Un souvenir ... Comme c'est compliqué de se souvenir ... Surtout d'une chose expliquant qui je suis ... Je crois me connaître. Mais expliquer d'où vient cette connaissance n'est pas chose aisée .. Aller chercher dans les limbes de l'enfance, une enfance défoncée. Mais enfin, avisons. Parlons de mon caractère, caractère imprévisible, ponctué par des crises d'énervements assez récurrentes - surtout héréditaires, quoi qu'on en dise. Et pourtant ... Je peux aussi être tout le contraire : impossibilité à mentir, à dire non, docilité - ou fragilité, d'après certains - extrême ... Et capacité innée à me taire lorsque je dois parler. Evoquons donc cela, ce mutisme du silence qui s'est installé ... Et qui s'appelle, au premier degré, TIMIDITÉ (au dernier, après mûres réflexions et plusieurs années, Constance le définira comme misanthropie).
Premier jour d'école pour la petite blonde de huit ans que j'étais. Je retournais à la patrie, après cinq ans d'exil parisien, et j'étais dépossédée de tous repères. Après m'être fait escorter gracieusement par ma chère 《mamina》 (bien que je ne l'appelais déjà plus comme ça), je fus lâchée dans le monde cruel de la cour d'école. J'étais adossée au mur, essayant de me faire la plus petite possible, pour ne pas attirer les regards par ma ... solitude. Puis, on s'approche, par groupes, tout seul, pour voir, pour poser les questions habituelles, qui pour autant ne fondent pas la sympathie pour les êtres. 《Ton nom ? Ton prénom ? Ton âge ?》 je n'ai eu droit qu'à ça pendant dix minutes, qui m'ont semblé une éternité. Je suis Constance Nicot, j'ai huit ans. Même moi qui, habituellement, étais plutôt fière d'être de cet âge pour mon entrée au CM1, à ce moment, je ne l'étais pas. Du tout même. Je voulais juste disparaître. Et je sentais très bien le rouge me monter aux joues, la chaleur s'installer, le malaise et le mal-être se répandre ... Jusqu'à ce que les spectateurs repartent. Et les larmes ont afflué, véritable torrent de peur, de solitude, de regrets envers moi ... Car je savais pertinemment que j'aurais du retourner toutes ces questions ... Mais voilà, je n'en ai été capable. 《Enfin, Constance, quelle idiote tu fais ! Pourquoi ne pas avoir sympathisé ? Pourquoi ne pas avoir retourné les questions ? C'est pourtant si simple d'articuler quelques mots ! Mais où est passé ton courage ? En as-tu seulement ?》 Esprit de gamine hanté, torturé, assailli par les remords ... 《C'est pourtant si simple de se faire des amis !》 Pour l'esprit, peut-être, pour la bouche, peut-être, pour les cordes vocales et le mental, certainement pas. Alors, les larmes séchées, le peu d'estime de soi revenu, il était temps de se ranger. Est-ce que j'ai parlé ? Je n'en ai aucune idée, mais mon for intérieur me soufflerait que non.
Puis une assez vieille dame est venue nous chercher, gamins piaillant, excepté deux, restés à l'écart. L'une devait montrer le chemin à l'autre, qui devait très certainement encore avoir les yeux rougis. Une maitresse allait forcer le contact entre deux êtres venant de deux endroits différents, l'une prit l'initiative de parler, l'autre se tut mais répondait lorsqu'on lui parlait. Et de fil en aiguille, l'une, Amélie, et l'autre, Constance, furent amies, après un temps d'apprivoisement .
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Fourbi Narratif
RandomJuste une suite de petites écritures, faites en cours d'écritures narrative et théâtrale ... Mon diesel a du mal à se remettre en place après avoir abandonné les récits depuis bien longtemps, et je n'ai pas un style de génie, soyez pas trop méchant...