VII

3 0 0
                                    

Il doit être à peu près minuit. Nous sommes tous les deux l'un à côté de l'autre dans son lit à baldaquin. J'ai la tête posée sur son épaule droite, et son bras entoure mon frêle corps. La pluie a cessé de tomber. Depuis l'épisode du piano, il semble y avoir une sorte de connexion entre nous. Je ne saurais dire ce que cette mélodie connue à mes oreilles aura déclenché dans nos êtres, bien que ce genre de sentiments me soit connu. C'est une sorte de chaleur qui se propage dans mon enveloppe charnelle, et j'ai chaud. Seulement en le voyant je sens cette chaleur prendre de l'ampleur.

Cela doit bien faire une dizaine de minutes qu'il a fermé les yeux et je sens son souffle sur mes lèvres. Il faut dire que nous sommes si proches et nos fronts se touchent presque.

Le sommeil ne vient pas à moi, alors je le fixe. Il semble si vulnérable. Inconsciemment, je me rapproche de lui. Je ne suis pas si rassurée que ça dans cette maison. Je garde mes bras croisés sur ma poitrine et je me colle à son torse en touchant le bas de son cou de mes mains. Il bougea un peu. Assez pour que nos deux corps soient entièrement collés, des jambes jusqu'à la tête. Je l'entends murmurer mon prénom doucement. Mais quelque chose vint souiller ce moment de (presque) plénitude.

L'orage.

Et D. sait à quel point j'en ai peur. Le bruit, les vitres qui tremblent, tout comme mon corps et la maison qui vit autour de nous : les craquements des murs, le bruit de la chaudière dans les murs. Tout cela suffit à me faire faire une crise.

Et c'est la panique.

Je commence à transpirer alors que le nom de Jung Kook sort en boucle de mes lèvres. Je me sens étouffer. Mais je l'appelle. Je me sens mourir. Mais je l'appelle. J'ai peur. Mais je l'appelle.

Parce que sans lui, je ne suis plus rien.

Quelle ne fut pas sa surprise en se réveillant que de me voir ainsi, si vulnérable, telle un chiot que l'on laisse au monde sans bouclier. Je sentis ses bras se refermer autour de mon corps et me serrer dans une étreinte plus qu'affectueuse. Je me laissais aller. Et je mouillais d'autant plus son corps déjà aspergé de mes larmes.

Il attrapa ma tête entre ses deux mains, voyant que son étreinte ne me calmais pas assez, et il fit quelque chose que je ne jugeais pas possible : il m'embrassa. Ce n'était qu'un échange chaste. Qu'un contact minime entre nos deux peaux, et pourtant, mon corps se mit à réagir au quart de tour, pour une raison que j'ignorais. Je haletais, je tentais de me rapprocher, à la limite de faire fusionner nos deux corps, bien que la distance entre nous soit bien inexistante. Mon cœur sembla se calmer un peu mais mon corps tremblait encore beaucoup.

« Pourquoi trembles-tu ?
-J'ai peur de l'orage. Et je ne me sens pas bien dans cette pièce. »

Il posa ses lèvres dans mon cou.

« Je suis là, c'est ma maison, et elle ne te fera jamais rien, tant que je serais là. »

J'évacue d'un souffle toute l'air se trouvant alors dans mes poumons et je tente de me détendre.
Ses pouces font de lents cercles dans le bas de mon dos. Malgré tout, je me sens étouffer. Car je ne me sens pas bien. J'ai un mauvais pressentiment. Je le sais, ce calme n'est qu'éphémère. Je sais que c'est le calme avant la tempête.

Et alors, je pleure de nouveau. Je souille encore plus ses pauvres vêtements, son lit. Je le souille entièrement de ma souffrance.

Lui, ne sait pas pourquoi je suis ainsi, comme mourante. Et je sens son cœur qui s'affole. Son cœur qui tape contre ma poitrine. Je prends sur moi et lève un regard suppliant vers le sien, et je l'embrasse de nouveau.

aвandonnée | Ardent | jυngĸooĸOù les histoires vivent. Découvrez maintenant