III

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     Je retrouve Jung Kook à la bibliothèque. Son état ne s'est pas amélioré et j'ai même l'impression que c'est de pire en pire. Il a l'arcade sourcilière cassée, et un bandage au bras droit. J'aimerais m'inquiéter pour lui, mais je sais qu'il n'aimerait pas ça. Il ne supporte pas que je m'intéresse à sa vie.

     Il m'aide tous les soirs pour que j'améliore mes notes, et je dois avouer que c'est le meilleur professeur que j'ai eu de ma vie. Je n'irais pas jusqu'à dire que ma moyenne générale a augmenté de plusieurs points en seulement un mois, mais j'ai beaucoup moins de mal à retenir les informations et je sens que j'acquiers beaucoup plus de connaissances, et c'est plutôt agréable. Ma mère s'est vite rendu compte en me faisant réciter mes cours qu'il y avait de l'amélioration dans ma façon de travailler. Elle est contente de moi.

     Nous sortons de la bibliothèque à la même heure que tous les soirs, c'est-à-dire à la fermeture. Nous nous baladons, encore. Ce soir, au contraire des autres jours –puisque nous sommes vendredi- c'est qu'il y a un marché qui vent exclusivement de la nourriture. Nous y allons donc, et Jung Kook m'achète une pomme d'amour, tandis que lui prend une gaufre avec du Nutella et de la chantilly. Nous allons nous asseoir sur un banc, sous un saule-pleureur et nous mangeons en silence.

« Dis, tu me passe un croc ? »

     C'est cette phrase totalement innocente qui brise le silence qui durait depuis déjà longtemps.

     Je lui tends alors en rougissant mon met qu'il croque avec un peu de mal. Mes yeux ne se sont pas détachés de ses dents en action, tandis que lui me regardait dans les yeux.

« J'ai toujours pensé que les pommes d'amour n'étaient pas à mon goût, mais en fait ça va, ce n'est pas si mauvais. »

     Je lui souris et prend aussi un croc de sa gaufre. Partager nos repas, c'est ce que nous faisions petit. Nous partagions toujours tout : les jouets, la nourriture, et même les savoirs : je connaissais beaucoup les fleurs, et pour mon âge je trouvais ça étrange d'en connaître autant. Alors j'en parlais à Jung Kook. Et lui m'écoutait.

« Tu te souviens quand tu ne pouvais pas t'arrêter de me parler de la fleur d'arnica ?
-Oui. Elle m'intriguait, je ne comprenais pas comment un simple extrait de cette fleur pouvait soulager des douleurs.
-Petite, quand tu parlais des fleurs, tu retroussais toujours le bout de ton nez, je vois que tu n'as pas tant changé. »

     Je rougis et baisse les yeux en me frottant ledit endroit. J'étais tant heureuse d'être ainsi, comme au bon vieux temps en sa présence que j'en perdais les mots.

« Tu deviens quoi ? »

     Cette fois-ci c'est moi qui engageais la discussion. Et je vis à son sourire qu'il était plutôt heureux.

« Je suis en première année de fac de médecine.
-Oh, vraiment ? C'est pour ça que tu es aussi fort pour faire des fiches !
-Pas forcément. J'ai pris de l'expérience avec le temps. A force de toujours bien travailler, on finit toujours par y arriver.
-C'est beau ce que tu dis. »

     Il se retient sans grande discrétion d'éclater de rire et je fais la moue. Il se lève alors et me propose de me ramener puisqu'il est tard.

     Trop occupée à parler avec lui je n'avais pas remarqué que nous étions déjà arrivés chez lui. Malgré cela, nous continuâmes à discuter pendant quelques minutes. Minutes au bout desquelles il me prit dans ses bras. Il y avait une sorte de symbiose entre nous-deux. Pas besoin de mots, juste un regard, ou la sensation de l'autre. Je me laisse totalement aller dans cette étreinte. Au moins, il faut plus chaud dans les bras de Jung Kook que dehors, le soir. C'est quand même incroyable qu'en plein printemps les températures soient aussi basses. Quand on se sent obligé de porter une écharpe la nuit c'est assez effrayant.

     On se sépare, et je joue le jeu en m'éloignant de lui. Ce soir, j'ai une idée en tête : le suivre, peu importe où cela me mènera, je suis convaincue qu'il cache quelque chose.

     Je me retourne, et discerne, comme la dernière fois, sa silhouette de dos, s'en allant, son long manteau noir et son écharpe grise.

     C'est alors le plus discrètement possible que je le suis. Je ne veux pas qu'il me voit, ni qu'il sente ma présence. C'est pourquoi, je fais comme si je ne le connaissais pas, marchant quelques mètres derrière lui. J'adopte la même allure que si je rentrais de cours.

     Seulement, m'attendais-je juste à ce que j'allais voir de mes propres yeux ?

     Plus les minutes avancent, plus j'ai l'impression de m'infiltrer en terrain ennemi. Il semble de moins en moins confiant, et regarde autour de lui. Je redouble alors d'efforts pour me cacher.

« Qui est là ? »

     Je retiens un soupir qui menace de passer la barrière de mes lèvres tandis que je me cache derrière un maigre buisson.

« Je sais que quelqu'un me suit depuis tout à l'heure. Montrez-vous ! »

     Je sors alors doucement de mon buisson. Mais à peine ai-je le temps de montrer ma présence qu'une jeune femme arrive aux côtés de Jung Kook. De là où je suis, j'entends leur conversation, qui avait d'ailleurs l'air d'être assez mouvementée.

« Depuis quand tu viens accompagné ?
-Ce n'était pas toi qui me suivais depuis un bon moment.
-Non, et je peux même te dire que de là où je suis, je peux aisément la voir. »

     Elle lance en ma direction un regard rempli de sarcasme. Ils parlent comme si je n'étais pas là, alors qu'ils savent que j'écoute, c'est plutôt gênant.

« Bon, tu vas te décider un jour à sortir de ta cachette ? »

     Je pense que c'est le bon moment. Je sors doucement de derrière mon buisson.

« Dis-donc toi, ce n'est pas bien d'écouter aux portes. »

     La première chose que je remarque est les yeux jaunes de la femme. Ils me transpercent de part et d'autre d'un éclat malsain. Je me sentais nue sous ses yeux.

« Tu as perdu ta langue ?
-Je... Je suivais Jung Kook par pure curiosité.
-Oh, il y a quelqu'un qui t'aime bien dans ce monde, tu te rends compte, c'est génial ! »

     Je veux l'étriper, mais je suis confuse par ses paroles. Je ne sais pas comment réagir. Alors comme ça, personne ne l'aime ?

« Que je ne te revois plus ici. »




J'ai pas relu, désolé si il y a des fautes, je corrigerais plus tard haha, pour l'instant j'ai grave la flemme.

aвandonnée | Ardent | jυngĸooĸOù les histoires vivent. Découvrez maintenant