit calmé, il était déjà soulagé d'avoir pu passer la nuit sans être dérangé par son téléphone. Il sentait que ses yeux étaient encore rougis, il se faufila discrètement hors du lit, ne souhaitant pas perturber son ami qui avait la chance de réussir à dormir. Il ôta ses pansements un à un et rinça son visage qui cicatrisait de plus en plus. L'image que lui renvoyait le miroir était pourtant déplaisante, le garçon avait le teint très pale, ce qui faisait ressortir d'autant plus ses cernes et ses yeux gonflés de fatigue.

_ Tu veux déjeuner quoi ?, demanda Damien qui se tenait contre la porte de la salle de bain.

Thomas sursauta.

_ T'es levé ? Tu dormais encore y a deux minutes !

_ Oui mais plus maintenant visiblement... Ça va toi ? Tu tires une de ces tronches !

_ Ça va, ça va... J'ai mal dormi c'est tout !

_ T'as plus l'habitude de partager ton lit avec quelqu'un c'est ça ? C'est de ma faute ? J'ai perturbé ton sommeil ?, questionna le plus grand d'une voix volontairement niaise et forcée.

_ Nan, il faisait juste trop chaud, c'est tout.

Il s'essuya le faciès avant de quitter la petite pièce. Son ami l'arrêta en s'interposant lorsqu'il franchit la porte. Il employa un ton plus sérieux.

_ Tu me le dirais si ça allait mal ? S'il t'arrivait quelque chose ? On est d'accord ?

_ Oui..., dit vaguement Thomas en repoussant doucement l'autre pour mieux fuir.

Damien observa son ami se diriger vers la cuisine. Il avait compris qu'il s'agissait d'un « oui » négatif, mais il comprenait aussi qu'il avait besoin de temps pour reprendre le dessus après tous les événements passés, la vague de harcèlement de la veille n'aidant en rien.

_ Aaaahhh ! Des céréales ! Mes préférées ! Mec, t'es un génie !, s'écria jovialement Thomas depuis la cuisine, faisant ainsi sourire son ami.

_ Tu comptes t'extasier devant tous les achats que j'ai faits hier ?, demanda Damien tout en se dirigeant vers lui.

_ Tu me connais beaucoup trop bien, c'est presque à faire peur en fait !

_ Je sais tout ! Rien ne m'échappe à ton sujet mon cher Thomas !, s'exclama fièrement le plus grand.

_ Vraiment tout ?, rétorqua l'autre d'abord sur un air de plaisanterie, avant de redevenir soudainement sérieux et pensif car effectivement, Damien ne savait pas tout.

Les deux meilleurs amis s'échangèrent des regards incrédules. Aucun n'osa poursuivre la discussion. Thomas alla regagner son trône de gamer dans lequel il s'enfonça. Il s'était muni d'une grande cuillère afin d'engloutir le plus de céréales possible en une bouchée, il lança un live d'une des nombreuses chaînes qu'il suivait pour s'occuper. Damien le rejoignit rapidement, il poussa doucement la chaise à roulettes et son propriétaire qui ne bougea pas d'un pouce pour se faire une place à côté de lui sur un petit siège bancal et particulièrement inconfortable. Il s'était concocté lui aussi un énorme bol de céréales.

_ Ça te dirais pas d'investir dans une chaise ? Genre, une vraie chaise ? Pas un tabouret de merde qui fait mal au cul à peine assis !

_ De toute façon j'reçois jamais personne, ça sert à rien, répondit Thomas entre deux bouchées, l'air blasé, fortement concentré sur les images qui défilaient sur l'un de ses deux écrans.

Laink délaissé par TerracidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant