elle et moi

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Ma tête posée contre son épaule, et voilà le kitsch qui revient. Le vrai, celui du rêve romantique, de la douce mélancolie qui ne laisse rien que le spleen derrière elle, le spleen à l'anglaise, un Oscar Wilde qui fait dans le noir ses derniers adieux à son amant avant de courir à sa perte. Et je sirote rêveusement mon verre, à la recherche d'un monde onirique en sa seule compagnie, tandis que le blues distille ses accords dans mon corps, et que l'entêtante caisse claire fait battre mon cœur, son rythme répétitif est la seule chose qui me fait encore vivre, mon pacemaker, avec elle et sa douceur. Je ferme les yeux et ma tête tourne, et je me vois dans ce monde si parfait, si lointain, une Emma Bovary des temps modernes, qui ne rêve que d'une main passant sur son visage, que d'un sourire sincère échangé à la va vite, que d'un regard invisible mais puissant dans les ténèbres de la chambre. Et son parfum me fait tournoyer, dansant comme la flamme du briquet qui m'arrache la santé, dansant comme la mort douce et libératrice qui m'attend au bout du tunnel.

le deuil de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant