4. Fuite

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Sofian, abasourdi, peina à se remettre debout, empêtré dans les serveurs brisés et les câbles qui s'emmêlaient autour de lui. Inaë l'aida à se relever mais entendait déjà le grondement des machines reprendre derrière eux.

— DÉPÊCHE-TOI ! hurla-t-elle.

Et à nouveau, ils échappèrent de justesse à l'incroyable puissance de feu des deux robots en roulant sur le sol. L'étagère qu'ils avaient renversée vola en éclat dans une odeur de métal fondu et de câbles brûlés.

Ils se remirent sur pied en un éclair et se rendirent compte qu'ils avaient perdu leurs armes dans la mêlée. Inaë essaya d'analyser la situation le plus rapidement possible. Rejoindre le couloir impliquait de passer entre les deux robots, ce qui était hors de question. Ils se désintégreraient probablement mutuellement s'ils tiraient au moment où Sofian et elle se glisseraient entre eux deux, mais elle doutait que de telles machines à tuer aient un instinct d'auto-préservation.

Un nouvelle salve de boules de feu jaillit. Cette fois, Sofian et Inaë purent un peu mieux anticiper et évitèrent les tirs en courant derrière l'une des étagères encore debout.

— PAR ICI ! cria Inaë.

Et ils se faufilèrent tous deux dans l'un des trous creusés dans le mur par les tirs des robots. Derrière eux, une nouvelle explosion retentit, projetant des morceaux de gravats et du métal fondu dans leur direction. Sofian poussa un juron en sentant une petite pointe en fer brûlante se planter dans l'arrière de son épaule gauche.

Le trou dans le mur les avait menés à une autre pièce de la bibliothèque, celle-ci pleine de vieilles étagères en bois qui abritaient des livres – des livres en papier, datant probablement d'un siècle plus reculé. Ils ne prirent pas le temps d'en étudier le contenu et foncèrent vers la porte. Elle était tout aussi bloquée que celle qu'Inaë avait dû défoncer pour entrer dans la salle des serveurs.

Sofian n'hésita pas une seconde et se jeta sur le panneau en bois vermoulu qui vola en éclats. Il trébucha dans son élan et s'écroula sur le sol. Inaë vint à son secours, folle d'inquiétude d'avoir conduit son étudiant dans ce guet-apens.

— Ça ira, maugréa-t-il en se relevant et en massant son bras droit. C'était l'épaule valide.

Ils entendaient déjà les deux robots rouler en leur direction. Ils ignoraient si les machines pourraient passer dans le trou où eux-mêmes s'étaient faufilés, mais ils n'avaient pas l'intention d'attendre de le découvrir. Ils étaient arrivés dans un couloir secondaire de l'aile nord et déguerpirent sans demander leur reste. Des bruits d'explosions et d'effondrements leur indiquèrent que les robots ne s'étaient pas laissé arrêter par un vulgaire mur de pierre...

— Par ici ! fit Inaë.

Elle avait repéré un petit escalier auquel ils montèrent aussi vite que possible. Ce n'était pas chose aisée puisque l'escalier en question était en assez piteux état : il ne s'agissait pas d'un des gros escaliers de pierre qui faisait partie intégrante du bâtiment mais d'un simple colimaçon de service en métal rouillé et tordu.

Ils atteignirent un couloir du premier étage et s'arrêtèrent un instant pour respirer et reprendre leurs esprits.

— Ils peuvent peut-être défoncer les murs qui les gênent, remarqua Inaë, mais cela m'étonnerait qu'ils soient capables de monter des escaliers. Ça va, toi ?

— Ça ira, grommela Sofian. J'ai très mal à l'épaule gauche mais c'est sans doute superficiel... Qu'est-ce que c'était que ces trucs ?!

— Ils nous l'ont dit eux-mêmes, soupira-t-elle, des « Dispositifs de Répression Malicieux ». Une sorte d'armée de protection de la bibliothèque. Je n'en avais jamais entendu parler. Si j'avais su...

Les décennies perduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant