— Je n'ai pas encore trouvé de table de OUIJA, mais je ne désespère pas.
— Malheureusement.
— T'as aimé le feu d'artifice, hier ?
— J'en suis tombé de mon fauteuil.
— J'ai trouvé ça pas mal, personnellement.
— T'es un romantique dans l'âme, Orviétan.
— Je n'entends pas les mensonges.
— T'es un idiot.
— Quoi ?
— Tu me fatigues, tu le sais, ça ?
— C'est étrange, tes lèvres bougent mais aucun son n'en sort.
— Orviétan est l'homme le plus beau et le plus intelligent du monde.
— Je ne t'entends p... Attends, si !
— C'est trop tard.
— Je n'ai même pas terminé ma phrase.
— Je n'entends pas la mauvaise foi.
— ...
— ...
— OK, c'était bien joué, je l'admets. C'est quoi, ce sourire moche ?
— J'exprime clairement ma jubilation, c'est tout.
— C'est mesquin.
— C'est mérité.
— Je vais me baigner, j'ai trop chaud.
— J'ai gagné cette joute verbale, je plonge avant toi !
— Je n'ai jamais instauré une règle pareille. Abstème ! « Par ordre du Jarl, pas un pas de plus ! »
— Cette référence me plaît déjà.
— « Vous avez commis des crimes contre Bordeciel et ses habitants, qu'avez-vous à dire pour votre défense ? »
— J'ai pris une flèche dans le genou.
— Quelle triste dessein.
— À l'eau, Dovahkiin !
— Attention, j'arrive !
— Orviétan ?
— ...
— Putain, Orviétan, ça va ? Merde, merde, merde ! Comment t'as fait pour t'éclater le nez comme ça ?
— Je n'en ai absolument aucune idée. C'est probablement Jack.
— Tu pisses le sang et tu réussis à glousser bêtement à propos de cet stupide fantôme ? J'hésite entre t'enlacer et te hurler dessus.
— Je suis souffrant.
— Et bientôt mourant si tu ne m'aides pas à te hisser hors de l'eau sur-le-champ, Orviétan !
— Ça va, ça va.
— Je suis paraplégique, pas aveugle : t'es livide et ton nez a doublé de volume. On sort. Tu te sens nauséeux ? Maux de tête ? Étourdissements ?
— Du calme, Abstème. Je... Je vais bien, je crois. Qu'est-ce que tu cherches à déterminer ?
— Si tu as ou non une commotion cérébrale, même légère : si tu perds connaissance alors que nous sommes encore dans l'eau, je ne réussirais pas à te remonter sur le ponton tout seul. On peut se dépêcher de sortir, maintenant ?
— Oui, docteur ! J'ai la tête qui tourne.
— Très bien, encore un effort.
— Ça faisait longtemps, fauteuil roulant !
— Je suis épuisé et je ne me suis pas baigné plus de dix minutes.
— L'histoire de notre vie, Abstème ! Ce que les gens – aux jambes fonctionnelles – mettent une minutes à faire, nous, nous en mettons dix de plus.
— Génial.
— Il faut positiver ! Nos bras vont prendre du muscle, cet été, camarade.
— Ouais. Ça va, ton nez ?
— Il ne saigne plus, c'est déjà ça.
— J'ai déjà frôlé l'apoplexie deux fois avec toi, Orviétan. Tu veux ma mort, en fait ?
— Non, toi comme moi nous savons qui est notre véritable ennemie Abstème : la neige.
— (explose de rire).
— Sérieusement, la neige c'est jolie mais c'est franchement pas pratique. Je déteste l'hiver et je déteste devoir parcourir dix mètres dehors en une demie heure.
— Je ne suis pas copain avec le sable non plus, en toute honnêteté.
— Le sable ! Ce suppôt de Satan.
— Sans compter les bâtiments inaccessibles, les portes trop étroites, les escaliers par dizaines.
— En fait, on est des Yamakasi : la ville est un parcours d'obstacles au quotidien.
— Je vais mettre ça sur mon curriculum vitæ. Centres d'intérêt : Parkour.
— J'imagine la tronche de ton employé lorsqu'il te recevra pour un entretien.
— Magique.
— Un jour, on partira en vacances, toi et moi.
— « Le road trip d'Abstème et Orviétan ».
— On mettra deux fois plus de temps à faire le tour du monde.
— On s'en fout, on sera deux fois plus de temps en vacances.
— Énorme ! Et comment on fera pour le métro ? C'est probablement l'Enfer !
— Ne t'inquiète pas, Orvi. Abstème te protégera du vilain métro.
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Abstème et Orviétan
Historia CortaAbstème et Orviétan - deux adolescents paraplégiques et farouchement opposés - se décident à créer au gré des mots, une réalité, qui, ils l'espèrent, comblera définitivement leurs maux. « Qu'est-ce que tu fous avec tes roues dégueulasses sur mon p...