Je me suis toujours demandé ce que ça me ferait d'être tout seul avec Parker. Juste tous les deux. Rien que lui et moi. Sans personne d'autre autour. Dans mes rêves les plus fous, je rêvais de ce genre de moment. Je rêvais de pouvoir profiter de cette solitude nouvelle pour pouvoir lui dire. Pouvoir enfin lui avouer.
Et puis, je me suis souvenu que des moments comme ça, j'en ai déjà eu des tas. A chaque fois une nouvelle occasion. À chaque fois, une porte à demi ouverte ne demandant qu'à être complètement enfoncée.
Mais à chaque fois, j'ai préféré me diriger ailleurs. Prendre la fuite. Baisser les yeux.
Et tandis que l'on marchait l'un à côté de l'autre dans la rue, dans le silence, je m'étais enfui dans mes pensées pour ne pas à avoir à lui parler.
Je ne saurais quoi lui dire. Je n'ai rien à lui dire. Je ne comprends pas sa colère. Son comportement.
Je ne lui ai rien fait à lui.
« - C'est une belle nuit n'est-ce pas ? »
Il lève les yeux vers le ciel et soupire tout en la redescendant.
« - Il n'y a pas une seule étoile dans le ciel Angus. »
Je sais.
En fait, non, je ne le savais pas, mais ça me paraissait important et même urgent de briser ce silence pesant. Silence qu'il semble prendre un malin plaisir à installer entre nous.
« - Bon, ça suffit. »
Je m'arrête et gonfle mes joues autant que je le pouvais comme pour signifier mon ras-le-bol. Il fallait crever le furoncle purulent qui s'était mis entre nous.
« - Tu vas me faire la gueule encore longtemps ? Non parce que c'est lourd. Je me suis excusé et toi, t'es là, tu t'en bats les cacahuètes, tu marches comme un zombie et ne prends même pas la peine de cacher à quel point ça te fais chier de me raccompagner. T'étais pas obligé de venir. T'aurais pu t'arrêter au détour de la rue, j'aurai fait le reste tout seul. J'ai l'habitude...D'être tout seul » Peut-être n'aurais-je pas dû rajouter le « tout seul ». Peut-être était-ce de trop. Je n'en savais trop rien, il était difficile de savoir ce que pensait Parker alors que son visage était à peine éclairé par les lampadaires publics.
« - On dirait une petite vieille qui nous fait sa crise. T'as fini ? C'est bon ?
- Vieille toi-même. »
On se regarde, on contient un sourire et puis on finit par éclater de rire.
« - Si je suis là, c'est que je veux te raccompagner. Rien de plus, rien de moins. T'es tellement doué que tu serais capable de te perdre rien que pour rentrer chez toi.
- Hé ! Je fais ce chemin pratiquement tous les jours, je le connais alors te fous pas de ma gueule, merci.
- Je t'avouerais que j'ai été déçu par ton comportement, je ne pensais pas que tu ferais ça, puis après, j'ai tenté de relativiser en me disant « C'est pas tes oignons mec, alors te prends pas le chou pour ça ». Puis t'as débarqué chez moi comme une fleur, alors naturellement, j'ai accepté tes excuses comme si de rien n'était. Mais la vérité est que je suis bien content que tu sois venu chez moi. »
Ne me dis pas ça. S'il te plait, ne me dis pas ça.
« - Donc...Tu ne m'en veux plus ?
- Non. Mais la prochaine fois que tu galéreras, je veux que tu m'appelles. On est potes non ? »
Coup de couteau droit dans le cœur bonjour !
« - On est potes, ouais. »
Potes et plus si affinités ?
« - Bon, je te raccompagne ou quoi ? Jo' serait capable de me tuer si je ne reviens pas des courses à temps.
- Parker !
- Hmmm ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ?
- Je peux te poser une question ?
- Ça dépend...
- Mona...Tu l'aimes vraiment beaucoup ou pas ? »
Bien sûr qu'il aime triple buse. Sinon, son regard ne clignoterait pas comme une guirlande de réveillon dès que tu prononcerais son nom.
« - C'est une chouette fille ! C'est vrai... »
Je m'en fou de savoir si elle est chouette ou hibou, je veux savoir si tu l'aimes.
« - Alors, tu l'aimes ?
- Je n'en sais trop rien. J'apprends encore à la connaître. Pourquoi ? »
Pour savoir si j'ai une chance ?
Calme-toi Angus, c'est pas comme s'il allait comprendre.
« - Comme ça. Je suis content si tu es heureux »
Non, je ne suis pas content du tout ! Mais alors pas du tout, du tout, du tout !
Pourquoi est-ce que je ferme ma gueule ? Pourquoi ne pourrais-je pas le crier tout ce que je retenais depuis tant d'années ?
J'ai envie.
J'en ai vraiment envie.
Mais je sais que lui...Il n'est pas comme moi. Il n'est pas comme « ça ».
« - Tu sais, tu m'inquiètes parfois. Tu me glisses de ces questions.
- Ah bon ? Non, je m'assure juste que tu sois bien avec une fille. Imagine elle te brise le cœur ?
- Mona ? Me briser le cœur ? T'es sérieux mec ? »
Non, je dis ça pour rigoler.
Il éclate de rire en roulant des yeux. En fait, il ne se rend tout simplement pas compte à quel point les sentiments ça peut vous détruire un homme. J'en sais quelque chose.
Alors tandis que je le dévisage avec tout mon sérieux, il s'approche et pose amicalement sa main sur mon épaule avant de me dire dans un franc sourire :
« - Quand bien même ça serait le cas, je sais que quand j'aurai le cœur brisé, tu seras là non ? »
Comme d'habitude.
Angus, bonne poire légendaire, meilleur ami du monde, mouchoir pour cœur brisé à ses heures perdues. C'est bien connu.
Je n'ai que ça à faire de mes journées : Le consoler.
« - Bon, je te ramène ou quoi ? »
Me passant devant pour reprendre la route, il me plante sous le lampadaire tandis que je restais dubitatif quant à ses dires. Qui a dit que je serais là quand il aura besoin de moi ? Je ne suis pas à sa disposition. Il ne peut pas jouir de moi de cette façon-là. C'est trop facile le fait que ça marche à sens unique.
« - Tu viens ou pas ? »
Je n'aurai pas d'autres occasions avant un long, très long moment, je le sais.
Il fallait...Il fallait que je le lui dise.
Aller Angus, soit un bonhomme. Assume.
« - Attends ! J'ai quelque chose à te dire moi aussi. »
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Angus - (BxB)
RomanceIl y en a qui rêve les yeux fermés et il y a ceux qui rêvent tout éveillé. Il y a ceux qui ont un peu la tête dans les étoiles et beaucoup dans les nuages. Tel est le cas d'Angus. Angus n'a que deux rêves dans la vie : Faire le tour du monde et tro...