Arrivée chez moi j'ouvre la porte d'entrée en chêne clair et monte jusqu'a ma chambre, mon petit cocon, entre les souvenirs d'une enfance passé trop vite et ceux plus récents, une envie puissante me prend de sortir mon téléphone de mon sac et de décommander le rendez-vous avec cette folle d'Ivy.
Une volonté de fer parviens à me maintenir a la surface et a dominer cette nostalgie et encore plus fort, cette flemme... Ce soir, je vais enfin me fondre dans la masse d'adolescents bourrés d'hormones et d'initiatives malheureuses.
Ô joie! je me dirige vers le placard et choisis un ensemble noir qui s'accorde pour ainsi dire, parfaitement avec mon humeur maussade (voir média. Nan je déconne)
Mon subconscient me souffle insidieusement « pour changer! » je décide de l'ignorer, prenant sur moi pour ne pas me lancer dans un débat enflammé contre... moi même.
Comme si j'allais m'écouter !
Je sors pour la deuxième fois de mon chez-moi qui ne m'a jamais autant parut confortable et attirant qu'en cet instant...a contrecoeur je me détourne de cette vision hospitalière et embrasse du regard l'immeuble avant de me mettre en route vers la boite... ma determination s'envole un peu plus chaque minute et la petite voix rajoute - ne jugez pas une personne qui parle seule dans sa tête - sans doute pour m'enfoncer d'avantage:
« Regarde! ta volonté de ne pas être un mouton et de te démarquer de cette société qui se suicide là bas! »
J'entend presque son petit ricanement machiavélique sur mon épaule.Je décide une fois de plus de ne pas prendre part aux avis de ma mauvaise conscience et de continuer mon bonhomme de chemin en m'époussetant mentalement. Mes jambes me portants très vite jusqu'a mon lieu de rendez-vous, - les traîtresses, je suis sensé être petite, hein ! - je peux observer les membres d'une joyeuse colonie déjà à moitié imbibés...
Ivy ne tarde pas a surgir de nulle part, elle s'accroche presque a mon cou en tonitruant, accompagnée d'un léger fumet de whisky pas cher:
-Lazare ! Coucou, ça va ? Je ne pensait pas que tu viendrais !
Renonçant à lui expliquer que j'avais encore besoins de mes oreilles et légèrement offusquée qu'elle mette ma parole en doute, je lui répond:
-Hé oui ! C'est moi, comme tu le vois bien.
-Je me doutais bien que tu n'était pas un clone...Ha ha ha! Bon, tu sais que je sais que le noir fait ressortir tes yeux mais te rend tellement pâle qu'on dirait un cadavre ! c'est un faux pas monstrueux ma belle !
-Merci, ça fait toujours plaisir d'être comparée à une morte... Tu sens la vieille gnôle.
-Merci et de rien, de rien. Au fait, Léo nous rejoins après !
-C'est vrai qu'il est indispensable, ce garçon.
-Arrête ! On dirait ma mère ! Allez viens on rentre!
Le videur nous laisse passer
- youhouuu... joie et bonheur. Coup de bol surtout, vu le taux d'alcool dans le sang de mon amie ô combien vascillante - et nous entrons dans la bruyante boite du doux nom de « Rainbow factory » - rien que ça ?!- qui n'a d'ailleurs strictement rien de charmant.Au bar, sur la piste, sur les banquettes, l'ambiance est électrique, les néons flash m'agresse les rétines et le mélange son/lumière/odeur me plonge dans une transe brumeuse et toute la soirée je m'amuse, mon système nerveux annihilé sous l'effet des - peu nombreuses - substances alcoolisées que j'ai ingérées.
Je ris pour rien, me fais draguer par ci, par là, je danse comme une folle en m'abandonnant dans le monde des jeunes et du lâcher-prise. Vers une heure du matin, Tout le monde se bouscule et l'air s'est réchauffé, la musique a grimpé de quelques décibels.
Au bout d'un moment, quand je tente de m'éloigner quelques secondes du dancefloor pour m'acheter un rafraichissement qui va me couter un rein - ou un oeil, ou un bras. ça dépend de la tolérance du barman - , je sens sur ma peau un souffle froid
Mes nerfs se crispent, et l'adrénaline d'une angoisse soudaine fait battre mon coeur. Un crépitement me hérisse les poils et me fait me retourner, mes rétines frappent des prunelles engloutissantes , noires, des ombres ténébreuse qui m'engloutissent sous des mèches d'ébène, je me noie dedans, un froid fulgurant s'empare de mon corps je ne peux plus respirer, ma gorge comme prise dans un étau d'acier glacé, une terreur sourde monte en moi tandis que mon instinct me hurle de prendre mes jambes à mon cou. Mes organes menacent d'éclater, dilatés par la panique. Je me débat, paralysée, et des rêves remontent. Rêves ? Si lointains...presque comme un souvenir qu'on aurait tenté d'oublier...ou d'effacer.
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Black blood
Fantastiqueune adolescente, cynique, désabusée, qui atterrit au coeur d'une prophétie clichée 😉 et qui tente de composer avec une étrange fascination pour la lune, un démon renfermé et des dieux et déesses pour le moins compliqués. Bienvenue dans black blood.