7 nuits.

nuit.4

" - Dans une bibliothèque Rose? A minuit?

- Je t'emmène dans mon monde. Là où je suis le plus à l'aise.

- Tu vas me dire que toi, Rose McCann, est passionnée par les grands arts de la littérature ?

- Je tire toute cette folie de mes livres.

- Et comment comptes-tu rentrer ?

- J'ai éventuellement emprunté la clé et fais un double.

- Alors montre-moi ton petit paradis.

- Solal!

- Je parle de la bibliothèque! "

Je viens plaquer ma main contre sa bouche pour la faire cesser de rire aussi fort. Elle finirait par nous faire repérer. J'en profite pour me rapprocher d'elle, mon autre main se faufile sur sa hanche. Je ne suis plus vraiment maître de mes gestes. Mais plus les nuits passent, plus j'ai besoin de la sentir contre moi, plus j'ai besoin qu'elle m'appartienne. Et durant de longue, très longue seconde mon regard reste planter dans le sien, elle a arrêté de rire, mais peu importe, je garde ce contact avec elle. Du moins, jusqu'à ce qu'elle me pousse un court instant plus tard.

" - Idiot. "

Je n'ai rien à répondre. Car oui, elle a surement raison, je suis un idiot. Je drague une femme que je connais que depuis 4 nuits, mais pourtant, je suis bel et bien accro à elle. A sa voix, son rire, sa façon de vivre, de voir l'avenir, d'aborder l'humain, et de lutter contre les mauvaises choses.

" - Tu sais que je ne t'embrasserais pas tant que ton visage est aussi amoché Solal ?

- Après j'aurais une chance alors ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit.

- C'est ce que tu as insinué.

- Tais-toi et suis-moi. "

Et me voilà embarqué avec elle dans les allées de cette immense bibliothèque, entassant à lui seul 8659 livres. Non je ne les aient pas comptés, il y avait seulement une affiche sur la porte qui l'indiquait.

Elle vient à s'arrêter, comme ça au beau milieu d'un rang de livre, me forçant moi-même à me stopper. Je perçois sur les livres qui m'entourent quelques auteurs qui me sont familiers, des noms qui surviennent dans mes souvenirs d'école où je devais encore apprendre des poésies. Une époque révolue pour mon plus grand plaisir.

" - On fait quoi là?

- Tu n'arrêtes donc jamais de poser des questions?

- Tu n'arrêteras donc jamais de me surprendre?"

Et je n'ai le droit à aucune réponse. Un simple petit roulement des yeux de sa part. Après cela, son corps divin se tourne pour être face à l'une des immenses étagères en bois, avec ses petites mains frêles elle fait un espace entre deux tas de livres et sort un crayon de sa poche. Sous mon regard interrogateur. Je prends l'initiative de m'approcher silencieusement d'elle, je ressens enfin sa chaleur corporelle s'abattre contre moi, son délicieux parfum fruité chatouiller mon odorat faisant inconsciemment accélérer le rythme de mon cœur. Mais je ne veux en aucun cas la brusquer, ni même tenter de l'embrasser. Surement par peur de me prendre une claque, j'estime mon visage déjà assez abîmé.

Alors que son doux regard vient se lever sur mon visage, le mien divague sur ce lourd morceau de bois désormais gravé avec de l'encre noire.

" - Nuit 4?

- Je passe mon temps dans cette allée, alors peu importe la tournure de ces nuits, je me souviendrais toujours des avoirs vécues.

- Tu es fière des avoirs passées avec un type comme moi?

- Tu te qualifies comme quel genre de type ?

- Un type de tous les jours.

- Plutôt de toutes les nuits non ?

- Tu me fascines Rose.

- Ne tombe pas amoureux trop vite.

- Tu te feras avoir avant moi.

- Ce n'est pas un jeu Solal."

Si c'est un jeu Rose, dont nous avons envoyé se faire foutre les règles.

De sa légèreté la plus pure, elle glisse sa main dans la mienne et m'emmène avec elle vers le centre de cette immense bibliothèque. Sans même décrocher un seul mot, elle grimpe sur l'une des tables et comme si elle pouvait se trouver dans son canapé, elle s'allonge sur celle-ci tout en m'invitant à la rejoindre à travers l'un de ses somptueux sourires.

Et nous revoilà partit pour des heures à rire et se lancer dans de grands débats philosophiques du haut de nos 18 ans tout frais, nos regards bien loin d'être innocent plonger dans les sublimes vitraux fleuris du plafond, comme si nous pouvions révolutionner le futur et chambouler le présent.