IV. 15 JUILLET.

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— Je n'ai pas encore trouvé de table de OUIJA, mais je ne désespère pas.

Malheureusement.

— T'as aimé le feu d'artifice, hier ?

J'en suis tombé de mon fauteuil.

— J'ai trouvé ça pas mal, personnellement.

T'es un romantique dans l'âme, Orviétan.

— Je n'entends pas les mensonges.

T'es un idiot.

— Quoi ?

Tu me fatigues, tu le sais, ça ?

— C'est étrange, tes lèvres bougent mais aucun son n'en sort.

Orviétan est l'homme le plus beau et le plus intelligent du monde.

— Je ne t'entends p... Attends, si !

C'est trop tard.

— Je n'ai même pas terminé ma phrase.

Je n'entends pas la mauvaise foi.

— ...

...

— OK, c'était bien joué, je l'admets. C'est quoi, ce sourire moche ?

J'exprime clairement ma jubilation, c'est tout.

— C'est mesquin.

C'est mérité.

— Je vais me baigner, j'ai trop chaud.

J'ai gagné cette joute verbale, je plonge avant toi !

— Je n'ai jamais instauré une règle pareille. Abstème ! « Par ordre du Jarl, pas un pas de plus ! »

Cette référence me plaît déjà.

— « Vous avez commis des crimes contre Bordeciel et ses habitants, qu'avez-vous à dire pour votre défense ? »

J'ai pris une flèche dans le genou.

— Quelle triste dessein.

À l'eau, Dovahkiin !

— Attention, j'arrive !

Orviétan ?

— ...

Putain, Orviétan, ça va ? Merde, merde, merde ! Comment t'as fait pour t'éclater le nez comme ça ?

— Je n'en ai absolument aucune idée. C'est probablement Jack.

Tu pisses le sang et tu réussis à glousser bêtement à propos de cet stupide fantôme ? J'hésite entre t'enlacer et te hurler dessus.

— Je suis souffrant.

Et bientôt mourant si tu ne m'aides pas à te hisser hors de l'eau sur-le-champ, Orviétan !

— Ça va, ça va.

Je suis paraplégique, pas aveugle : t'es livide et ton nez a doublé de volume. On sort. Tu te sens nauséeux ? Maux de tête ? Étourdissements ?

— Du calme, Abstème. Je... Je vais bien, je crois. Qu'est-ce que tu cherches à déterminer ?

Si tu as ou non une commotion cérébrale, même légère : si tu perds connaissance alors que nous sommes encore dans l'eau, je ne réussirais pas à te remonter sur le ponton tout seul. On peut se dépêcher de sortir, maintenant ?

— Oui, docteur ! J'ai la tête qui tourne.

Très bien, encore un effort.

— Ça faisait longtemps, fauteuil roulant !

Je suis épuisé et je ne me suis pas baigné plus de dix minutes.

— L'histoire de notre vie, Abstème ! Ce que les gens – aux jambes fonctionnelles – mettent une minutes à faire, nous, nous en mettons dix de plus.

Génial.

— Il faut positiver ! Nos bras vont prendre du muscle, cet été, camarade.

Ouais. Ça va, ton nez ?

— Il ne saigne plus, c'est déjà ça.

J'ai déjà frôlé l'apoplexie deux fois avec toi, Orviétan. Tu veux ma mort, en fait ?

— Non, toi comme moi nous savons qui est notre véritable ennemie Abstème : la neige.

(explose de rire).

— Sérieusement, la neige c'est jolie mais c'est franchement pas pratique. Je déteste l'hiver et je déteste devoir parcourir dix mètres dehors en une demie heure.

Je ne suis pas copain avec le sable non plus, en toute honnêteté.

— Le sable ! Ce suppôt de Satan.

Sans compter les bâtiments inaccessibles, les portes trop étroites, les escaliers par dizaines.

— En fait, on est des Yamakasi : la ville est un parcours d'obstacles au quotidien.

Je vais mettre ça sur mon curriculum vitæ. Centres d'intérêt : Parkour.

— J'imagine la tronche de ton employé lorsqu'il te recevra pour un entretien.

Magique.

— Un jour, on partira en vacances, toi et moi.

« Le road trip d'Abstème et Orviétan ».

— On mettra deux fois plus de temps à faire le tour du monde.

On s'en fout, on sera deux fois plus de temps en vacances.

— Énorme ! Et comment on fera pour le métro ? C'est probablement l'Enfer !

Ne t'inquiète pas, Orvi. Abstème te protégera du vilain métro.

Abstème et OrviétanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant