nuit.6

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Chaque jour depuis presque une semaine, je ne dors que durant quelques petites heures car il est tout bonnement inconcevable pour moi de louper le rendez-vous à minuit pile. Je fais le mur pour déjouer mes parents surprotecteurs puis me glisse comme si de rien était sous la couette au petit matin. Tout cela pour vivre les meilleures nuits de ma vie.

Et ce soir, à 23 heures 30 tapantes, je me trouverais dans mon jardin après avoir sauté de ma fenêtre. Autrement dit dans 18 minutes. Je regarde de nouveau l'adresse que j'ai notée sur mon cellulaire puis je fronce mes sourcils. Je n'ai absolument aucune idée d'où cela peut se trouver. Certes la ville et grande, mais après avoir passé toute mon enfance à jouer au gendarme et au voleur avec mon frère en vélo dans les rues, je pensais connaître chaque recoin. Encore une chose que cette demoiselle va m'apprendre.

Dans 12 minutes, l'heure d'extinction habituelle des lumières dans la chambre de mes parents, la foutue émission de mon père sur l'Alaska se termine à cette heure ci, alors après plus aucun danger, puisque ma mère dort déjà depuis bien longtemps.

6 minutes restantes. J'enfile mes chaussures, puis ma veste en jean. Un dernier coup de parfum et il ne me reste plus qu'à attendre de voir le faisceau de lumière dans le jardin s'éteindre.

23 heures 30, comme prévu la lumière s'éteint et je peux enfin sortir. J'ouvre ma fenêtre, me faufile sur le toit et saute sur celui du garage beaucoup plus bas. Je descends jusque sur la pelouse puis attrape mon vélo en appuie sur le mur, et me voilà parti vers ce nouveau lieu que j'ai pointé sur le GPS de mon téléphone.

Mais une fois arrivé, une impression de m'être planté me prend. Je ne comprends pas vraiment où je suis, devant un immense champ qui laisse voir au fond une dizaine de petites caravanes illuminées par toutes sortes de guirlandes et petits lampadaires. Une sorte de mini camping sauvage.

" - C'est à mon oncle."

C'est sa voix que j'entends, mais je ne la vois pas pour autant. Je tourne mon visage à gauche puis à droite avant que je ne l'aperçoive sortir peu à peu de la pénombre où elle s'était plongé.

" - Suis-moi."

Et c'est exactement ce que je fais, silencieusement, je la suis. Je suis cruellement entichée à ce bout de femme.

" - Il m'a donné les clés pour cet été, persuadé que j'avais un copain, pour que je passe des moments tranquilles avec lui loin de mes parents.

- Mais tu avais un copain Rose.

- Je ne l'ai jamais amené ici.

- Pourtant moi tu m'y emmènes.

- Mais tu n'es pas mon copain.

- Tu me brouilles l'esprit."

Elle roule ses petits yeux encore une fois, un de ces gestes favoris surement, ils ne sont pas maquillés ce soir, ce qui la rend bien plus jolie. Puis elle me tourne le dos afin d'ouvrir la porte de cette caravane très chaleureusement décorée avec des guirlandes de toutes les couleurs, quelques décorations chinoises dont je ne saurais dire le nom et tout un tas d'autres objets. Elle entre au sein de cette petite habitation en métal et je fais de même.

Je me dis sur le coup que l'architecte ne sait pas vraiment fouler, un pas à gauche et nous tombons dans le lit, un pas à droite et nous entrons dans la salle de bain, puis un pas en face et nous sommes à la bonne place pour la corvée du repas. Et bien évidemment, je ne résiste pas à la tentation de pousser Rose, à gauche. Un petit cri s'échappe de ses lèvres rosées alors que je viens la rejoindre en m'asseyant dans le fond de ce lit ajusté pour deux petites personnes.

7 nuits.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant