Chapitre 7 ~ On discute ?

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Je l'ai regardé comme si je venais d'hurler tout mon courage en une seule phrase. J'étais paniqué. Affolé. Je ne m'imaginais pas une seule seconde devoir me confesser dans une rue peu éclairée sous un ciel faussement étoilé.

Je voulais faire ça autrement.

Je voulais le dire autrement.

« - Qu'est-ce qu'il y a ? »

Rien que ses mots me mettent une pression énorme. J'ai cette terrible impression qu'une fois que je lui aurais dit ce que je ressens, qu'une fois que je lui aurais avoué tout ce que je garde au plus profonde de moi pendant si longtemps...J'ai l'impression que rien ne sera plus comme avant.

Comme si j'allais le perdre.

Comme si...Comme s'il allait devenir comme tous ces autres-là. Ceux qui vous regardent avec mépris, dégoût ou ceux ayant un faux air sympathisant en disant « Non, mais je soutiens votre cause moi ! »

Excuse-moi, mais quelle cause ?

Être « gay », être « homosexuel », n'est pas une cause que l'on a besoin de défendre comme si nous étions une rare espèce d'animaux en voie d'extinction. Nous sommes des êtres humains et notre seul danger est l'amour. Cet amour que l'on ressent pour autrui.

Nous aimons comme les autres.

Nous pleurons comme les autres.

Nous finissons le cœur brisé comme les autres.

Nous sommes « normaux » nous aussi.

Nous sommes comme vous et vous êtes comme nous.

« Amoureux ».

Je le regarde s'approcher de moi tandis que mes lèvres tremblent, que mon corps se liquéfie sur place et que mes jambes menacent de céder, me plantant sur le cul là, devant lui.

À ses pieds.

« - Mec, t'es sûr que ça va ? T'es devenu tout pâle d'un coup. »

Je pensais que le jour où je lui dirais serait le premier jour de ma vie....J'aurais eu l'impression de renaître et de pouvoir être enfin « moi ». Mais j'ai trop peur pour ça.

Pour le faire.

« - Angus ? »

Mais tais-toi bon sang !

Laisse-moi du temps.

« - Je..Je....tu n'es pas obligé de me raccompagner ! Ça va aller maintenant ! Aller, à plus ! »

Je file comme la foudre, comme une fusée et je m'enfuis loin de Parker. Loin de ses yeux clairs et de ses cheveux blonds. Je disparais là où il ne pourra me rattraper en quelques enjambées.

Mon dieu. Quel abruti !

J'étais à deux doigts de faire la plus belle connerie de ma vie putain !

Il ne faut pas que je lui dise. Pas maintenant. Ni maintenant, ni jamais.

Jamais ?

Une éternité à m'engouffrer un peu plus dans ma solitude profonde.

À peine chez moi que je me faufile jusque dans ma chambre, m'enfermant et me laissant tomber contre ma porte.

J'étais à deux doigts...

À deux doigts de lui dire que je l'aimais.

J'ai passé le début de matinée à tenter d'éviter Parker et croyez-moi, ce ne fut pas une mince affaire. Même si j'ai plus ou moins atteint mon objectif durant la récréation, il n'en restait pas moins que ce dernier ne lâchait pas prise et passer son temps à m'envoyer des petits mots de papiers sur mon bureau.

Je sais ce qu'il va me demander et honnêtement, je n'ai pas envie de lui répondre.

Je n'en ai pas la force...De lui mentir encore une fois. Une nouvelle fois. Une énième fois.

Alors quand la cloche du déjeuner retentie, je partis une nouvelle fois plus vite que mon ombre en ramassant mon sac.

« - Angus attend ! »

Mais Angus n'attend pas. Angus file plus vite que son ombre.

J'avais besoin de me trouver un calmer où me poser et dans lequel je pourrais réfléchir tranquillement. Seul.

J'avais besoin de me dire que ce genre de comportement enfantin et grotesque était ridicule et que je n'avais pas besoin de me donner autant de mal tant que je le regardais dans les yeux en lui disant que « tout va bien ». Je pourrais encore lui mentir oui. À ce rythme-là, j'aurais un oscar du « meilleur menteur ».

Et tandis que je le vis plusieurs fois me chercher dans la cour, sa recherche fut coupée par l'arrivée de Mona.

La belle Mona.

Même s'ils sont loin, mais dans mon champ de vision quand même, j'imagine déjà leur conversation. Ils doivent sûrement parler de moi.

Ah. Je n'ai pas envie de voir ça.

Je détourne les yeux vers un autre endroit de la cour à la recherche d'un autre groupe d'individus, mais à chaque fois que je cherchais, je tombais forcément sur une amie de Mona ou un pote de Parker.

J'emmerde ce genre de message.

À la fin de la pause déjeuner, je repris mes affaires, mes écouteurs et avant même que je n'eus le temps d'atteindre la salle, je vis une petite et frêle silhouette se mettre en travers de mon chemin, abordant un grand sourire radieux.

Mona.

« - Angus, on peut parler tous les deux ? »

Non ?

Angus - (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant