L'Esprit

La vie d'un enfant 2.

Je vous avouerai que la petite fille, que je suis, a peur de resombrer.
Pourquoi ?
Aucune idée. Ou peut être.
J'ai perdu mes chaines où je me suis solidement attachée pendant une année.
J'ai bien aimé cette année. Je l'ai adoré, et j'en avais bien besoin, mais malheureusement, toute bonne chose a une fin, alors j'ai dû me séparer de mes chaînes.
Néanmoins, j'ai fait un pas.
Il y a encore moins de deux ans, je les aurais suivi, peu importe si ce choix d'orientation serait le bon.

Je déteste ma classe.
Trop de filles à problème, et je suis seule.
La petite fille que je suis à bientôt dix-sept ans mais elle est incapable de se débrouiller seule.
Alors quand on est seuls, on devient vite le jouet des personnes bien entourées car toi qui es seul, tu es vulnérable, et une fois ton point faible dévoilé, c'en est fini de toi.

Je suis fière, insolente, immature, insupportable, naïve, chiante, égoïste, égocentrique, franche, TROP franche, perfectionniste, extravagante, bizarre, mais sans personne... je ne suis Rien.
Je ne suis qu'un brin de poussière invisible parmi des milliers de gens, et je peux être tout le contraire de ce que je suis.

Posez-moi une question simple, jamais je ne serai capable de vous répondre.
Désolée monsieur, je ne vous manque pas de respect ouvertement, j'ai juste peur du regard des personnes qui m'entourent ainsi que leur jugement, je déteste me faire remarquer quand personne n'est derrière moi.
Ne m'en voulez pas, je suis juste fragile dans ces moments là alors je me renferme.
J'aime avoir honte de moi-même.
Peu importe les rires au fond de la salle, le nombre de personnes qui se moque de moi, jamais je n'ouvrirai la bouche.
Aucun son ne sortira.
Et les secondes passent, passent, passent, passent, passent... comme un embouteillage.

Foutues années de collège.
Si la petite fille ne veut pas grandir, c'est à cause de vous.
Elle a peur, car la solitude, elle ne la connaît que trop bien.
A cause de vous.
Mais aussi parce que la vie d'un adulte est plus compliquée, enfin... c'est lui qui la rend compliquée.

J'aime jouer et embêter, mais ça devient lourd.
Tout le monde grandit, mûrit et devient un peu plus adulte à chaque fois, pendant que moi, je suis toujours bloquée entre l'enfance et la vie adulte.
Désolée. Vraiment.
Je ne le fais pas exprès. Je suis comme ça.
Mais, s'il vous plaît, ne me rejetez pas.
Ne m'abandonnez pas.
Malgré tout, j'ai encore besoin de vous.

Je vous envie.
Vous êtes mes chaînes, mais je vous envie.
Comment se fait-il que vous arrivez à vous intégrer aussi facilement, à être aussi épanouies, alors que moi, je me retrouve une nouvelle fois à être seule ?!
Pourquoi ?!
Il a fallu que vous soyez dans une classe où vous avez au moins un ami ! Et moi, je me retrouve encore seule !
Ne vous étonnez pas si je suis tout le temps dans mes pensées, je n'ai jamais rien à vous raconter !
De toute façon, vous n'avez jamais rien à me raconter non plus. Ou rarement. Voire quelques fois.
Non, presque jamais.
Je ne sais plus.
Parlez entre vous, je vous ferai répéter autant de fois que je penserai que je n'étais pas conviée à rentrer dans votre discussion.

Pardon.
Mon égoïsme et mon égocentrisme parlent encore à ma place...
Je suis désolée. Je sais que jamais je ne pourrai être le centre de l'attention, alors je vous embête, je joue à l'immature, mais je deviens écrasante.
Dites-le moi quand vous en aurez marre, vraiment marre, j'arrêterai, c'est promis.
Je me tairai, jusqu'à ce que vous m'oublissiez.

Bref.
Va falloir qu'un jour l'enfant arrête de se plaindre et grandisse un peu dans sa tête.
Après tout, ce sont juste deux années de plus à subir.