Un amour de camping

Suivie?

Au camping, tout est calme. Je suis allongée dans la tente avec de la crème après solaire étalée sur mon cuir chevelu, donc dans mes cheveux anciennement propres. Heureusement, ça ne se voit pas beaucoup. Mais pourquoi n'ai-je tout simplement pas dit la vérité ? Qu'est-ce qui m'a empêché de leur dire ce qu'il s'est vraiment passé ? La peur sans doute. Ce sentiment gluant et poisseux qui coule dans mes veines depuis la plage et me paralyse d'effroi. J'y vais peut-être un peu fort, c'est vrai. Sauf que c'est réellement l'effet que ça me fait. J'en ai encore des frissons. J'ai l'impression de ne plus être en sécurité, qu'il sait où je suis à chaque instant, qu'il m'observe encore et toujours. Que me veut-il ? Après tout, je ne le connais pas.

Soudain, maman passe la tête dans la tente.

— On part se balader en ville avec ton frère et ton père.

— Vous me laissez toute seule ?! Je veux venir avec vous !

— Hors de question, tu restes ici et tu te reposes.

Je n'ai pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'elle est déjà partie.

Seule. Je suis seule dans un camping avec un inconnu qui m'observe et dont je ne connais pas les intentions. Je n'ose même pas sortir. Pourtant il va bien falloir parce que si je reste plus longtemps ici, je vais devenir folle. Je ne devrais vraiment pas. Trop tard, je suis sortie. Je vais vers le restaurant, comme il y a du monde, c'est plus sûr. Sur le chemin, je regarde attentivement tout ce qu'il se passe autour de moi et jette des coups d'œil inquiets dans à peu près toutes les directions. Je ne peux empêcher cette angoisse de me tordre le ventre. Je suis nerveuse. Trop peut-être. En fait, j'en viens à me demander si je ne suis pas un peu paranoïaque lorsqu'une voix masculine m'interpelle :

— Ambre ! Attends-moi ! Ambre, attends !

Je ne sais pas pourquoi je m'arrête. Je dois être folle. Ou stupide. D'autant plus que je n'ai pas reconnu cette voix. Je l'entends qui me rattrape. Une petite voix intérieure me dit de courir le plus vite et le plus loin possible. Mais je ne bouge pas d'un centimètre. Je sens maintenant son souffle dans mes cheveux à cause de l'effort qu'il vient de fournir pour arriver à ma hauteur. Tout mon corps est tendu comme un arc. J'attends en silence. Je ne suis pas si loin du restaurant que ça. Si il y a un problème, je n'aurais qu'à crier pour que quelqu'un vienne à mon secours.

Il pose soudain une main sur mon épaule.

— Waouh, tu marches vite ! Ce n'est pas facile de te rattraper !

Je me retourne d'un bloc, m'attendant à me retrouver face au grand inconnu de la plage, m'imposant un sentiment d'impuissance totale. Au lieu de ça, c'est Michaël qui se présente devant moi. Je laisse échapper un long soupir de soulagement et manque m'effondrer - dans ses bras - tant je suis heureuse d'être tombée sur lui.

— Ah, ce n'est que toi..., tu m'a fait peur..., soufflé-je.

— Pourquoi, tu pensais que c'était qui ?

— Viens, on va s'asseoir au bar, il faut que je t'explique quelque chose.

Il me suit docilement jusqu'au bar du restaurant. Nous prenons les commandes, puis nous attendons en silence. J'ouvre la bouche pour parler quand il m'arrête d'un geste de la main.

— Attends ! Avant de parler de quoi que ce soit d'autre, j'aimerais qu'on fasse un peu plus connaissance. Il me semble qu'il y a une conversation que nous n'avons pas terminée... et je veux en savoir plus sur toi.