Renarde à bord

Oppression

-Qu'as tu pour moi?
-De la semence maître.
-Du capitaine?
-De deux personnes de son équipage.
-Ses frères ?
-Oui

Les deux hommes reposaient, épuisés, sur le sol de bois. Leurs torses se soulevaient à mesure que l'air rentrait dans leurs poumons.
-Le capitaine va nous tuer
-Nan, tu crois? On vient juste de se faire vider par Ash...
Penguin se releva une fois calmé et se rhabilla.
-On devra prendre une douche
-Ouais, allez debout.
Il aida son ami a se relever.
-Tu devrais rester sans casquette, ça te va beaucoup mieux.
Penguin soupira.
-Arrête, on dirait que tu veux me prendre toi aussi...
Les deux amis se regardèrent puis explosèrent de rire, Ash les avait épuisé et ils se sentaient abusés, quelque chose n'allait pas.
-Elle est quand même partie rapidement une fois qu'on était venu...
-Mouais, retournons au sous-marin avant que le capitaine ne revienne.

Traffy me suivait sans faire d'histoire, se fiant a mes yeux habitués à voir dans le noir. Le tunnel fait de pierre et de terre s'élargissait, grâce au pouvoir du capitaine.
Mais je savais que ça n'allait pas durer, ma renarde était confiante tandis que j'éprouvais un sentiment de confinement, de claustrophobie. Cette avancée durait depuis trop longtemps dans un espace restreint et noir, je n'avais jamais pensé qu'il puisse être aussi long.

J'entendais le souffle de plus en plus rapide du capitaine. Contrairement a moi, il n'était pas claustrophobe mais l'attache récente des menottes en granit marin l'épuisait. Son pied glissa sur la terre humide et le tunnel se coupa devant moi, laissant une ouverture de la taille d'une souris. Je me retourna d'un seul coup, regardant un Law épuisé, la tête dans la boue.

Mon ventre d'humaine se noua, crispant mes muscles. Je n'aimais pas ça : seule dans un tunnel manquant de s'effondrer a tout moment avec un capitaine endormie, enfin, inconscient. Ma renarde disparut rapidement devant mon stress, me laissant mon apparence humaine trop imposante pour le tunnel.
-Non ne t'en vas pas!
Les larmes me montèrent aux yeux et la panique m'envahit. Cookie ne me répondait plus, j'étais effondrée contre mon capitaine, trop angoissée pour pouvoir faire quoi que se soit. La terre meuble qui bouchait la sortie bouchait toute lumière d'une potentielle sortie. Non, ce n'était pas une sortie potentielle, c'"tait LA sortie, la seule possible.

Je me forçais a respirer lentement, a retrouver un pouls calme et contrôlé. Je devais être rationnelle, ne pas me dire que c'était peut-être la dernière fois que je voyais mon capitaine... J'allais mour... NOOON J'AI DIT, PAS DE DEMORALISATION, J'ETAIS ENCORE LA, ENCORE CAPABLE DE FAIRE QUELQUE CHOSE.

Je me mis quelques claques pour reprendre mon sang-froid, il devait bien y avoir quelque chose a faire.

Je tentais de recontacter ma moitié. Cookie? Tu m'entends?... Bien sur que je t'entends débilooouuus, je suis dans ta tête. Son ton exaspéré me fit sourire. Tu peux revenir? J'aurai besoin de toi pour creuser... Creuser?... Oui, enlever toute cette terre et faire marche arrière. Elle ne se fit pas prier et je me sentis tout de suite mieux : les renards vivent dans des terriers, ils ne sont pas claustrophobe.

Je me mis a faire un schéma consécutif d'actions : creuser assez pour tirer Trafalgar par le col, le rapprochant centimètre par centimètre de la sortie. Il y avait Bepo aussi mais je ne pouvais pas m'en occuper, le capitaine d'abord et le second ensuite. Mon manège dura pendant plus d'une heure où je m'épuisais. J'avais enfin atteint la petite porte de bois qu'on avait empreinté a l'allé.
Plus que Bepo a ramener.

Je m'engouffrais de nouveau dans le tunnel de terre, après avoir mis Traffy dans un lieu sur, juste avant la porte.

Il ouvrit les yeux en reprenant son souffle, comme s'il venait juste de s'étouffer. D'abord il ne sut pas où il était, puis il se souvint du tunnel et de l'utilisation de son fruit. Ça l'avait épuisé, son énergie vidée par la présence trop récente du bracelet a son poignet. Tournant la tête a droite, il vit la porte de bois fermée et a sa gauche, le tunnel s'enfonçant dans l'obscurité. Venant de la, il entendait des respirations essoufflées, comme si quelqu'un faisait un effort intense. Le capitaine se leva, prenant appuie contre le mur de terre.

Ma respiration était rauque dans ma gorge, une inflammation dût a la poussière de la terre remuée et à l'effort. Traîner un cadavre vivant sur une longue distance, surtout un cadavre d'ours blanc n'était pas une mince affaire. Et quand on a la puissance majestueuse d'un renard, c'est compliqué. Mes pattes tremblaient, elles me semblaient comme de simple fil de fer tordu, ayant de plus en plus de mal à répondre à mes attentes. Je ne pouvais pas me reposer, je devais continuer à reculer, je devais continuer à traîner Bepo sur plus d'une longue centaine de mètres. Ce n'est pas possible qu'un mur soit aussi épais...

Une grande main passa sous mon ventre et me souleva de terre. Je laissai échapper un petit jappement de surprise. Mes canines s'arrêtèrent sur une peau légèrement caleuse et chaude. L'odeur du sang, de la chair et du médicament emplit mes narines et je relâchais automatiquement la main. J'entendis un soupir et quand je relevai la tête pour croiser deux yeux gris, je savais que je n'allais pas m'en tirer saine et sauve : une punition allait m'attendre bien sagement assise à côté du bureau du capitaine. Elle allait agiter sa main dans ma direction et me forcer à venir la voir...après tout, elle était toute seule avec un capitaine sadique, je devais la secourir en l'aidant, même si cela allait être dur.

Je te laisse Ash...Tu m'abandonnes face à la punition alors que c'est toi qui la mordu ?!...C'est toi qu'il aime...QUOI?  Mon corps d'humaine revint directement, je me retrouvais là, adossée contre le torse du capitaine, sa main toujours sur mon plexus, contre ma peau nue. Mes habits étaient trop déchirés, cachant juste quelques zones de mon corps. Je le fixais, voulant continuer de regarder ses yeux gris. Fatiguée, je l'étais mais lui aussi, nous étions épuisés par ces conneries.

Juste pour récupérer ma pipe, je les avais tous mis en danger...