Dynamo

Chapitre 6

Ça devait faire une heure environ que je regardais ce livre.
Voire plus. Il n’avait pas bougé d’un pouce. Je désespère de le voir bouger. Mais je n'abandonne pas. Je le regarde et le regarde. Je pousse un soupir. Je lève les mains exaspérée. Et là le livre bouge. Je le regarde par terre. Je ne me suis pas évanouie. C’est un bon début. Je lève ma main en direction du livre et recommence à l’imaginer en mouvement sauf que cette fois je bouge ma main dans le sens où je veux qu’il aille et ça marche il bouge. Je suis complètement euphorique. J’ai réussi. Il a bougé. Je recommence encore une fois et ça marche.
J’aurais aimé m’amuser à ça encore longtemps mais je me sens fatiguée et l’envie de dormir me prend. J’arrête donc d'utiliser
mon don. Et m’allonge sur mon lit. Je m'endors presque aussitôt.
Une lumière me brûle les yeux. C’est celle du soleil. J’ai dû
dormir toute l'après-midi et toute la soirée. Ce don me fatigue
vraiment. Je regarde l’heure. Dix heures. Oh, non je dois retrouver Dynamo au parc abandonné. Je m’habille vite et prends une veste car le temps est gris. Je cours jusqu’au parc. Ça me réchauffe. Arrivée je trouve Dynamo assis sur un banc.
Il me semble que celui-ci n’était pas la hier.
« - Il était temps. Crie-t-il.
- Bonjour, je vais très bien merci de t'inquiéter. Je crache.
Je reprends calmement.
- Merci pour hier.
- De quoi ? T’avoir ramenée? C’est normal. On reprend
Il gardait un ton froid. »
Je lui fais un signe de tête il pose sa chevalière sur la fontaine.
Je lève ma main comme hier et fais bouger la bague qui vole
avec plus de force que le livre hier.« Très bien. »
Il a l’air impressionné. Et me regarde. Attendant certainement
que je m'évanouisse. Il attend un instant et reprend.
« - On recommence. »
Dynamo m'a fait faire l’exercice cinq fois. A chaque fois la bague vole plus loin et avec plus de force. Mais je n’en peux plus. Il me force à recommencer la tête me tourne.
« - Je suis fatiguée. Dis je d’une voie lointaine.
- Encore.
- J’en peux plus. »
Je n’ai pas la force de crier. Je me laisse glisser à terre. Je suis
épuisée. Dynamo récupère sa chevalière et s’assoit sur le banc
en face.
« - On va attendre alors. »
Je le regarde et il me regarde. J’aurais envie de lui demander ce
qu’il y a mais je me sens trop fatiguée.
« - Un problème? Demande t-il sans émotion.
- Non rien. »
Je baisse les yeux. Mon souffle est saccadé. Lui continue à me
regarder. On reste un long moment comme ça.
« - Pourquoi tu sors avec l’autre idiot. Lance t-il d’un coup.
- Je sais pas. Et c’est une longue histoire.
- J’ai tout mon temps. Sourit-il.
- En quoi ça t'intéresse ? Je demande.
- C’était pour faire la conversation. Si tu ne veux pas tant pis.»
Je reste un long moment à le regarder. Pourquoi passe-t-il d’un ton doux à un ton froid sans aucune raison. J'hésite et me lance.
« - Je n’en ai aucune idée à vrai dire. Au début je l’aimais. Mais maintenant je me rends compte que ça n’a rien avoir avec de l’amour.
Dynamo lève un sourcil interrogateur et je continue.
- On s'est rencontrés alors qu’il me sauvait d’une bagarre si on
veut.
Je ris discrètement une bagarre était un faible mot.
- Une bagarre?
- En quelque sorte. Je venais d'annoncer à mon copain que je
le quittais parce qu’il était trop brute avec moi. Il a commencé
à vouloir me frapper. J’ai commencé à me défendre et j’ai réussi à sortir de la ruelle. Matt... L’idiot avec qui je sors était dans la rue et il m'a défendue. Moi je n’avais rien et Matt n’avait plus grand-chose à faire.
- Tu as réussi à le mettre hors d’état de nuire à toi seule ?
- Oui je lui ai fait de jolis bleus si on veut. Matt a juste fini le travail. Je suis allée voir un juge pour m'être défendue. Il avait
porté plainte. Mais ils ont vu que j'avais raison.
- Par brute tu entends qu’il te frappait ?
Je manque de m’étrangler.
- Non non. Il était gentil au début on s’aimait mutuellement.
Mais après la mort de son père il était plus froid. Plus aucun signe de tendresse. Je sais que je ne suis pas facile à vivre et je comprends ce qu’il a ressenti mais... Vivre avec quelqu’un qui ne vous aime plus alors que vous si c’était impossible pour moi j’ai fini par ne plus l’aimer.
J’avais du mal à parler c’est la première fois que je me confie à
quelqu’un.
- Et tu as fini par aimer ton idiot qui t'a sauvée. Dit-il.
- Exact. Mais je me rends compte que ça colle pas. Il profite de
moi. Il ne m’a jamais aimée plus que par amitié. Je crois.
- Pourquoi être encore avec lui alors ? Demande t-il.
- Parce que... Il me rend heureuse parfois. J’ai pas beaucoup
d’amis. Et lui était là quand j’avais besoin de lui. En général.
Parce que il savait être gamin et me faire sourire. Avec lui je
me sentais plus forte et il me protéger. Il m’aidait à oublier...
- Oublier quoi?
Je ne pouvais pas lui dire. Même si parler avec lui me faisait du
bien je ne pouvais pas. Ça faisait trop mal. Je veux oublier cette
partie de ma vie.
- On peut arrêter de parler et se remettre à travailler mon don ?Ma voix était faible et donnait l’impression que j’allais pleurer.
- Oui. Ne perdons pas plus de temps si ça va mieux. »
Intérieurement je le remerciais de ne pas insister plus et de ne
pas avoir posé trop de questions. Au fond peut-être qu’il était
un minimum gentil.
On a repris l'exercice encore sept ou huit fois. Avant qu’il ne se
décide à s’arrêter là pour aujourd’hui. Il n’avait pas posé plus de questions sur mon passé et j’en étais heureuse. Il m’a
ramenée jusqu'à chez moi. La route a été silencieuse. Et ça me
convenait. Arrivée à la porte je me retourne pour le remercier.
« - De quoi? Dit-il surpris.
- De m’avoir appris à utiliser mon don et... De ne pas avoir
insisté tout à l'heure.
- La chose était naturelle. Repose-toi bien demain tu as cours.
- Toi aussi vu qu’on est dans la même classe.
- Exact sauf que moi très chère je ne vais rien suivre. »
Le lendemain matin je me lève surexcitée et en forme. Ça a
même l’air de surprendre mes parents autant que ça me
surprend. Je n’ai aucune idée d'où venait ma bonne humeur.
Peut-être parce que Matt n’est pas là? Je sors de la maison en
avance et vais chercher Émilie.
« - Regardez-moi ça! Ma Line chérie est réveillée et vient me
chercher de bonne humeur. Bizarre ? T'as fumé quoi?
- Rien je suis juste de bonne humeur j’ai dû bien dormir.
- Alors dors plus souvent parce que c’est la première fois que
je te vois sourire dès le matin. »
Je ne sais pas d'où venait ma bonne humeur mais elle s’était
agrandie en voyant Émilie heureuse. Sur la route Émilie fait la discussion comme d’habitude. La route se passe bien et dans la
joie. C’est une première. La journée se passe normalement.
Dynamo avait raison il n’a rien fait pendant les cours je ne sais
pas comment il faisait mais le prof ne semblait pas voir qu’il
n’avait pas d’affaires et parfois dormait sur la table. De temps
en temps quand je me faisais réprimander il me jetait des coups d'œil rapides et un léger sourire apparaissait sur ses lèvres. Apparemment ça l’amuse de voir que je n’aime pas les profs quand ils me crient dessus. Ou alors il pensait à une manière de me mordre et de me vider de mon sang. Dans les deux cas je
ne trouvais pas ça très agréable. Aux pauses il filait voir ses «amis». Je ne sais pas ce qu’il faisait mais à chaque fois il était
concentré dans leur discussions. A la pause après le repas étant
seule car Émilie avait fini ses cours. Je vais dehors dans la cour à l'abri des regards et me mets dans un endroit calme pour
travailler mon don. Je prends un stylo et le pose sur mon sac j'essaye de le faire voler comme à chaque fois quand une voix me sort de ma concentration et fait partir le stylo à des kilomètres.
« - Tu devrais faire ça dans un endroit plus discret. C’était Dynamo.
- Je vais chercher le stylo. Dit Freddy.
- Il est tout le temps joyeux comme ça ? Je demande.
- Malheureusement. Dit le grand dont je ne savais toujours pas le nom.
- C’est quoi ton nom?
- Steven. Lance-t-il froid.
- Et bien si lui est tout le temps joyeux toi t’es tout le temps
anti-social. Je murmure pour moi-même.
Dynamo sourit comme s'il avait entendu ma remarque discrète.
- Ils sont toujours comme ça et l’ont toujours été. Comme le
fait que tu sois idiote d'ailleurs.
Je le regarde noir. Il avait entendu ce que j’avais dit et en plus il me traite encore d’idiote.
- C’est pas vrai. Tu m'as ntendue. Je demande.
- D’ici j'entends ton cœur battre alors que je dois être à un mètre. Alors tes remarques stupides n’en parlons pas.
- Je l’ai trouvé. Crie Freddy. »
Je regarde Freddy revenir. Il sourit tout le temps c’est pas
possible comment il fait.
« - Je vais t’apprendre autre chose. Dit dynamo.
- Quoi ?
Il avait dit ça tellement subitement que je ne comprenais pas.
- On va faire une chose qui va te faire travailler sur ton don.
Il pose sa bague devant moi.
- Fais en sorte qu'elle reste dans les airs. Reprend-t-il.
- C’est pas un peu tôt ? Demande Steven.
- Non c’est parfait. »
Je m'exécute. Mais à chaque fois la bague s’en va. Bon sang c’est pas possible. A chaque fois Freddy va chercher la bague tout sourire. Purée pourquoi il sourit tous le temps? Il m’énerve. Je recommence jusqu'à la sonnerie sous le regard de ses trois idiots. Mais en vain. On retourne en cours et tout se passe comme d’habitude.