Chapitre 4

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Boum. Où allait-elle ? Boum.  Que faisait-elle ? Boum. Qui était-elle ? Pourquoi l'était-elle ? Boum. Boum. A quoi cela menait-il ? Rien. La réponse sembla être murmurée par le vent dans sa tête, elle résonna entre ses deux oreilles, puis se dissipa dans son corps. Et la vérité la frappa, la vérité qu'on lui avait murmuré était vraie, elle était nulle part, elle ne faisait rien, elle n'était personne. Boum. Boum. Boum. Rien, rien...

Mey arrêta sa course, elle s'était épuisée à courir comme une athlète, et elle manquait d'air dans ses poumons. Elle fléchit les jambes, et posa ses mains sur  ses genoux pour soutenir le poids de son corps plus facilement. Autour d'elle, le silence régnait, pas un chat ne traînait sur le stade mis à l'abri des regards. Jamais personne n'y venait d'ailleurs, à croire que l'existence de ce lieux était inconnue, mais en tous cas la jeune femme ne se plaignait pas de ne jamais avoir de la mauvaise compagnie lors de ses heures d'entretien physique.

Une petite brise vint rafraîchir les quelques gouttes de transpiration qui perlaient sur le front et les tempes de Mey, et cela refroidit en un rien de temps la jeune femme qui se décida à regagner les vestiaires abandonnés mais encore en bon état du stade. Elle s'engouffra dans le bâtiment minime, et l'absence de vie se fit ressentir et en devint légèrement effrayante. Un instinct de survie que Mey ne découvrait que rarement se mit en route, et des pensées obscures se mirent à tournoyer dans la tête de la jeune bourgeoise.

Mey entendait le silence du lieux comme les cris de fantômes et ses propres gestes l'effrayaient, elle hésita même à avancer plus loin dans le bâtiment, mais finit par se trouver absurde d'avoir peur du silence et du calme complet. Elle se débarrassa alors de vêtement de sport qu'elle avait enfilé, et alluma les jets d'eau bouillante. La puissance avec laquelle l'eau était envoyée à s'écraser sur le carrelage de la douche obnubila le temps de quelques secondes la bourgeoise, puis elle se laissa détendre et calmer par la chaleur et la douceur du moment.

Mey avait terminé sa douche, elle remontait la dernière pente du bâtiment, et voyait en face d'elle la porte grande ouverte comme elle l'avait laissé, qui éclairait très légèrement l'intérieur. Mais alors qu'il ne restait plus qu'une dizaine de pas entre elle et la sortie, un léger froufrou à peine perceptible sonna dans ses oreilles. Alors, prise d'un élan de peur subite, Mey s'élança le plus vite que possible vers l'extérieur  des vestiaires. Avec le bruit que faisaient ses talons en claquant sur le sol, elle était bien incapable d'entendre si quelque chose lui courrait après, et tant la peur s'était emparée de son esprit, elle n'eut pas le courage de tourner la tête vers l'arrière pour perdre du temps et de la vitesse.

Elle attendit d'arriver à la sortie du stade, pour regarder derrière elle, sans cesser d'avancer à vive allure. Son mouvement de tête fut rapide, mais elle cru voir une silhouette noire, dans l'encadrement du bâtiment qu'elle venait de quitter. Du moins, elle se le jurait, car son cœur n'arrivait  qu'à la faire courir plus vite, et non à lui donner courage. Elle couru donc  jusqu'à l'entrée de son quartier, car elle savait qu'à partir d'une limite, la sécurité était très renforcée.

Là seulement, elle se permit de regarder derrière elle. Il n'y avait rien. Elle essuya des larmes qui étaient venues se stoker dans le coin de ses yeux, et elle respira. Qu'est-ce qui venait de lui arriver ? Elle avait la forte impression d'être observée, partout où elle allait, mais jamais sur ce stade, alors, qui était la silhouette ? Un journaliste ? Un photographe qui désirait la prendre nue sous la douche ? Elle ne savait même pas si ce qu'elle avait cru voir durant une fraction de secondes était vrai. Et elle n'avait aucun moyen de le savoir, à part peut-être y retourner, et ça, jamais plus elle ne s'y risquerait !

Elle marcha durant cinq minutes, essayant de réadapter une fréquence cardiaque normales, et de se persuader qu'elle n'avait plus rien à craindre et que ce n'était pas la réalité. Enfin, si ce qu'elle avait vu été faux, cela signifierait qu'elle avait des visions, dans ce qu'à, qu'était-il pire ? Son père n'était pas chez eux, ce jour là, elle pouvait donc rentrer sans être assaillie par des questions sur le pourquoi du comment.

La maison était vie, enfin, pas tant que ça grâce aux employés qui traînaient dans les couloirs et discutaient, et Mey n'avait jamais autant apprécié leur présence qu'à se moment là. Car la perspective de se retrouver seule dans une si grande maison, à nouveau, ne l'enchantait guère. Elle alla jusqu'à fuir sa chambre pour se retrouver dans les pièces les plus polyvalente de la demeure. Elle essayait de faire sortir cette histoire de sa tête, mais rien à faire, des milliers de questions se bousculaient dans son esprit, et elle ne pouvait répondre à aucune. Elle finit par se demander si raconter cette histoire à quelqu'un ne serait pas la chose à faire, et conclu avec un hochement vif de tête.

Il était déjà vingt heures, lorsqu'elle commença à se préparer pour se rendre au Repaire, elle s'était donné rendez-vous avec Jenl et comptait bien faire part de son aventure à son amie, mais au moment d'ouvrir la porte de chez elle, Mey eut un frisson de peur et le souvenir amer de ce qui lui était arrivé la dernière fois qu'elle s'était baladée seule. Alors, comme une illumination, une idée brillante lui vint à l'esprit. La jeune femme s'empara de son téléphone et composa le numéro qu'elle avait en tête. La voix calme de Reff répondit au bout de trois sonneries, comme elle le voulait.

"- Allô ?

- Reff, je vais au Repaire."

Mey entendit la fille à l'autre bout du fil inspirer. Les discussions trop logues ne servaient à rien, le simple fait qu'elle l'appelle signifiait que Mey voulait donner rendez-vous à Reff devant chez elle, et à vingt heure trente du soir, c'était pour aller au Repaire.

"-J'arrive."

Mey MaaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant