Je vais m'asseoir sur ce rocher. Regarder la mer. D'un bleu si pur, si libre. Les poissons qui sautent, les enfants qui courent. Regarder les vagues. Ces courbes. Ces mouvements au gre du vent, des courants, des envies. De la vie. Regarder l'horizon. Le vide, cette idée d'infinité. D'éternité. Regarder tout prendre de l'ampleur, peu à peu. Doucement, innocemment. Le vent froid va m'envelopper. Dans un élan meurtrier. Destinée. Fatalité. Peur.
L'Histoire. Nous la vivons, la créons tout les jours. Sans penser que dans des milliers d'années, elle ne servira plus qu'à combler les heures infinies d'histoire-géographie. Couchée sur le papier, comme sortie tout droit de l'imagination d'un vieux fou. Elle éveillera en nous un sentiment d'incompréhension, de remise en question. Comment regarder encore l'humanité de la même façon ? Source de haine, d'injustice ou de fierté dans l'imagination de la nouvelle génération. Elle paraîtra lointaine , tellement lointaine. Inimaginable, tellement inimaginable. Une histoire, une simple histoire. Pourtant de celles que l'on oublient pas. Une histoire vraie, une simple histoire vraie. Pourtant de celles qui détruisent des vies. Alors on restera là assis, à se demander comment tout a pu ce passer ainsi. Comment nous avons pu agir ainsi. À se dire que l'on ne refera jamais ces erreurs et à y croire du fond du cœur. Car cela ne nous ressemble pas. Car nous nous sommes déjà battus pour les mêmes raisons. Car une des valeurs les plus importante reste le respect. Parce que des réunions, des relations, des chansons lui sont consacré. Car c'est impossible. Tout simplement. N'est-ce pas là la preuve que tout est possible ? Tout paraitra confus et nos yeux se perdront dans la contemplation du ciel. Si réel. Nous resterons sur ce rocher. Sans bouger, dans l'air amer. Face à la mer. Aveuglés par le soleil, dans un cocon de sable et de sommeil. De quiétude. Vivant chaque seconde, chaque nouvelle vague, nouveau coup de vent. Sans penser à la la vague de l'obscurité. Celle que l'on ne pourra pas ignorer. Qui nous bouleversera tous. Qui fera tout changer. Nos esprits, idées. Mais qui n'est pas obligée d'arriver. Celle que l'on craindra tellement qu' on voudra s'inventer un monde. S'imaginer que tout est beau et le restera. Que le ciel se distingue. De l'ombre à la lumière. De la lune aux étoiles. Qu'il m'enveloppe toute entière et me soulève. Que je m'endors la tête posée sur un nuage. Sereinement. Sans la crainte que le réveil suivant soit le dernier. Que je puisse crier. Evacuer. Faire ressortir ce qu'il y a en moi. Ce qui est prisonnier de mon esprit. Toute cette atmosphère. Cette peur. J'ai peur. À chaque nouvelle frappe, chaque nouvelle atteinte à la liberté, à la vie. Je me sens si triste. Pour les autres, pour l'avenir. Pour ce qu'est devenu le monde. Je ne peux rien faire. Je me sens si impuissante. Je n'avoue rien. À quoi bon dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Il y a toujours une fin. Au meilleur comme au pire. On va se battre. Comme les autres avant nous. J'ose penser qu'un jour le bonheur remplacera la terreur. La mer deviendra paradisiaque. Quiétude. L'histoire deviendra de l'histoire ancienne. Mais pour l'instant. Je vis. Je suis toujours là. Paralysée entre un sentiment de normalité, de soulagement et d'exclusivité. Comme tout le monde. A quoi bon penser à ce qui peut arriver. Plutôt qu'à ce qui arrive.
Je vais m'asseoir sur ce rocher. Regarder la mer. Les poissons qui sautent, les enfants qui courent et ce bleu si pur, si libre. Aller au gre du vent, des courants, de la vie. L'Histoire n'est pas une fatalité elle représente seulement l'évolution de l'humanité. Notre destin n'est pas une fatalité, il représente seulement les choix de l'humanité. L'histoire s'écrit, s'efface, change de style mais ne s'oublie pas. Elle continue page après page, chapitre après chapitre et n'as pas de fin déterminée car tout peut encore changer. Notre peur est toujours présente, elle est comme les vagues, elle se déploie, envahit l'espace. Il suffit simplement d'apprendre à la dompter. Cette vague.
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"It's very beautiful over there."
Spiritual"C'est vraiment beau par ici. Je ne sais pas où c'est mais je crois que c'est quelque part et j'espère que c'est beau "