Epilogue

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Le Docteur Jones entre dans la petite chambre d'hôpital. La brume s'est emparée de la ville d'Issy-les-Moulineaux. Sa journée vient à peine de commencer, l'odeur de café enivre encore son nez. Il fait un sourire poli aux deux personnes présentes dans la pièce, dont les mines défaites sont en parfaite harmonie avec la météo du moment. Il attrape le dossier au bout du lit d'hôpital.

« Jennifer Brannigan,

Une adolescente de dix-sept ans qui après un accident de voiture, datant de l'année dernière, s'est retrouvée dans le coma.»

— Bonjour, déclare le médecin.

L'homme présent dans la pièce s'est réfugié près de la fenêtre, laissant la femme au plus près de la jeune fille accidentée.

— Je suis vraiment désolé, lance-t-il de nouveau, c'est tragique.

— Elle était si heureuse d'entrer enfin dans sa dernière année de lycée. Elle avait attendu ça toute sa vie et son rêve ne se réalisera jamais, déclare sur un ton extrêmement sec, la femme au chignon défait.

Le médecin se penche au-dessus du corps endormi de la jeune fille. La femme s'accroche à la main de la patiente si fort, que les tubes qui la relient aux pochettes suspendues manquent de se détacher.

— Elle ne se réveillera pas, affirme le médecin, avec le plus de douceur et de professionnalisme dont il est capable.

La femme opine doucement la tête, acceptant cette phrase qu'elle a mis tant de temps à entendre.

— Elle ne souffrira plus. 

Les larmes continuent de dévaler le minois désespéré de la mère aux cernes prononcées.

— Je vais éteindre la machine. 

La femme se mord la lèvre inférieure, tremblante, son pire cauchemar va arriver dans quelques minutes. Comment s'en relèvera-t-elle ? Peut-on vraiment se remettre de la mort de son unique enfant ? Le médecin se rapproche du respirateur et commence à déplacer, puis retirer les tubes et différents fils qui relient la jeune patiente à la vie.

Son visage impassible est blême, mais tranquille. Le médecin, dont le masque de fer est rodé depuis des années de pratique, a un léger coup au cœur en regardant cette jeune adolescente dont la vie a été aussi rapidement écourtée. Une pensée s'infiltre en lui contre son gré. Que ressent-elle en ce moment même ?

A-t-elle une certaine conscience ou est-elle bien trop loin pour comprendre ce qui est en train de se passer ? Rêve-t-elle ? Puis les fils sont dans leur intégralité retirés et Jennifer se retrouve enfin libre. Le monitoring cardiaque et ses patchs sont les seuls fils encore présents sur le torse de la patiente.

Le respirateur est ensuite éteint et laisse les battements cardiaques du monitoring résonner dans la petite chambre d'hôpital aux couleurs ternes. Un silence s'est imposé. Les respirations sont coupées et retenues. Une dernière phrase vient se coller au plafond.

Bip. Bip. Bip.

Biiiiiiiiip...

Biiiiiiiiip

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AstridOù les histoires vivent. Découvrez maintenant