À Connaître

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Astrid suit un chien abandonné qui boite de la patte gauche et qui tente tant bien que mal de se nourrir. Elle fouille dans une poubelle et en sort un os de poulet sanguinolent qu'elle tend à l'animal. Méfiant, il s'approche doucement. La jeune femme lâche l'appât à ses pieds et recule d'un pas. La bête attrape rapidement l'os et fait demi-tour, courant afin qu'on ne lui reprenne pas son unique repas depuis plusieurs jours.

Après quelques heures, nous sommes stoppées par des grognements de ventre. Je me tourne vers le propriétaire et lui propose de descendre déjeuner. Il accepte en hochant la tête et nous nous retrouvons dans la cuisine.

— Ça te va si on commande pizza ? J'ai plus rien dans mon frigo.

— C'est parfait, tu veux dire !

J'attrape le téléphone et commande une Cannibale et une Calzone.

En attendant l'arrivée du livreur, Jim s'installe sur le canapé du salon. Je le rejoins et allume la télé au passage.

— Ça fait longtemps que tu vas au lycée Berlioz ? demande-t-il.

— Depuis ma seconde, toi t'es nouveau, non ?

— Ça se voit tant que ça ?

Je me retourne et le jauge rapidement du regard.

— Non, mais je connais tous les gens du lycée.

— Tu dois être populaire dans ce cas.

Je lâche un petit rire, me moquant de sa réflexion.

— Non, vraiment pas. Je suis simplement très observatrice.

— J'aurais dû m'en douter.

La sonnette retentit et je me lève, sortant du même coup quelques billets de ma poche avant de les tendre au livreur, debout sur le seuil de la porte. Je lui adresse un sourire poli, puis reviens dans la cuisine avec les cartons à pizza. Jim a déposé sa part sur le plan de table, je l'attrape sans ajouter un mot et lui tends sa Calzone.

— T'écris depuis longtemps ? me questionne Jim, en mâchouillant sa pizza.

Je hausse les épaules, tandis que je croque dans ma part.

— Tu ne m'apprécies pas beaucoup, hein ?

— Pourquoi tu penses ça ?

— Je sais pas, une intuition.

J'emporte la pizza dans ma chambre, manquant d'envie de poursuivre cette conversation ennuyeuse. J'entends le rire de Jim résonner dans le salon, mêlé au son émis par la télé. Alors que je viens de terminer la dernière bouchée de mon repas, il passe le pas de la porte et s'installe de nouveau par terre. Ne me prêtant aucune attention, il se remet à écrire.

Je pose mon front contre la vitre. Le soleil chauffe doucement mon épiderme et rapidement je suis transportée par mes pensées.

Le froid est dur, douloureux. Ma seule source de chaleur est un feu laissé par des vagabonds. J'ai peur de m'endormir, peur de me faire surprendre dans la nuit par des hommes peu scrupuleux. Les heures passent. Astrid, après s'être autorisée un peu de sommeil, se dirige vers le cimetière public. Espérant rendre visite à son ami le plus précieux, perdu trop vite.

Une main se pose sur mon bras, j'envoie un regard surpris à Jim.

— Il faut que je m'en aille.

— Déjà ? lui dis-je.

— Il est dix-huit heures.

— Quoi ? Mais non, il est, m'interromps-je, en regardant l'horloge sur le bureau.

AstridOù les histoires vivent. Découvrez maintenant