7 nuits.

nuit.7

Nous y voilà, j'ai annoncé cette nuit comme étant la dernière, mais suis-je réellement prêt ?

Je l'ai quitté en lui disant ce que j'avais d'enfoui en moi et qui ne réclamait qu'à être dit. Je n'ai pas eu de réponse, je n'ai pas voulu en avoir, je suis parti en la laissant seule face aux mots que je lui avais chuchotés. Et peut-être qu'elle ne viendra pas cette nuit. Je lui en voudrais.

Mon cœur bat bien plus fort que d'habitude, cette femme me fait perdre la tête. Je suis effrayé à l'idée de ne rien pouvoir obtenir d'elle, même pas un baiser. Mais également à l'idée que je n'aurais peut-être même pas l'occasion de profiter d'une septième nuit à ses côtés, pour la regarder, l'admirer, la convaincre que notre histoire est belle et vaut la peine d'être vécu.

Je me rends fou.

Il est une heure du matin et elle n'est pas là.

Mes yeux se ferment par fatigue surement, je suis adossé contre le portail de mon box, du box 27, et je me laisse entraîner par le sommeil, lui qui est si peu présent dans mes journées depuis une semaine. Mais ne pas dormir en vaut la peine quand je suis avec Rose.

Mes yeux s'ouvrent après plusieurs tentatives, je ne sais combien de temps je me suis assoupi, mais ça je n'en ai rien à faire. Je la vois assise face à moi, un léger sourire sur le bord de ses lèvres pulpeuses et brillantes. Bon sang qu'elle est belle et surtout elle est venue.

"- Je suis désolé Solal.

- Tu es là depuis quand?

- Une dizaine de minutes, je ne savais pas s'il fallait que je vienne, j'avais peur que-

- Stop.

- Quoi?

- Tu es venus, le reste n'a pas d'importance.

- Alors...on est où?

- Dans mon monde."

Sans lui en dire plus je me lève, imité par elle. Je la regarde un instant, c'est la première fille à qui je fais découvrir cet endroit, mon endroit, là où se déroulent la plupart de ma vie. Mais je ne le regrette pas, je ne doute même pas de ma décision, alors j'ouvre ce portail en ferraille faisant un bruit monstre dans cette nuit pourtant si paisible. Je m'avance en premier pour enclencher l'électricité et ainsi allumer les lampes et guirlandes qui ornent mon atelier.

A moi et surtout à elle se découvrent tout un tas de toiles, de pots, de pinceaux... Tout mon attirail bordélique de peintre. Aucun mot ne sort de sa bouche que je rêve encore de pouvoir effleurer. Elle explore silencieusement cette petite pièce, les murs sont recouverts de tableaux, de portraits, d'essais... Puis elle s'arrête net. Figée. Elle est tombée sur celui qu'elle devait voir. Le sien. Son portrait.

"- Solal...

- Ton visage ne sort pas de ma tête. Ça n'a pas été compliqué..."

Elle mordille sa lèvre, comme enivré par ce tableau, par l'attention que je lui ai portée à travers cette peinture, ça lui plaît.

"- Si jamais cette nuit n'est pas la dernière, je veux te voir peindre, je veux te regarder faire.

- Seulement si c'est toi que je peins.

- Même nue je dirais oui! proclame-t-elle avant de rire.

- Ne m'en donne pas trop envie."

Je réponds sur le même ton, à la rigolade. Mais si seulement elle savait à quel point j'aimerais bénéficier de cette chance. D'ailleurs je pense qu'elle le sait. Elle me provoque, son rire est bien loin d'être innocent.