S1 - Déteste-moi à m'en aimer

Nuit 4 - Un baiser volé

Ma punition était enfin levée, bon sang je croyais que j'allais perdre la tête à force d'être enfermé comme ça et couper du monde. Kaname n'y va vraiment pas de main morte quand il veut punir quelqu'un pour une faute commise. Sauf que je n'estime pas avoir commis une faute que lui-même avait déjà fait dans le passé. Il profite un peu trop de son pouvoir dans cette école pour faire ce qu'il veut et imposer sa doctrine tel un dictateur tyrannique. Mais cela allait bientôt changer, le petit prince allait descendre de son trône et laisser sa place à sa cousine chérie, quitte à utiliser des moyens peu convenables.

J'étais perdue dans mes pensées quand j'entendis le loquet de ma porte se déverrouiller pour s'ouvrir sur Shiki et Rima. Ma parole, ils étaient tout le temps ensemble ces deux-là. Et après ils nient une quelconque relation entre eux, moi je n'y crois pas une seconde. Je connais trop mon demi-frère pour savoir quand il ment et quand il ne le fait pas. Et je suis certaine à cent pourcents qu'il aime cette rouquine, après tous leur carrière de mannequin les ont bien rapprochés depuis le temps. Je considère déjà Rima comme ma belle-sœur de toute façon. Je souris à Shiki et vint me jeter dans ses bras soulagés de pouvoir enfin sortir d'ici. Il répond à mon étreinte et me fourre deux mikados dans la bouche avant que je n'aie pu dire quoi que ce soit.

Je regardai l'heure sur la pendule du couloir pour me rendre compte que c'était l'heure des cours. Je n'avais même pas le temps de prendre une douche que je dû à contrecœur suivre le duo direction la cour où les autres nous attendaient déjà. Je voyais certains regards de mépris et dégouts sur certains visages, visiblement la nouvelle avait vite fait le tour du dortoir, mais je m'en fiche complètement. J'avais une idée en tête et je ne comptais pas me laisser intimider par des vampires inférieurs comme eux, bon à lécher les pieds de mon prétentieux cousin. Cousin qui d'ailleurs ne se gêna pas pour me tirer le bras et m'amener devant lui, pour m'avoir sous sa surveillance pendant tout le trajet. Il pensait sérieusement que j'allais m'enfuir comme ça ? Ignare, une seconde d'inattention de ta part et j'aurais complètement disparu de ton champ de vision mon cher.

J'avançais donc devant le groupe de vampires tel un cortège mortuaire, non une bête qu'on envoyait à l'abattage. Les mikados toujours dans ma bouche je regarde les élèves féminins de la Day Class bavaient sur mes camarades masculins qui en profitaient pour faire leur prince comme par exemple ce traitre d'Aido. Je passais devant le duo Zéro-Yuki, mais je ne portai même pas attention à l'Hunter vu que Kaname me surveillait au doigt et à l'œil. Cependant, ce petit manque d'inattention arrivera quand Kaname porta son regard sur Yuki. Voilà ma chance de fuir et je ne perdis pas une seconde pour prendre la poudre d'escampette, direction la forêt de l'école, grimpant en haut d'un arbre pour me cacher du regard de mes camarades qui étaient surement partis à ma recherche sous ordre de Kanamé. J'avais bien raison en effet, Rima m'avait vu en haut de mon arbre mais bizarrement avait fait mine de rien et continuait sa recherche en rejoignant Kain, Aido et Shiki. La personne à plus craindre était Seiren, le chien le plus fidèle de mon cousin. Cette garce n'aurait aucune pitié avec moi si elle me trouvait. Je ne sais pas qui je dois craindre le plus entre elle et Kanamé. Pourtant bon dieu que ces deux-là feraient un couple parfait s'ils se rendaient compte qu'ils iraient bien ensemble. Je ne doute pas que Seiren soit une fille méchante, mais je pense que sa condition de vampire l'a refermé sur elle-même.

Voyant la foule de vampires se diminuer peu à peu, je décide de descendre de mon arbre soulagé d'avoir enfin la paix. Mais une main se posa sur mon épaule et instinctivement j'envoyai l'inconnu au sol, lui maintenant les mains dans le dos. Reconnaissant Zéro grâce à sa tignasse argentée, je le relâchai aussitôt en m'excusant à multiples reprises ne voulant pas qu'il m'en veuille pour mon geste d'autodéfense.

« - Excuse-moi Zéro, j'ai cru que c'était quelqu'un de la Night Class qui m'avait trouvé. Sur le coup j'ai eu très peur et je me suis instinctivement défendu comme je pouvais, vraiment désolé.

- Pas la peine de t'excuser tu n'as pas vraiment de force à vrai dire, donc je n'ai rien senti. J'ai plutôt été surpris par ton attaque.

- Merci de sous-entendre que je suis faible, ça fait toujours plaisir à entendre Zéro...

- Ne prend pas la mouche comme ça, tu es trop sur la défensif. Enfin bref, où était tu la semaine dernière si ce n'est pas trop indiscret ?

- Kanamé m'a puni sévèrement en m'enfermant dans ma chambre. Ce cher Aido a cafté notre petite discussion qu'il avait jugée trop suspecte à sa majesté Kanamé. Je déteste les rapporteurs.

- Il a plus une tête de fouine celui-là si tu veux savoir. De toute façon je n'ai aucune confiance envers tes compères peu importe qui sais et ce qu'on raconte sur eux. Je ne me fis qu'à mon instinct pour ce genre de chose. Mais dans un sens je suis rassuré que tu n'es rien en fin de compte.

- Oh c'est presque mignon Kiryu. Tu t'inquiéterais donc pour moi ? J'en rougirais presque si je ne te connaissais pas.
- Hein ? Ne te fait pas d'idée ! C'est juste par compassion petite. J'ai d'autres projets en tête que de faire du rentre-dedans à une mini Kuran.

- Zéro, quand vas-tu de décider à m'appeler par mon prénom ? Je ne vais pas te mordre tu sais. Je te répète pour la millième fois que je ne suis pas comme ma mère ou mon cousin. »

Je m'assis à ses côtés dans l'herbe et le regarde dans les yeux. Aussitôt, nous rougissions tous les deux face à ce rapprochement si soudain de nos visages et surement en repassant à cette scène similaire la semaine dernière quand nous allions nous embrasser ou que j'allais le mordre. Je ne sais plus trop, les souvenirs sont flous et je ne préfère pas repenser à tout ça. J'adressai un tendre sourire au jeune homme en venant me rapprocher plus de lui, nos lèvres se frôlant de plus en plus. Nous fermions nos yeux prêts à nous embrasser mais cette fois c'est du côté de Zéro qu'on fut dérangé. Je grognai en reconnaissant la voix de ma cousine Yuki. Je recule donc à contre-cœur loin de Zéro et me relève loin de lui, les mains croisent dans le dos en soupirant longuement, déçue.

Zéro me regarde en se relevant à son tour. Il s'approche de moi et dépose un baiser sur ma joue avec une infime délicatesse puis s'en va en rejoignant la brune qui commençait à perdre patience de chercher le vampire. Je reste là pendant quelques minutes encore sous le choc de l'émotion. Zéro ne m'avait pas embrassé, mais c'était un baiser indirect dans un sens.