lui

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C'est comme si j'étais mort, car je n'existais qu'à travers ses yeux.
- kreaturr

Lui, lui, lui. Toujours lui. Mon esprit ne raisonne qu'en binaire : les autres, et lui. Il était tout et je n'étais rien pour lui. Une simple poupée de chiffon qui lui servait de distraction : lorsque l'ennui prenait possession de son être, son sourire faux et ses bras froids entouraient mon corps ; lorsqu'il se lassait de moi et que sa solitude lui manquait, il se détournait de moi et m'abandonnait à mon désespoir. Et aveuglée par l'amour, le désir, et la peur de l'oubli, je me laissais faire, je le laissais faire. J'étais son animal, je faisais des tours pour un sucre, et j'étais heureuse de ma servilité.
Tout cela est fini aujourd'hui. Il a trouvé une poupée plus docile, plus attirante, et a lâché l'ancienne, usée jusqu'à la corde, prête à lâcher prise.
Et le chiffon en redemande.
Je ne tends mes bras amaigris que vers cette vision qui s'étiole, je ne cherche de mon regard éteint que son œil malicieux. Ma vie me semble vide, dénuée de sens. Je ne cherche qu'à retrouver ce contact nocif, prête à abandonner toute humanité, toute fierté, prête à replonger dans ses griffes acérées, prête à me damner à nouveau. Je suis vide sans lui, il est complet sans moi.

J'appelle à l'aide. Je ne veux plus souffrir. Mais mon coeur m'entraîne vers l'irrémédiable. Si je recroise son être, au bras de sa nouvelle poupée, j'ai peur. Peur de ce que la douleur peut me faire m'infliger. S'il rouvre ses bras, qu'il m'offre le clone faussé de son coeur de nouveau, j'ai peur de retomber dans cette terrible spirale.

le deuil de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant