Chapitre 11 ~ Sa Majesté Angus

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Je me suis assis dans un fauteuil et j'ai regardé l'heure tournée. À cette heure-ci, je devrais au moins être devant chez lui. Je devrais me tenir devant la porte de sa chambre et attendre qu'il me réponde.

Oui, à cette heure-ci, je devrais y être.

Mais je n'y suis pas allé. Non pas parce que je ne voulais pas, mais parce qu'il y avait quelque chose qui me faisait peur là-bas.

Parker me faisait peur.

J'avais peur qu'il m'oblige à dire ce qui ne va pas. J'avais peur qu'il devine la moindre de mes pensées comme il en a le talent secret.

J'avais peur qu'il apprenne que depuis tout ce temps...que depuis tout ce temps...

Non, je ne pouvais pas y aller.

Il fallait que je laisse à Mona, le monopole du cœur de Parker. Il fallait que je me fasse une raison et que je l'y aide s'il faut. Il faut que j'arrête de m'accrocher à cette idée sotte et grenue, qu'un jour Parker et moi...Il n'est pas comme moi, lui.

Il n'est pas comme « ça ».

Assis dans mon fauteuil, seul dans ma chambre, ma mère vint me trouver, appuyée contre l'encadrement de la porte.

« - Angus ?

- Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu as de la visite. »

De la visite ? À cette heure-ci ?

Je descends, l'air de rien, sans me méfier, sans prendre garde et puis au moment où je vis la chevelure châtain presque blonde au milieu de mon salon, je suis remonté dans ma chambre aussi sec.

« - C'est une blague. »

À peine m'étais écroulé sur mon matelas que j'entends une voix derrière moi me disant :

« - Si tu ne viens pas à Rome, Rome viendra à toi. »

Est-ce censé m'interpeller ?

« - Je savais que tu ferais tout pour ne pas venir. Tu es trop facile à lire.

- Excuse-moi d'être un livre ouvert...Qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Je te l'ai dit, je veux que l'on parle tous les deux. T'es partit bien froidement tout à l'heure alors... »

Peut-être parce que je ne voulais pas discuter ?

J'ai pourtant envoyé tous les messages subliminaux qu'il m'était donné de faire ou de glisser, non ?

Parker prend place sur ma chaise de bureau tandis que je le regarde d'installer d'un œil.

Vas-y fais comme chez toi l'ami.

« - Angus.

- Quoi encore ?

- Tu vas jouer à ça longtemps ? C'est épuisant. »

Je ne sais même pas si je joue ou si je me lasse juste de ce jeu auquel je jouais justement.

« - C'est toi qui es venu chez moi, si ça te fatigue tant, il ne fallait pas venir.

- Dans le rôle du petit con moyen, t'es vraiment parfait, mais dans le rôle du pote, tu laisses à désirer. »

Si c'est pour m'insulter, tu peux repartir aussi. Je m'en passerais bien.

« - Ok. Parfait. Si tu ne veux pas me parler, alors je ferais la conversation et tu n'auras qu'à écouter. Si ce n'est pas trop demander à Sa Majesté ?

- Sa Majesté n'est actuellement pas disponible et ne peut donc vous prêter audience, paysan, veuillez retourner dans votre village. »

J'aurai aimé être roi, je pense. Ou Prince. L'un des deux. J'aurai aimé avoir des gens à mon service et sur qui j'aurai pu me défouler sans qu'ils n'aient le pouvoir de se défendre. J'aurai vraiment aimé avoir tout un attirail d'oreilles à mon attention pour me plaindre.

Mais ce n'est pas le cas. Je ne suis qu'Angus, chevalier de la cause perdue de l'amour.

Ça sonne rudement moins bien.

« - J'sais pas ce que t'as, mais si je te connaissais pas, je te dirais que t'es une de ces filles en période de règles.

- Ça me touche, merci. »

Je sais qu'être comme ça, dans ce genre de situation, ça nous blesse tous les deux, mais je ne peux résolument pas lui dire la vérité.

« - Angus ?

- Quoi encore ?

- Est-ce que tu m'en veux ? Est-ce que je t'ai dit quelque chose ou fait quelque chose que... ? »

Ah non, je t'arrête tout de suite là.

« - C'est pas toi le problème Parker, c'est moi. »

Ou la phrase la plus bateau au monde.

« - Pourquoi tu dis ça ? Hé...Pourquoi tu dis ça ? »

Parce que c'est vrai.

C'est moi le problème.

C'est mon putain de cœur le problème et tous les sentiments que j'ai avec. Ils sont là, ancrés, et j'ai beau remuer ciel et terre, ils ne se détachent pas. Ils restent.

Je n'arrive pas à m'en détourner. À les ignorer.

A les faire disparaître.

« - Je suis amoureux Parker. Tout simplement...Je suis amoureux. »

Angus - (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant