Odonata

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La demoiselle brune de Sibérie laisse entrevoir la libellule qu'elle a d'ancrée au creux des reins. 

Son encre bleu marine leste mon âme.

Un battement des ailes céleste que celui de l'insecte dans l'estuaire désolé.

Il se meut lentement. Elle l'écrase. Lestement il se meurt.

Vers l'horizon.

Un soleil naissant, à l'est sur l'écluse.

Par saccades, des rayons cognent ce miroir de fortune que l'estacade improvise.

Quant à mon escapade, un doute sinueux s'installe et puis la brise.

Délestée de tout espoir dès l'instant où dans la baie les stigmates ont refait surface.

Même cette abbaye belle au loin ne saurait désamorcer le saccage systématique de l'estime de soi que l'être a débuté.

Entamé ?

Une entaille à taille immense tracée à l'abdomen par ce si petit prédateur dont on ne se méfiait pas.

L'estafilade est dense, il faudrait se résoudre à recoudre sans anesthésie.

Forcément, les cicatrices sont inesthétiques quand on est seul à faire danser l'aiguille.

Alors que pour panser la plaie il faudrait en penser la faille, on ne trouvera personne pour assister le raccommodage.

La jeune fille égoïste a traversé la plage.

Elle a filé, évaporée dans l'eau, sans même se proposer d'y submerger le trouble.

Je reste à fixer les marron miel-châtain de l'étendue de sable.

Leur instabilité amène à nuancer.

Il y a cet espoir dérisoire de pouvoir encore, à condition de procéder graduellement.

Des nuées d'étapes à nu. À l'aube, on ne les nie plus (dès lors que la vue du ciel et son or les nuent, en les énumérant).

Mademoiselle sort de l'océan.

L'animal n'est plus mort, il tournoie parmi les nuages.

Vision d'exosquelette retrouvée (fait mouche) et le dragon s'envole.

Peau & ticsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant