Ârya, canon indo-européen à la peau miel, les fanatiques ont sali la noblesse de ton nom. L'affublant d'un suffixe, ils t'ont déracinée. Devenue fable erronée suite à leur flexion fiction, Ârya désormais sert Aryen, sans circonflexe, comme pour accentuer la faiblesse dogmatique.
Mais Ârya, moi je t'ai lu et, chapeau bas, t'as rétabli la circonstance. Près de toi, je deviendrais même historien, amateur et presque docteur en linguistique. À deux, on étudie les tantras et on tentera de réparer le mythe. À coups de mantras, on les fera mentir.
Pourtant, ce soir tu boudes Ârya. Adieu Shiva. T'as oublié le bouddhisme, sors le Chivas. Et tiens, ça y est, tu fais la moue et tu reviens au tamoul pour t'exprimer quand t'as mal - ton âme à nue - et ta manie m'émeut. Je fixe ton talisman autour du cou, y revois ce malentendu au cour duquel tu l'avais arraché.
Samara, ta copine iranienne aux yeux bleu-vert perçants qui irradient est là, elle remet ses sandales. En bonne samaritaine, elle a senti le malaise, elle ira dire qu'elle n'a pas faim. Elle part et le prénom résonne en moi. J'y entends ta Russie et puis la Somme. Épuisé, je ruissèle. Le whisky d'Écosse est un régal mais te scotche au matelas. Tu as besoin de dormir, ferme les yeux. Le plafond tourne, t'y entrevois des mandalas puis Nelson t'apparait. Tu me dis « il m'a dit ba c'est bon quoi on va pas s'en vouloir pour rien », comme un appel à la paix.
Alors houra et puis orage quand tu me parles de traverser l'Oural, me jurant qu'il n'est rien de mieux. Rien de pire est né en moi depuis cette sensation que tu resteras pas. Je te parle des Alpes pour t'apaiser mais tu resteras pâle, rien n'est jamais suffisant pour te garder. Ârya viens, qu'on s'enchaine, je veux qu'on soit chêne mais toi t'es l'orme massif et moi ce bois friable de type balsa, décadent comme l'Armorique.
Au petit matin, Ârya, t'étais partie et, moi, à l'aube d'une vie sans soleil, je reste au lit à psalmodier. Des mélodies védiques murmurées et je m'emmure, à en perdre la tête, jusqu'à inscrire des vedas en sanskrit sur les murs.
संसार saṃsāra
संसार saṃsāra
संसार saṃsāra
Ta lumière yogique et le monisme sont espoir: nous est indivisible et je te jure qu'on renaîtra.
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Peau & tics
PoetryMa peau & Cie, moi, mes tics et tout le tralala. Mon train-train aussi et puis l'Âme avec un grand Â. Tout le toin-toin poétique en somme, un genre de recueil. Me prétendant pas poétesse, les textes sont sans prétention. J'aime simplement essayer de...