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( À écouter avec " Comptine d'un autre été " que je vous ai mit juste au-dessus )

1 semaine plus tard

Les bras ballants et le visage décomposé, j'étais partie de chez moi. Fuyant la colère de mon père et les blâmes de ma mère.

Arpentant les rues de Paris de fond en comble. Je m'arrêtai au bistrot dans le 3ème arrondissement. Mentant sur mon âge, je commandai une bière 1664. Mon paquet de clope disposé sur la table, j'en sortis une de mon paquet. L'accompagnant avec ma bière. Libre, je me sentais libre et libérée. Marre de ma vie de merde, de mon père violent, de ma mère radotant des reproches et de l'autre taré avec ces post-it. 

Après avoir fini la première bière, j'enchaînai avec une deuxième. L'acidité sur ma langue qui glissait dans ma gorge provoquait une sensation chaude, c'était bon, si bon. Mon esprit divaguait totalement. Impossible de me rappeler pourquoi j'étais ici. Ce qui compte, c'est que je sois bien ici.

La deuxième bouteille finie, je décidai de continuer mon chemin.

Je crois que je me suis perdue, me dis-je en titubant dans la rue. Mais peu importe car chaque chemins mènent à d'autres chemins. Continuant à marcher dans l'inconnu, je courus à la poubelle la plus proche, déglutissant le litre d'alcool que j'avais avalé. Mon t-shirt tâché, je m'arrêtai à une fontaine assez chic près d'un parc. Avec mes doigts, j'essayai du mieux que je pouvais de faire disparaître la tâche. Essayé en vint, elle ne partit pas.

A côté de la fontaine, je vis un banc. Précipitamment, je courus m'affaler dessus. 20 minutes plus tard, je croisai un homme, d'âge mûre, je dirais. 

Il avait l'air perdu. Pas dans le vrai sens du terme. Mais plutôt perdu dans ses pensées. Je l'ai même surpris à parler à haute voix. Il me semble qu'il parlait de son passé et de sa femme. Son air triste me rendait maussade également.  C'est fou comme c'est contagieux ! Un sourire donne envie de sourire et des pleurs donnent envie de pleurer. Pourquoi c'est comme ça ? Pourquoi suis-je si émotive ? Cet homme seul avec son long manteau noir et son chapeau usé par le temps devrait vivre et sourire. Surtout par ce beau temps ensoleillé. En un rien de temps, je me retrouvai à ses côtés, sur ce chemin de galets blancs.

      - Bonjour, dis-je d'une voix chaleureuse.

      - Bonjour jeune fille, que me voulez-vous ?

      - En ce qui me concerne rien, je viens pour vous plutôt.

      - Pour moi ? Répond-t-il étonné.

      - Oui, pour vous. Je vous ai aperçu marcher seul en parlant à voix basse avec un ton triste, j'ai pensé que ça vous ferez du bien de parler à une totale inconnue.

      - Oh je vois ! Mais ce n'est rien, reprit-t-il.

      - Vous savez, moi aussi en ce moment, je passe une mauvaise période avec mes parents, et le fait que je sois seule.

Il rit d'un ton compréhensif.

      - Oh oui, jeune fille, je vois très bien. J'étais pareil quand j'étais gosse. Je fuguais même souvent de chez moi. Et à l'école, je me battais avec les garçons qui me cherchaient. Mais, ça c'était le passé. Je me suis reprit après, quand j'ai compris que le monde ne tournait qu'avec de l'argent. Je décidai de travailler, de faire de petites études au moins, car l'école n'était pas faite pour moi. Je devins propriétaire d'une petite librairie. Pas à Paris, mais dans une petite campagne près des Vosges...
Je suis désolé de vous raconter tout ça. Dîtes-moi si je vous embête.

      - Ah mais continuez, vous ne me dérangez en aucun cas. Et c'est intéressant. J'aime bien croiser des gens comme ça dans la rue, me racontant leur histoire. C'est fort passionnant !

     - D'accord... Donc, je suis arrivé ici, il y a 10 ans. Je rencontrai une femme il y a 17 ans exactement. Elle était venu chercher un livre. Je me souviens encore duquel, « Orgueil et préjugés ». J'avais déjà lu se livre et je le lui recommandai. Cette histoire d'amour était l'une des plus bouleversantes que je n'avais jamais lues. Elle le prit et le lut. 3 jours plus tard, elle revint à la librairie et me remercia de lui avoir conseillé. Je lui proposai de boire un café, son charme et sa beauté me faisait désirer. Trop intimidé la première fois, je ne l'abordai pas et je crus que c'était fini. Heureusement, elle revint. C'était un miracle. Heureux comme jamais, elle accepta mon invitation. Les jours passèrent et notre relation se concrétisa. Difficile de décrire mon bonheur tant il fut immense. Nous étions si jeunes, heureux et amoureux. Nous aimions tant la vie avec un grand V, les pique-nique dans les parcs et les balades, les lampadaires scintillant la nuit et tant d'autres belles choses. Nous nous sommes mariés le 20 août 1998. Malheureusement, nous n'avons pu avoir d'enfants. On décida donc d'adopter des enfants, deux petits garçons, Noah et Loïc. A présent, je pense qu'ils doivent avoir ton âge ou peut-être sont-t-ils plus âgés. Loïc a 17 ans et Noah en a 21. Et toi, jeune fille quel âge-as-tu.

- 17 ans, monsieur.

- Comme un de mes fils, me dit-il en souriant.

Il continua et son sourire disparut dès les premiers mots qui furent mâchés.

      - Ma... Ma femme est morte il y a 6 mois, d'un cancer. Un cancer du sein. Malheureusement, les médecins n'ont rien pu faire me dit-t-il, les larmes aux yeux.

      - Je... Je suis désolée. Toutes mes condoléances pour votre femme dis-je simplement, ne trouvant pas les mots.

Il se contenta de m'adresser un petit signe de tête. 

      - Heureux de vous avoir rencontrer me dit-t-il, signifiant qu'il est l'heure d'y aller.

      - Moi aussi, monsieur. J'espère que nos chemins se recroiseront.

      - Peut-être bien, rien n'est impossible.

Marchant avec cadence les mains dans les poches, je me dépêche de retrouver mon chemin grâce à un plan de la ville pour rejoindre ma maison. Il est déjà 21h. Cette journée m'a bien plut, ça m'a fait du bien de prendre de la distance avec tout ce qui se passe. 

Enfin arrivée, il est 21h30. Lorsque je m'apprête à grimper pour rejoindre ma fenêtre. J'aperçois encore un post-it vert. Décidément, mon destin est d'en recevoir tous les jours maintenant. Oui, car voilà déjà plus d'une semaine que j'en reçois. Ça devient lassant si vous voulez mon avis. A présent, je ne prends même plus la peine de chercher à comprendre ce qu'ils signifient. Cet inconnu m'exaspère. Il n'a décidément rien à faire de sa vie...

Ce que je veux là, ce n'est pas l'inconnu. Ce que je veux, c'est parler à Loïc, lui demander des explications sur son passé et m'excuser d'avoir été si désagréable à la cafétéria. Et lui dire une chose totalement surprenante... Que j'ai rencontré... Son père.

Observe, Résonne, ConclusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant