Chapitre 4

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Elle se hissa sur la pointe de ses pieds, tentant désespérément d'attraper un livre qui était au sommet de son casier. Le bout de ses doigts effleuraient à peine l'objet convoité. Ses longs cheveux noirs virevoltèrent dans tous les sens lorsqu'elle tenta de bondir pour l'attraper. Sa tentative fut une réussite, bien qu'elle fît tomber ses cahiers et d'autres bouquins au passage. Laissant entendre un petit cri de surprise, Alexa se protégea à l'aide du livre qu'elle tenait dans ses mains. À ses côtés, Lysandre regardait la scène depuis le début. Les bras croisés, il se contentait de sourire en voyant la maladresse dont faisait preuve son amie.


« C'est quoi ce regard ? demanda Alexa qui s'était penchée pour ramasser ses affaires.

— Quel regard ?

— T-tu m'observes bizarrement depuis cinq minutes ! Et... il y a ce petit sourire en coin que tu affiches... T-tu es étrange aujourd'hui !

— Et toi, si... fascinante.

— Et pourquoi ça ? »


Après avoir rangé ses choses dans son casier, Alexa attrapa un sac contenant son repas, ainsi que le livre qu'elle avait eu tant de mal à sortir de là, puis elle se posta devant Lysandre, attendant visiblement une réponse de sa part. Elle paraissait si fragile, le regardant derrière ses lunettes rectangulaires qui ne cessaient de glisser sur le bout de son nez. Habillée comme une jeune fille-modèle, elle était le parfait opposé de Camélia physiquement. Même sa façon de s'exprimer était différente. S'en rendait-elle compte ?


« C'était quoi, ça ? demanda-t-il, amusé.

— J-je ne comprend pas...

— Cette avalanche de bouquin sur ta tête.

— Tu as bien vu, non ? T-tu me fixes depuis que j'ai ouvert ce casier !

— Je parlais de cette fausse maladresse.

— Fausse ? »répéta Alexa en fronçant les sourcils.


Elle ne comprenait pourquoi le victorien croyait qu'elle jouait un jeu. Après tout, pourquoi s'infligerait-elle volontairement ces suites de catastrophes ? Toutefois, Alexa comprenait le scepticisme de Lysandre. Le jour, elle était une vraie empotée qui ne savait pas enchaîner deux phrases sans bégayer. Et le soir, elle devenait cette fille talentueuse qui semblait avoir une grande confiance en elle. Alexa y réfléchissait pour la première fois. Après tout, ses deux routines lui paraissaient si naturelles qu'elle ne s'était jamais posé la question. Elle commença à marcher en direction de la cour, tête baissée. Lysandre la suivait de près, tenant dans ses mains le sac dans lequel il traînait probablement sa nourriture. Après tout, la pause-déjeuner venait à peine de commencer.


« Je ne sais pas, répondit-elle enfin en continuant de marcher. Je crois simplement que... je ne suis pas autant à l'aise au lycée que je le suis sur une scène.

— Tu m'étonnes davantage chaque jour. Et j'adore ça.

— C'est pour ça que tu me suis partout depuis le premier cours ? ricana-t-elle.

— Non, ça c'est pour te tenir compagnie, simplement. »


Ils arrivèrent dans la cour. Alexa s'empressa d'aller s'asseoir sur le banc le plus près. La couche de neige qui ornait celui-ci ne l'empêcha pas d'y prendre place. Lysandre fit de même, trouvant malgré tout étrange l'endroit où Alexa avait décidé de déjeuner. Il faisait froid et la cour était déserte. L'adolescente prit le sandwich qui était dans son sac et croqua dans le pain. Elle chiffonna ensuite son sac de papier dans lequel elle avait trimbalé son "repas", puis elle fixa le victorien tout en continuant de mâcher sa nourriture.

La pianiste de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant