Chapitre 9

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Note de l'auteure : Le début du chapitre est Rated M ! Âme sensible, s'abstenir !

Chapitre 9 : Le calme avant la tempête

La mégère se tenait en face d'Ethan et de Lorysha. Tous les trois étaient assis à la table de la cuisine, qui était dans un très mauvais état : les murs étaient noirs et les vitres avaient été fermées avec des planches de bois mal clouées. La lumière du jour passait à peine à travers ces volets improvisés et seule une lampe vacillante éclairait la grande pièce. Le sol n'avait pas été nettoyé depuis ce qui semblait une éternité et des vieilles épluchures de légumes et beaucoup de moisissures se trouvaient sur les plans de travail. Cela dégoûtait les deux enfants à chaque fois que la mégère leur permettait de descendre dans la grande pièce. Une étrange puanteur de moisi, de transpiration, de sang et de mort y régnait. Mais la mégère s'assurait que la table soit toujours en bon état, comparée au reste de la cuisine : une nappe grise y était posée, des livres pour Lorysha et des dessins pour Ethan ainsi que quelques hamburgers. C'était un des bons jours de la mégère : un des jours où elle ne les frapperait peut-être pas, où elle les nourrissait, même si les aliments n'étaient pas forcément équilibrés. La mégère apprenait à lire à Lorysha. Elle avait eu quelques difficultés au départ, car elle avait énormément souffert de l'absence de ses véritables parents et ne semblait pas s'habituer à cette femme égoïste et sans scrupules.

Les premiers temps, la mégère n'avait pas été violente avec la petite Lorysha, et une sorte de lien affectif s'était créé. Quelques mois plus tard, la mégère avait commencé à être extrêmement tyrannique avec elle. Lorysha avait fini par être tout le temps sur ses gardes car elle ne savait jamais quel côté de la mégère elle allait voir. La moindre petite erreur pouvait la faire sortir de ses gonds...

La mégère faisait lire un livre compliqué à Lorysha : Madame Bovary de Gustave Flaubert. Lorysha avait un bon niveau de lecture, mais elle ne comprenait pas tout ce qu'elle lisait... Et elle avait décidé qu'elle haïssait les livres français, à cause de ce Flaubert. Ethan dessinait et jetait des petits coups d'œil anxieux à sa sœur. Lui aussi se demandait si la mégère allait changer d'attitude... Aujourd'hui, elle les avait nourris et s'était occupée de leurs blessures. Les deux enfants supposaient donc qu'elle aller rester « gentille » avec eux pour la journée. La mégère caressait affectueusement les cheveux d'Ethan, et celui-ci affichait un air paniqué : il avait la tête baissée sur son dessin et n'osait pas regarder ailleurs. La mégère sourit aux deux enfants ; c'était un sourire doux, qu'une mère normale aurait pu donner à ses enfants. Mais Lorysha savait qu'il fallait qu'elle reste sur ses gardes. Elle lui fit donc un petit sourire également, puis retourna à sa lecture. Elle se tenait droite comme un piquet sur sa chaise et tenait ce maudit livre entre ses mains, en essayant de comprendre les agissements d'Emma Bovary envers son mari.

Soudain, un cri d'enfant se fit entendre à l'étage supérieur. Lorysha leva immédiatement les yeux vers le bruit. Elle avait peur que quelque chose comme cela arrive. Pourquoi fallait-il que ce maudit gosse hurle comme ça ? Ça allait énerver la mégère et celle-ci pourrait se retourner contre Ethan et elle pour faire passer sa rage...

Ethan enfonçait sa tête de plus en plus sur son dessin et la mégère grogna de fureur.

« Qu'est-ce qu'il a à gueuler comme ça, ce petit enfoiré ? », fit-elle.

Puis, elle se tourna vers Ethan et Lorysha et leur fit un doux sourire.

« Restez-là bien sagement, mes enfants. Je vais m'occuper de son cas... »

La mégère prit un couteau de cuisine et prit un air menaçant avant de monter les escaliers lentement, en faisant craquer chaque marche. Ethan leva des yeux apeurés vers sa sœur, qui lui fit signe de se taire. S'ils tentaient quoi que ce soit, ça allait très mal se passer pour eux... S'ils tentaient de s'échapper, la mégère les retrouverait et leur ferait des choses horribles... Peut-être même qu'elle tuerait l'un d'entre eux, pour leur faire comprendre que jamais ils ne s'échapperaient de son emprise.

Fighting for the Light : BrokenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant