La pianiste de minuit

Chapitre 11

Après avoir soigneusement garé sa moto dans son garage, Alexa se hâta vers chez elle. Elle ouvrit la télévision, n'aimant pas le silence. Après quoi, elle enleva ses chaussures, ce qui la soulagea. La pianiste dénoua ensuite ses cheveux qu'elle avait attaché le temps de sa balade sur son deux-roues et laissa tomber le ruban au sol. Après cette journée à la fois pénible et merveilleuse, Alexa n'avait envie de rien. Trop paresseuse pour se faire à manger ou pour aller prendre sa douche, elle s'était dit qu'elle ferait tout ça en se réveillant le lendemain matin. Alors qu'elle allait se coucher sur son minuscule canapé, on sonna à la porte. Un frisson parcourut le corps de l'adolescente, croyant qu'il s'agissait de Lysandre. Elle n'avait pas envie de lui faire face ce soir-là, mais d'un autre côté, elle ne souhaitait pas non plus le laisser poiroter des heures devant la porte d'entrée... À contre-cœur, elle fit donc demi-tour jusqu'à la porte qu'elle ouvrit sans trop se poser de questions. La personne qui se trouvait face à elle n'était malheureusement pas Lysandre. Choquée de la voir débarquer chez elle durant les vacances, Alexa lui bloqua le passage lorsqu'elle voulut s'inviter chez elle. Mais l'adolescente n'étant pas très forte, l'invitée indésirable ne se gêna pas pour pénétrer dans le salon.

« Que fais-tu ici ? » grogna aussitôt Alexa.

Il s'agissait de Peggy. Et à en juger par son petit sourire narquois, elle n'était pas venue en amie...

« Je vais souvent au café-bar d'oncle Dérek, commença-t-elle en affichant un sourire victorieux. Mais je n'avais jamais remarqué que Camélia et toi aviez autant de ressemblance physique ! Tu ne trouves pas, Alexa ? »

Alexa n'en croyait pas ses oreilles. Était-elle si malchanceuse ? Le destin n'était pas en sa faveur, encore une fois. C'était comme si Alexa n'avait pas le droit de faire ses propres choix. Et Peggy allait probablement s'amuser à tout gâcher, une nouvelle fois.

« On m'a donc invité à la petite fête pour célébrer le mariage de ma tante, continua la journaliste. Au début, je ne voulais pas y aller. Ça m'ennuyait. Mais j'ai bien fait d'y mettre le pied. Pas vrai, Alexa ? »

La pianiste serra les poings, préférant ne pas lui répondre.

« Tu m'as l'air bien différente de la Alexa que je connais. Tu sembles si sûre de toi... C'est adorable. Bref, revenons à nos moutons. J'ai ici de merveilleuses photos de Camélia et d'Alexa. Ressemblantes, n'est ce pas ? »

Elle fit défiler les photos qu'elle avait prise sur son portable durant la soirée. L'adolescente, frustrée de voir l'attitude qu'avait Peggy envers elle, ne put s'empêcher de se jeter sur elle pour lui voler son téléphone afin d'effacer ces photos, mais la journaliste, plus forte et plus rapide, la plaqua aussitôt contre le mur. Elle la dévisagea un moment.

« Car tu crois que je n'ai pas fait des copies ? Tu te fiches de moi depuis des années, Alexa. On aurait pu être de nouveau amies si tu avais voulu coopérer. Mais que dis-je ? Nous redeviendrons amies. Et tu vas coopérer.

— Dégages de chez moi, Peggy ! cracha Alexa, folle de rage.

— Je ne sais pas pourquoi tu caches ton identité, mais ce n'est certainement pas pour rien !

— Tu dis n'importe quoi ! Ce n'est qu'un rôle.

— Peu importe. Si ce n'est qu'un rôle, tu ne verras pas de problème à ce que je publie un bel article à ton honneur dans le journal du lycée !