25 juillet 1900, à Paris. Après avoir pris son ombrelle et traversé la ville, Mathilde arrive enfin près du lieu le plus prisé de cette exposition universelle : la grande serre. Pour tous, elle fait voyager, et ses senteurs enivrent ... Mathilde n'aurait manqué cela pour rien au monde. Et quel jour idéal pour laisser voguer ses sens, ce jour d'été, plutôt doux, et très agréable. De l'extérieur, cette serre n'a rien d'exceptionnel, Mathilde la trouve même plutôt banale, avec ses imposantes vitres dans lesquelles se reflète majestueusement le soleil, soutenues par une armature de fer. Enfin, l'entrée est dégagée. De deux pas, Mathilde foule un sol de terre battue, plutôt agréable, et voit devant elle une myriade de couleurs, couleurs ardentes, magnifiques couleurs, éclatantes avec la présence du soleil au dehors. Ébahie, ses sens la quittent, emportés vers un lointain inaccessible par la douceur des parfums qu'elle respire, par l'harmonie régnant sous ce dôme de verre. Et ce bassin, en plein cœur de la serre, avec ses multiples reflets, ses plantes tantôt si gracieuses, tantôt si brutes, quel spectacle pour les yeux de Mathilde ! Elle se décide à aller examiner la surface du bassin de plus près. Immédiatement, elle est touchée par l'abondance des plantes qu'il contient, toutes si différentes les unes des autres. Elle y reconnaît le nymphéa, sa fleur préférée, qui paraît si délicatement posée sur l'eau, si frêle avec ses nombreux pétales dont l'ensemble forme un dégradé de rose pâle d'une magnificence infinie. Non loin de ce nymphéa se trouvent d'autres fleurs, dont les tons chromatiques sont tous si différents, le tout formant cependant une harmonie de couleurs dont Paris se souviendra pour longtemps encore.
Mathilde délaisse le bassin et se hasarde à arpenter les allées. La plus grande, disposée autour d'une rangée d'arbustes la séparant du rocher, est ombragée par une multitude d'arbres exotiques, dont les feuilles immenses sont d'un vert éclatant. Les bananiers, couverts de leurs fruits, sont mêlés aux ravenalas, ensemble éclatant, mais rendant d'une façon admirable les rayons du soleil. Pour habiller le sol au niveau de ces arbres, du gazon est réparti uniformément, laissant apparaître çà et là de la fougère, plante fougueuse rompant avec la dureté des tracés du gazon. A la vue de gazon, Mathilde pense immédiatement à la géométrie formée par les massifs floraux des jardins entourant les châteaux de France, et se remémore avec plaisir sa visite de Versailles. Puis, d'autres allées, toutes séparées par d'abondantes rangées d'arbres exotiques, s'étendent pour enfin s'évanouir près du pourtour. Cet ensemble d'allées si strictes, si bien ordonnées, encadrant le bassin d'une précision infinie, rompait avec le bassin, bassin dont les plantes sont placées anarchiquement, rappelant à Mathilde l'état premier de la nature, cet état sauvage qui lui plaisait tant. Elle aurait pu rester des heures durant dans ce lieu aux contrastes ingénieux, mais elle se résigna à rentrer lorsqu'elle vit le soleil sur le point de répandre sa traînée rouge sur la ville. Alors, ayant franchi la porte de verre, elle s'arrêta un instant afin de fixer pour le reste de sa vie cette expédition dans un lieu si nouveau, puis reprit ses esprits et se mit en marche.
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Fourbi Narratif
AcakJuste une suite de petites écritures, faites en cours d'écritures narrative et théâtrale ... Mon diesel a du mal à se remettre en place après avoir abandonné les récits depuis bien longtemps, et je n'ai pas un style de génie, soyez pas trop méchant...