La cabane

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Le toit en bois est plein de mousse,
La porte résiste à celui qui la pousse,
L'intérieur est sans doute humide,
Sur les fenêtres, le papillon fait sa chrysalide.

Si les murs avaient des souvenirs,
Ceux-ci seraient plein de bonheur,
Des rires d'enfants, de beaux printemps,
Une longue vie remplie d'évènements.

Jamais ici on a pleuré;
On y a forgé des amitiés,
On repartait le cœur léger,
On avait hâte d'y retourner.

Moi je devais apporter le goûter,
Ma mère adorait cuisiner,
Roan des choses à raconter,
Et Mia des pièces à jouer.

On commençait par s'asseoir,
Pour établir l'ordre du jour,
Roan racontait ses histoires,
Le thé chauffait dans sa bouilloire.

Puis Mia racontait la pièce,
Répartissait les personnages,
On s'imprégnait de leurs exploits,
On se disait "Je veux faire ça!".

Roan était soit chevalier,
Soit prisonnier à délivrer,
Guerrier grec, politique, paysan,
Il jouait tout comme un enfant.

Mia était toujours princesse,
amour tragique, parfois tendresse,
Dans son regard, brillait, vivace,
Une étoile de magie, tenace.

Moi je jouait les autres rôles,
Être servante, plus tard, duchesse,
Selon les aléas de la pièce.
Je me plaisait à être une autre.

Quand quelqu'un montait au bûcher,
On se mettait tous à crier,
Et à faire semblant d'être brûlé.
C'était une grande joie d'imiter.

Figures illustres, héros fictifs,
Souffrir à leurs places apportait
Comme un brin de réalité,
Dans un monde tout imaginé.

De nos regards d'enfants
Il ne reste maintenant
Que cette question vaine et cruelle:
Le monde des grands est-il une pièce?

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Pour ce poème, j'ai été inspiré par le livre 'L'étoile de Kazan', d'Eva Ibbotson, une auteure que je recommande vivement.

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