Chapitre 1

28 3 0
                                    

Mey Maa. 

Le nom résonna dans la foule, elle le scandait sans s'arrêter et on entendait une pointe d'envie si l'on tendait bien les oreilles. 


Jamais, bien jamais, on n'avait aussi bien chanté ce nom, et ça, il n'y avait qu'elle pour le savoir et s'en rendre compte. Car, ô, on l'avait chanté plus d'une fois, mais jamais avec cet amour qui brûlait les lèvres de ceux qui essayait de dompter les flammes de ce nom, mais jamais avec ce désire incontrôlable d'être celui dont on prononce le nom. 

Mey Maa. Leur regard ! Il était semblable à des pierres mises à chauffer qui brulaient de l'intérieur et qui semblaient dangereuses à toucher. Elle n'aurait pas su donner un nombre approximatif de pierres tournées sur elle, mais elle savait qu'il y en avait beaucoup ! Ces êtres remplissaient la totalité de la place, en étant serrés et collés, et derrière les murs qui séparaient la cour de la ville était encore visible une foule aussi brulante. 

Mey Maa. Ils ne lui faisaient pas peur, non, ils la rendaient forte, bien que les cris se fassent menaçants, bien que les yeux se fassent étourdissants. Ils la rendaient forte de son pouvoir, de leur pouvoir. Ils étaient l'espoir et la gloire. 

Mey Maa. Elle se voyait, sur les énormes écrans attachés aux grattes-ciel, et elle ne parvenait qu'à se trouver belle. Comme toutes les personnes ici présentes. Dans toute la ville les gens étaient réunis dans les rues et criaient son nom pour faire écho. Du haut du Thruns au bout de la Frell on devait les entendre. Et ce n'était point pour lui déplaire.

Mey Maa. l'Impulant Premier du nom venait de lever la main droite afin de réclamer le silence, et par conséquent, la foule se tut. Elle venait juste d'hurler à s'en réduire les cordes vocales, et voilà qu'elle plongeait dans un silence parfait, ou aucun murmure ou chuchotement ne venait déranger. 

L'Impulant était respecté avec un sentiment que Mey ne comprenait pas, jamais elle n'avait regardé une autre personne avec le même regard qu'elle adressait à cet homme. Le même regard que toutes le personnes présentes lui réservaient.

Elle détailla la silhouette de son visage osseux. Un nez légèrement cabossé plongeait sur une bouche pincée et sévère, et se faisait surmonter par un front dégagé, chargé de rides à peine visibles. La mâchoire carrée de l'Impulant était marquée, et si belle ! Mais rien de ce visage fermé ne pouvait égaler ses prunelles bleues. 

Elles n'étaient malheureusement pas identiques aux siennes, mais elles avaient la particularité d'apporter un charme irrésistible à l'homme. C'était aux grands regrets de Mey que son père et elle ne partagent pas ces amandes. Il se racla le gorge avant de prendre la parole.

"- Bonjour."

Le silence pesa pour seule réponse. 

"- Tout d'abord, merci."

Il n'y pas plus de la part du publique. Personne ne comprenait bien où voulait en venir l'Impulant avec des remerciements, mais personne ne les contesta pour autant. Cela incita donc la suite à sortir.

"- Merci du cadeau que vous m'offrez aujourd'hui. Mon titre.  C'est grâce à vous que je suis sur cette estrade ! Et je ne pourrais jamais assez vous le dire, mais, merci !"

Les cris fusèrent de nouveau mais cette fois ils ne cessèrent pas lors de la demande de l'Impulant. Il fut donc contraint d'attendre. Mey, quant à elle, dévoilait sa dentition avec fierté, et se régalait du spectacle qui s'offrait à elle. Une fois que le bruitage se fit moins fort, l'Impulant reprit :

"- Je ne savais pas comment vous remercier ce matin encore. Alors je me suis souvenu d'une des promesses que j'ai fait et qui fait de moi l'homme que je suis. À partir de ce soir, messieurs, mesdames, vous pouvez diviser votre le montant de votre loyer par deux !"

Ce fut une avalanche d'applaudissement, d'acclamations, de hurlements, et des milliers de sourire. Ils attendaient tous cela depuis des années, mais ce n'était qu'aujourd'hui que cela arrivait. 

Mey ne fut pas heureuse de la nouvelle, elle était placée bien loin de ces problèmes d'argent et de loyer trop cher, comme les connaissaient toutes les personnes réunies devant elle. son problème, à elle, était sa garde-robe pas assez renouvelée à son goût, alors, le loyer !

Mais les Frelliens semblaient heureux, des chapeaux volaient au dessus des têtes, et des points étaient tendus vers le ciel. Plus personne ne semblait prêter attention à l'Impulant et sa fille qui les regardaient tout sourires. Tous, étaient nichés dans les bras de leurs conjoints.

L'Impulant salua la foule, Mey en fit de même, et ils quittèrent le balcon qui les avait mis en valeur pour rejoindre les conseillers de l'Impulant, dont le Sous-Per, qui attendaient en papotant. Tous félicitèrent l'homme de son "exploit", puis le faiseur d'exploits s'exclama :

"- Bien ! Il me semble que d'autres festivités nous attendent ! Plus adaptée... "

Effectivement, d'autres festivités les attendaient, des festivités adaptées aux conséquences de fête.  C'est pour cela qu'ils allèrent trouver les voitures qui les attendaient dans la cour privée de la demeure, et qui les conduisirent à l'Archon. Mey Maa ne s'était point fait belle juste pour cette apparition sur toutes les télévisions du monde, non, mais pour ce qui allait suivre.

C'est dans la voiture, seule avec son père et le Sous-Per, à cinq minutes de l'Archon, qu'une boule de forma dans le ventre de la jeune fille. Elle fut surprise de ce stress car il ne lui avait pas rendu visite depuis un certain temps. Mais très vite elle abandonna sa surprise pour se concentrer sur sa détente. 

Elle finit par parvenir à dompter cette étrange boule qui zigzaguait dans son ventre, mais lorsque la voiture freina puis s'immobilisa pour la dernière fois, ce fut comme si tout le travail qu'elle avait fait avait disparu, la boule revint, et cette fois, faisant grelotter ses dents.

L'Impulant ne remarqua pas le stress de sa fille, et semblait tout à fait à son aise. Alors il l'invita à sortir, offrant son avant-bras à la jeune femme. Elle le saisit d'une main tremblante de terreur, puis avança un pied hors de son véhicule. Voyant que le sol rouge ne l'avait pas engouffrée, elle y risqua le deuxième. Mais à peine eut-elle soulevé son postérieur, qu'elle fut harcelée par les flashs d'appareils photo, les microphones des journalistes et la voix criarde d'une autre foule.

Mey Maa.

Mey MaaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant