Renarde à bord

Rêve prémonitoire

Ça ne pouvait pas être réel...Woul était  toujours  sur mon île, il ne pouvait pas, il ne pouvait pas... Je battis des paupières, mon cœur accéléra contre ma cage thoracique et mes mains tremblèrent. Ce ne pouvait être qu'un rêve.

Je m'éveilla en sursaut, me redressant subitement, les mains serrant le t-shirt trop grand que j'avais volé à Traffy. Le corps à mes côtés remua et se releva, me regardant de ses yeux gris embrumés.

- Tu as fait un cauchemar ?

Je ne lui répondis pas tout de suite...Pourquoi je suis dans son lit...? Ma renarde rigola doucement et je pus enfin ouvrir la bouche.

- Qu'est-ce que je fais dans ton lit ?
- Tu ne veux pas savoir...

Ses yeux reflétaient une lueur de désir que je ne saurai pas qualifier. Étrangement je ne ressentis pas de dérangement...

- Je rigole, Miss. C'était quoi ton cauchemar ?

Je déglutis et m'entrepris de lui expliquer.

- Tout c'est enchaîné mais je me souviens très bien que nous sortions de la halle aux enchères et nous étions entourés des soldats de la marine et puis il y avait aussi Eustass Kidd et le chapeau de paille...et puis là, sortit des rangs des marines, il y avait...Woul...

Ma gorge se noua à la prononciation de son prénom. Il me donnait envie de vomir et l'image de son visage dégoulinant d'alcool et sentant la cigarette me mettait dans une rage folle. Je descendis du lit, marchant vers la porte et attrapant le bras du chirurgien. Il me suivit, un petit sourire sur les lèvres.

- Où m'amènes-tu miss ?
- Tu peux m'aider à me défouler, je risque d'exploser d'ici peu si je n'évacue pas le stress et la colère.

Le capitaine haussa un sourcil en l'observant. La jeune fille se grattait frénétiquement l'intérieur de l'avant-bras gauche. Mais ces ongles étaient tellement long qu'elle s'écorchait la peau. D'un geste rageur, elle poussa la porte de la salle d'entraînement et lui fit face.

Je devais me défouler et vite. Le capitaine se mit en face de moi, et je tilta. Nous sortions du lit à 4h du matin et nous n'étions pas habillé. Faisons comme si nous n'avions rien vu...Je me pencha en avant et m'élançais, courant vers lui. Il se mit lui aussi en position de défense et créa sa fameuse bulle bleue, nous entourant. Il échangea nos places et je fonçais directement dans le mur, l'évitant du mieux que je pouvais. Prenant appui contre lui, je sautais en arrière, faisant un semblant de salto pour me retrouver face à Traffy. Je m'élançais de nouveau et me jetais sur lui, tapant dans le vide, il n'avait pas besoin d'esquiver, juste de rester immobile. Je ne voulais pas le toucher, je ne voulais pas le frapper.

Les frappes duraient longtemps et je m'épuisais de plus en plus. Et fatalement, je m'endormis en pleine action, m'écroulant sur mon capitaine. Il passa ses bras sous les miens pour me retenir et je fermais les yeux contre son torse.

- Debout Ash.

Je remuais les paupières, me remémorant ma nuit assez courte. Les rayons du soleil agressèrent mes yeux sensibles quand je les ouvris et je me débarrassais de la chaude couette jaune poussin. Je m'enferma dans la salle de bain privée du capitaine le temps d'une petite douche froide avant de prendre la direction du moteur.

Les deux mécanos qu'étaient Sachi et Penguin me saluèrent quand j'entrais dans l'antre de fumée, de chaleur et d'odeur de carburant. Et saisissant une clé à molette, je m'entrepris à la tâche de resserrer des boulons, de tourner des manivelles et des volants de fer toute la journée, tout en rigolant avec les deux zigotos qui m'accompagnaient. D'ailleurs, ils n'attendirent pas très longtemps avant de me poser des questions sur ma première nuit avec le capitaine.

- Juste parce que ma chambre a été détruite, une fois de nouveau construite, je redormirai dedans !
- D'accord mais comment c'est ?
- Je ne vous dirais rien ! Vous avez cas détruire votre chambre pour connaître le lit du capitaine !
- Parce qu'en plus tu dors...dans son lit ?!
- Mais arrêtez de m'emmerder !

Ils continuèrent de m'embêter jusqu'à ce que la cloche annonçant l'heure du repas ne sonnent. Comme une seule et même personne, mes amis me suivirent en courant dans les couloirs, le ventre tiraillé par la faim.

Ban avait sonné la cloche depuis quelques secondes à peine que la plupart de l'équipage était assis à leur place, tapant sur la table avec leurs couverts. Bepo venait juste de se réveiller mais il était trop faible pour venir à table avec les autres personnes de l'équipage. Ban voulait attendre que tout le monde soit à table pour poser le plat au milieu de la table. Le brouahahahahahahaha était au rendez-vous mais il s'arrêta rapidement. L'équipage se tourna lentement vers l'encadrure de la porte, ils avaient bien entendus des coups dans le couloir. Le capitaine, Trafalgar Law, venait d'apparaître, une aura noire cachant ses yeux gris. Il tenait par le col les trois amis, une bosse sur chaque crâne et les larmes aux yeux.

- Capitaine ?

Il releva les yeux vers la petite voix hésitante, puis il soupira et laissa tomber les trois mécanos avant de s'assoir à sa place.

- Ban, tu peux servir.

Il devait être d'une humeur massacrante et il fixa d'un  regard noir les trois amis qui venaient de se traîner vers la table. Sachi tendit la main vers son assiette mais la fourchette du capitaine se planta dedans.

- Pas de repas pour vous trois, retournez travailler. 

Et c'est en pleurnichant qu'ils repartirent en se trainant sur le sol jusqu'à la sortie.

Quelques heures passèrent sans que nous puissions toucher à la bonne nourriture de Ban. J'ai faim, j'ai les crocs, j'ai l'estomac dans les talons, j'ai la dalle, j'ai une faim de loup, j'ai une faim dévorante.

- JE BOUFFERAIS UN ROI DES MERS !!!

- Arrêtes de gueuler ! Tu nous as fait peur !

- Désolé...Au fait les gars, vous savez vers quelle île on se dirige ?

- Non, le capitaine n'a pas voulu nous le dire.

- Tant pis, ça sera la surprise pour tous le monde.

Une heure passa encore, et alors que j'étais avec Sachi en pause, la voix du capitaine résonna dans le den den mushi à notre attention.

- "CLIC...Arrêtez le moteur,  nous mettons pied-à-terre...CLIC"

Le moteur fut arrêté rapidement et on revit passer trois zigotos, courant dans les couloirs de métal en direction du pont.

Le vent fouetta mon visage, cela faisait trop longtemps que je n'avais pas sentit l'air marin. Je m'approchais de la rambarde où se trouvait le capitaine, un grand sourire aux lèvres. Sous mes yeux s'élevaient le spectacle de millions de bulles qui s'élevaient dans les airs avant d'exploser en fine gouttelettes d'eau.

- Bienvenue sur l'île de Shabondy, Miss Ash.