DécembreHatiane n'a pas froid, elle n'a jamais eu froid.
Elle est debout. Au bord du vide de l'immeuble. Mais ses yeux ne sont pas attirés vers le gouffre de vie qui plonge devant elle.
Hatiane fixe les yeux bleus de Mèps.
Mèps qui a froid. Mèps a toujours froid.
Mais parfois, elle a l'impression que les yeux couleurs du bois coupé d'Hatiane la réchauffent. Comme si le bois prenait feu et flamboyait haut dans un ciel au bord de la mort.
Mèps ne sait pas qui est Hatiane.
Mais elle connaît la jeune fille perdue qui monte chaque soir plus proche du ciel. Celle qui a toujours une cigarette sur le bout des lèvres.
Hatiane ne sait pas qui est Mèps.
Mais elle connaît la jeune fille des tournesols qui se sent abandonnée. Celle qui hurle dans le vide quand elle croit qu'elle n'est pas là.
Elles ne sauront jamais qui elles sont.
Un immense vide de goudron au sol les sépare. Un vide de chimères et de cauchemars d'où s'échappent les fragments d'espoir.
Mèps regarde Hatiane droit dans les yeux.
Elle a toujours crier pour dénoncer sa solitude qui creusait son coeur. Mais jamais devant Hatiane.
Hatiane a une terrible envie de crier pour soutenir une Mèps fragile que le vent brise.
Et elles hurlent.
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Hatiane
PoetryUn mot sur les murs de la ville. Un cri qui résonne sur les immeubles éteints. Hatiane. Et dans sa petite éternité, tout était voué à l'échec.