7 nuits.

nuit.2

A minuit au Mel's Drive-In. J'y suis Rose, mais toi tu n'y es pas.

Peut-être que cela lui plaît ce petit jeu, me faire attendre, pour me tester, voir à quel point je peux être patient pour elle, voir à quel point je lui porte de l'importance.

Ou peut-être est-elle simplement en retard car c'est une fille, elle a besoin de se trouver belle avant de sortir, qu'importe dans quel état elle peut finir la soirée, du moment qu'elle se plaît en passant le seuil de sa porte.

J'opte pour cette solution car la voilà, ses épaules couvertes de son large, même immense pull blanc où je pourrais facilement m'y glisser aussi, ses jambes vêtues d'un simple jean clair et pour conclure le tout, une paire de talons noirs. Ce style lui va bien, même si je ne sais pas vraiment si on peut le qualifier comme un style en particulier, mais elle est mignonne dedans.

Elle s'avance de plus en plus vers moi, en remettant ses petites mèches blondes rebelles derrière ses oreilles, elle est encore plus belle que la nuit passée.

"- Il est minuit vingt-quatre Rose.

- Et tu m'as attendu.

- Je n'avais rien de prévu.

- Alors, il te plaît cet endroit ?

- Il n'est pas trop mal, bien que je préfère ma plage.

- C'est parce que tu n'as pas encore goûté leur burger.

- Il n'y a que ça de bien ?

- Un retour dans les années 60, ça te dit ?

- Je te suis."

Elle s'élance en première, avec un visage souriant qui fait plaisir aux yeux, à l'intérieur de ce restaurant puis m'entraîne avec elle vers une table en fond de salle.

Tout est d'époque, les carreaux noirs et blancs bien alignés sur le sol, les vieilles banquettes rouges autour des tables, des photos des événements marquant des années 60 à 70, les tenues des serveuses typiques de celle d'autres fois, même la musique, toute droite sorti d'un Jukebox.

Rose me fait voyager en restant en plein cœur de San Francisco.

"- Pour le côté film cliché romantique il va falloir que tu revoies tes endroits. Je n'ai jamais vu une histoire d'amour se dérouler dans un truc comme ça.

- C'était peut-être juste une excuse pour te revoir.

- Tu me dragues Rose. Fait attention.

- Tu es stupide.

-Mince.

Elle roule des yeux, ses petits yeux qu'elle couvre de maquillage surement pour cacher ses cernes qui restent tout de même bien visibles, puis elle croise ses bras sur la table.

- Pourquoi tu portes des vêtements trop grands pour toi ?

- Est-ce que je te pose des questions sur ton t-shirt affreux ?

- Je pourrais me vexer.

- Mince.

- Ça te plaît de répéter ce que je dis ?

- Ça te plaît de mater une fille toute une soirée ?

- Je ne le ferais pas sinon.

- Pourquoi ma façon de danser t'a si intéressé que ça ?

- Je pense que je ne saurais pas te répondre.

- Tu as peur ?

- Tu aurais peur de ma réponse.

- J'ai déjà peur.

- De quoi ?

- De ce qu'on est en train de commencer.

- On n'est pas rendu très loin pourtant.

- Mais ça peut aller très loin.

- C'est ça qui est beau, deux jeunes paumés qui se retrouvent à une soirée, l'un s'ennuie à en crever et l'autre s'amuse à en crever.

- Et ils finissent par passer leurs nuits ensemble.

- Ça ferait un beau film romantique cliché ça.

- J'emmerde les clichés, c'est beau.

- C'est tout."

Des heures et des heures passées avec elle, des heures et des heures où j'oublie tout ce qui m'entoure, où j'oublie les drames de ce monde sans pitié, où j'oublie la connerie de l'être humain. Des heures et des heures où je crois en de belles choses.