C'est vraiment beau par ici. Vraiment fidèle à la réalité, à la vie.
Je tombais lentement, si lentement. Une plume. J'étais légère, si légère. Dépourvue de tous les fardeaux de la Terre. De tous les bateaux et tous les drapeaux. Tous les morceaux aux mêmes paroles, symbole de vide profond. Désillusion. Tout s'était évaporé dans l'air. Avait été offert à la terre, à la mort, à l'ennui. À l'oubli. À la peur et au mépris. Les yeux grands ouverts, capable de tout voir alors qu'il n'y avait rien. Sans repenser au temps où j'étais capable de ne rien voir alors qu'il y avait tout. Mes pensées s'enchaînaient comme un refrain. Pas d'unique chemin à suivre, pas d'innombrables pantins. Pas de jugement, d'hypocrisie. Pas de fin. Juste un esprit. Un cœur. Une vie. À mi chemin entre la danse et l'espérance. Entre le jour et la nuit. Le début et la fin.
La chute était lente. De là-haut tout semblait différent. Les nuages surplombaient ce qu'on aurait pu prendre pour une oeuvre, celle d'un artiste tourmenté à la recherche insensée de la réalité. De la vérité. Comme si tout avait été assemblé, structuré afin d'obtenir ces couleurs, cette impression. Cette sensation. De palette épuisée qui ne laisse deviner qu'un grand manque de vert, beaucoup de gris et une idée de captivité. De pinceau débordé, devenu incapable de jongler entre tant de différence, d'injustice, de souffrance. De personnages pressés dont les épaules affaissées semblent porter le poids du monde. De si grandes boites qu'elles paraissent prêtes à s'effondrer où à toucher le ciel. Oxygène ? D'influents et d'insignifiants. D'idées reçues et d'une foule de passants. La tête baissée vers le bitume, se préparant au moindre obstacle sur la route. Jusqu'au chewing-gum qui ne devait pas être là mais qui pourtant le restera. Avec lequel on vivra. On grandira. On s'épanouira. Ou du moins on essayera.
Il y a tellement de détails et pourtant tout a une grande ressemblance. Tellement de créativité que je ne sais plus où poser le regard. Air hagard. Que je ne sais plus oú m'arrêter. Liberté. Je me rapprochais. Sereinement. De cet environnement. Aveuglement. L'air épais m'enveloppait et je me sentais en sécurité. Protégée par un voile d'innocence, d'émerveillement. Au delà du temps, dans un silence troublant. Les yeux fermés, plus rien n'existait. Les cheveux au vent, comme si plus rien n'était important.
La chute était lente. Le retour à la réalité si dur. Empreint d'une nostalgie plus que passagère, ponctuée de battements de cil. D'un mouvement de chevelure. Témoignant de cette légèreté. Légèreté d'esprit, de vie. Qui n'a jamais vraiment existé. Qui a pris naissance dans ma tête, dans la vôtre. Dans la nôtre. Dans celle de l'humanité qui se regarde dans le miroir et qui n'arrive plus à se distinguer. Dont la vue est brouillée.C'est vraiment beau par ici. Vraiment fidèle à la réalité, à la vie.
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"It's very beautiful over there."
Spiritual"C'est vraiment beau par ici. Je ne sais pas où c'est mais je crois que c'est quelque part et j'espère que c'est beau "