Chapitre 3

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Pim ! Tap ! Crac ! Pim ! Crac ! La masse s'écroula au sol et se se mit en position foetale, sanglotant comme un enfant. Pim ! Ce dernier coup de pieds dans les côtes de l'adversaire permit de mettre fin au combat, avec la perte de connaissance de celui-ci. Clic ! Les jurys du combat passèrent les menottes aux poignets du perdant, et le trainèrent jusqu'à la planche autour de laquelle les spectateurs se regroupèrent. Clac ! Le premier coup de fouet trancha l'air et vint s'abattre sur le gars, qui laissa échapper un cris sortant de son âme à nouveau éveillée.

Mey se détourna du spectacle et palpa son visage pour découvrir les dégâts. Finalement, elle ne s'en tirait pas si mal qu'elle ne l'avait cru, un bleu au coin de son oeil et une douleur à son molet droit. Des dégâts faciles à cacher, avec du maquillage et du théâtre.

Jenl et Reff accoururent à ses côtés, chargées de serviettes et d'une bouteille d'eau. Mey se laissa tomber sur une chaise, à proximité du plateau, et se paya le luxe de baisser ses gardes, car après un combat si long, elle ne pouvait qu'être exténuée. Aaarg ! Suite à un coup de fouet plus violent, de perdant poussa un cris et la foule éclata de rire. Le spectacle n'intéressait pas la jeune femme, qui préférait entendre les cris de son adversaire que de voir le sang couler le long de son dos, cela l'aurait fait culpabiliser d'obliger le pauvre bonhomme à vivre ça, et elle l'aurait épargné.

Jenl posa sur le visage de Mey une des serviettes qu'elle avait préparé, et Mey eut la douce surprise de constater que la serviette était humide et fraîche. Reff, elle, tendit à la revenante la bouteille d'eau qu'elle bu en une gorgée. Une fois qu'elle eut repris ses forces, Mey se releva et par le biais des yeux intima à ses amies qu'elle rentrait chez elle.

Jenl, qui était à la chasse d'un homme viril et qui venait de se trouver un proie, la salua de loin, sans y ajouter un mot, mais Reff, attendait déjà Mey à l'entrée du Repaire. Personne n'empêcha la jeune femme de regagner son habitat, et c'était tant mieux, car elle n'avait pas envie de condamner une autre personne à la bouche trop grande. C'est d'ailleurs sur un énième cris de douleur du perdant que Mey et Reff prirent le chemin de chez elles.

Elles attendirent d'être suffisamment loin du Repaire pour entamer une discussion. Reff, qui avait les yeux posés sur son amie depuis le début de la marche se décida à parler la première.

"- Tu es étrange ces derniers temps."

Mey ne fut surprise qu'à moitié de la remarque de Reff. Il est vrai que sa vie était étrange depuis que son père avait été nommé "Impulant Premier du nom", et cela l'était plus chaque jour. Avant, Monsieur Maa et elle avaient déjà beaucoup de paires d'yeux posées sur eux mais depuis une semaine, elle ne pouvait plus se laisser paraître à une fenêtre sans que dix appareils photos ne pointent leurs objectifs sur elle. Cela avait un bon, et un mauvais côté, et elle aurait apprécié que ce deuxième ne prennent pas autant de place.

"- Oui, c'est bizarre depuis que papa est ce qu'il est, répondit-elle."

Reff ne demanda pas d'autres explications, mais enchaîna tout de même :

"- Ça se passe si mal que ça, pour que tu en viennes à recommencer ?"

À recommencer. Elle n'avait jamais vraiment arrêté, certes elle le faisait moins souvent, et surtout pas après des soirées mondaines, mais elle continuait toujours un peu de temp en temps.

"- Hm..., fit Mey."

Non, cela ne se passait pas mal, pas à ce point. Mais depuis quelques temps, Mey se cherchait. Elle cherchait beaucoup de choses, et elle pensais aussi énormément. Pas tant depuis que son père était l'Impulant Premier du nom, mais depuis plus longtemps encore, depuis. La perte de sa mère n'avait pas été le déclancheur de ses pensées, c'était après. Mey elle-même ne savait plus trop où ça n'allait pas, ni pourquoi, ni comment arranger ce qui n'allait pas.

Reff, avait l'habitude de ces réponses inutiles et elle avait compris, après toutes ces années d'amitié, que poser des questions était inutile quand Mey se mettait à répondre "Hm". Reff et Mey se connaissaient depuis ce que l'on pouvait nommer de l'âge de pierre, elle ne se souvenaient même plus de leur rencontre, et elles avaient tendance à croire qu'elles étaient nées ensemble.

Leur vraie histoire d'amitié avait débuté lorsque Reff s'était installée dans le même quartier que Mey, et avait sonné à sa porte en se présentant sous le nom de "la nouvelle voisine". Vue comme ça, leur amitié pouvait sembler dure et pure, mais ce n'était pas tant vrai, car les caractères des deux jeunes filles étaient bien difficiles à cerner.

Jenl, quand à elle était arrivée bien plus tard, par un soir au Repaire. Mais entretenait avec Mey une relation bien plus forte et vraie que celle qu'elles avaient toutes deux avec Reff. La vérité était que Mey n'avait jamais eu comme projet d'inviter et de partager ses secrets avec la jeune Reff, elle avait en quelques sortes été piégée, puis obligée de faire rentrer l'autre jeune fille dans sa vie. À côté, Jenl avait été un choix.

Reff ne montrait pas ses pensées, et aucune des trois ne le faisait d'ailleurs, toutes avaient leurs impressions et leur intention gardées en elles et inaccessibles pour les autres. Mais Mey ne voyait que peu souvent la petite Jenl, et c'était bien dommage, elle passait évidemment plus de temps avec Reff.

Elles arrivèrent dans le quartier paisible et riche qu'elles partageaient avec toutes les familles d'hommes de la Fhij, et finirent leur balade nuptiale devant la porte arrière de chez l'Impulant.

Au clair de lune, les yeux sombres de Reff ne ressortaient pas, alors Mey eut du mal à discerner les émotions de son amie, mais au moment où Mey s'engageait pour approcher leurs joues, Reff la tint, et approcha sa bouche de ses oreilles. Elle chuchota :

"- Fais attention à ce que tu fais."

Et elle la lacha. Mey resta plantée devant chez elle quelques secondes après le départ silencieux de Reff. Réfléchir sur ses paroles était idiot, car elle était fatiguée, et car elle savait déjà qu'elle n'allait pas les prendre en compte, alors elle reprit son chemin vers sa chambre, et plus exactement vers son lit.

Mey MaaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant