Je ne cours plus après ton ombre, je ne cours plus après tes bras. Mes yeux se sont ouverts et j'ai vu dans la clarté de la lune toute la perversion et le vice de ton être, tout le mal que tu renfermais. J'ai fait de la nuit qui était nôtre ma forteresse de solitude, et de la douleur lancinante qui me fait vibrer jusqu'à l'épuisement une force que j'entends battre dans mes veines. Je me suis barricadée loin du poison que tu distillais autrefois dans mon cœur, et l'oreille contre le pont levis de mon antre de sûreté, j'écoute mes souvenirs hurler et se déchaîner pour se frayer un chemin au travers de mes pensées.
J'ai décidé d'être forte, que j'étais capable de passer au travers de cette épreuve. Ton visage même, je l'ai effacé de ma rétine, tes traits ne sont plus qu'une ébauche brouillée par la pluie torrentielle du renouveau.
Mais le plus solide des château, s'il est construit sur du sable, finira par y retourner.
J'ai bâti mon empire de sûreté sur un monceau d'incertitudes ; j'ai effacé jusqu'à mon identité pour me libérer de mes souffrances. Je me découvre et je m'oublie, je me construit et me défait. Chacun de mes pas semble estomper le précédent, et si je m'arrête ? Je me retourne, et ne vois rien. Qui suis-je ? Où vais-je ?
Et qui est ce fantôme dont les yeux clairs me fixent d'un regard froid et moqueur ?
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le deuil de l'amour
AléatoireHistoires sans rien, sans fin, sans virgule ni point, échos décousus d'un amour interrompu.