- Chauve-souris

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  Voler, Partir. La nuit est tombée, profitons ! Je suis toute ankylosée ... Allez, un effort, déploie tes ailes et vole ! Il le faut, pour manger, pour vivre. Et je n'ai pas nécessairement besoin de m'éloigner ... La nuit est belle, fraîche, mais comporte forcément de la nourriture, et j'ai si faim ! Ça ne sert à rien d'hésiter, puis j'ai besoin de bouger, je pourrais aussi finalement en profiter pour aller explorer les alentours, qui le saura, qui me le reprochera ? Pas grand monde. Bon, sortons. 

  Que c'est gratifiant ! Pas un nuage, un ciel parsemé d'étoiles, et quelques insectes déjà repérables. Il était temps ! Puis, ils ne sont pas futés, ces insectes, à rester là, ils ne doivent pas sentir ma présence. Tant mieux, le dîner en sera meilleur. Et après cela, pas question de rentrer ! Oui, autant découvrir. Seulement, ne pas aller vers les forêts, une chouette pourrait croiser mon chemin ... A moins que je sois plus maligne qu'elle. Enfin, continuons la route. Il fait bon voler après l'hibernation. L'hibernation, c'est morne, ça manque de tout : de vol, de nourriture, d'exploration, et même de dangers. Parce qu'il en faut quand même du danger ! Voyons jusqu'où je peux aller sans trop me fatiguer. 

  Tiens, de nouvelles formes ? De la lumière ? Mais où suis-je donc allée ? Me serais-je perdue ? Oh, quel pétrin, pas un mot aux autres ! Puis, parlons-en des autres, il faut que je rentre avant qu'ils se rendent compte de mon absence ! Ils se douteront forcément de mon absence, ils y sont habitués. Je vais encore avoir droit à un joli sermon ... Tant pis, je vais me poser, un peu, pour me reposer. Cet endroit est bizarre, il ne m'inspire pas confiance, on m'a toujours dit d'éviter la lumière. Mais n'ai-je pas dit qu'il fallait du danger ? Je rentrerai quand la lune commencera à disparaître. Ça va, il me reste du temps, elle n'est encore pas à son zénith. Enfin, reprenons le vol, je n'aime pas marcher, je ne suis pas à l'aise. Oh ! Il y a des moustiques près des lumières ! Ça tombe bien, j'ai encore faim ! 

  Je me suis cognée. Plusieurs fois. Puis je suis tombée. Quelles sont donc ces ouvertures impénétrables, débouchant sur une grotte éclairée ? Et que peuvent bien être ces créatures, qui se meuvent tout le temps, dans tant de lumière ? Je demanderai, mais il ne faut pas que j'oublie. Oh, mais, on va encore me demander où je suis allée ... Tant pis, puisque de toute façon je n'en ai pas la moindre idée. J'ai dû me faire mal, j'ai vraiment du mal à voler ... Il faudra bien que je rentre de toutes manières ! Oublie la douleur, concentre toi, et vole. Il le faut. Puis, je trouverai bien un endroit où me poser, près de ces ouvertures impénétrables, si hautes pour certaines. Ah, voilà un rebord. Je ne reste pas longtemps, parce qu'il pourrait m'arriver toutes sortes de choses. Il me semble qu'on m'avait parlé, un jour, d'"humains" ... Mais c'est quoi ça déjà ? Oh, puis, ce n'est pas le lieu pour philosopher, je vais rentrer, il vaut mieux pour moi. Mais ces grottes éclairées n'intriguent tellement ! Je sais que c'est mal de vouloir y entrer, mais c'est plus fort que moi, la curiosité est trop tentante. 

  Oh, tiens, brusquement, la chose transparente - l'entrée de la grotte, en somme, idiote - vient de s'ouvrir ! Allez, ne réfléchis pas, profite ! C'est peut-être la seule chance que tu auras ! Mais ... Attends ... Si c'est un piège ? Un piège ? Enfin, qui voudrait me tendre un piège ? J'ai du courage, après tout, et tout va bien se passer. Puis, pourquoi cela se passerait-il mal ? Oh, tiens, une chose s'approche. Une chose toute ... Beige ? Oui, il me semble que c'est beige. C'est relié à une tige qui s'articule, et ça a cinq ... Griffes ? S'articulant elles aussi. Mais, un instant, si je me souviens bien, ne serait-ce pas une partie d'"humain" ? Et on me disait quoi à propos des humains déjà ? Ils sont gentils, n'est-ce pas ? Ce dont je suis sûre, c'est que ce n'est pas un de mes prédateurs, puisque, évidemment, un humain n'est ni un chat, ni un rat, ni un faucon, et encore moins un hibou. Logique. L'humain m'amènera sûrement dans la grotte lumineuse. 

  Il m'a bloquée. Entre ses griffes articulées. Il me serre tellement fort qu'il me fait presque mal. Dois-je commencer à m'affoler ? Dois-je commencer à avoir peur ? Dois-je me débattre ? Mais je vais sûrement me faire mal. Laisse le faire, on verra bien. 

Fourbi NarratifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant