Chapitre 4.

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« Résistance. »

Noa

Il était assis sur le plan de travail et fumait une énième cigarette en regardant par la fenêtre. De très loin et lorsqu'il ne me fixait pas comme un psychopathe, je pouvais clairement dire qu'il était beau. Ses pupilles posées au loin, il paraissait presque triste, mélancolique. J'avais eu du mal à venir jusqu'à la cuisine sans hurler de douleur. Je n'avais pas encore regardé les marques que ses coups avaient engendrés et à vrai dire, je n'osais même pas.

Lorsqu'il remarqua ma présence, son attitude se transforma totalement et il reprit son masque de méchanceté. Il descendit du meuble et s'approcha à quelques centimètres de moi à peine. Mon mouvement de recul ne sembla pas l'étonner et c'est avec un de ses fameux sourires sarcastiques qu'il retourna à sa place.

• Qu'est-ce que tu fais là ? Dis-je en essayant de paraître indifférente à sa présence

• Je voulais voir si tu allais bien. Après tous ce que tu as bu, j'avais peur que tu ne te réveilles pas.

• A qui la faute ? J'ai pas l'habitude de me prendre des cuites comme celle-ci.

J'avais bien compris qu'il utilisait l'excuse de l'alcool en sachant bien que Sam avait les oreilles qui traînaient.

• Personne ne t'a obligé à boire ce que tu as bu non plus. Tu ne pourras pas dire que je t'avais prévenu. Comment va ta tête ? Répliqua-t-il calmement

Cette fois, il ne me laissa pas le choix et arriva près de moi à la vitesse éclair. Il souleva mon haut et grimaça en voyant les dégâts. J'étais figée par la peur. Allait-il encore me frapper ?

• Je ne vais rien te faire, détends-toi, fit-il en lisant dans mes pensées

Aussi délicatement que possible, ce qui ne semblait pas bien habituel chez lui, il souleva mon sweat et déposa le bout de ses doigts froid sur mes bleus noirs. Ils s'étendaient sur une grosse partie de mon estomac, jusqu'à mon foie. C'était moche. Vraiment très moche. Mais la froideur de sa main me soulagea étrangement et je fermais les yeux pour apprécier ce rapide apaisement.

Lorsqu'il retira lentement sa paume, je relevais la tête vers lui, semblant avoir perdu conscience pendant un court instant. Pourquoi j'avais accepté la pitié du garçon qui venait de me mettre à terre ?

• La glace te fera plus de bien que mes doigts, tu en as quelque part ?

• Je peux me débrouiller. En général, les agresseurs partent se cacher, ils n'aident pas leur victime à soulager la douleur qu'ils viennent de leur infliger, chuchotais-je pour que Sam n'entende pas

• Poupée, je n'ai pas pour habitude de me cacher, quel que soit mes actes. Et en général, mes « victimes » sont dans un état bien pire que le tien, sois-en contente.

• Que je sois contente de quoi ? D'avoir des bleus sur tout le corps au lieu d'être enterré au fin d'une forêt ? Ah, oui, alors... « Merci, Zayn. »

Zayn

Lorsqu'elle prononça mon prénom, mon cœur accéléra. Pourquoi ? Parce qu'elle le connaissait et que pourtant, jusqu'ici, elle ne l'avait jamais prononcé. Mais sa façon de le dire contenait tellement de haine, tellement de mépris, que même l'être infâme que j'étais ne pouvait pas y rester indifférent.

• Arrête de t'énerver, tu as besoin de repos. Demain, je viendrais te chercher à midi pile.

• Tu comptes toujours m'emmener déjeuner après m'avoir battu pour... rien ? Parce que je ne compte pas venir, s'exclama-t-elle en sortant des glaçons de son frigo

Un lien irrationnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant