@Smatchoun

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Texte de Smatchoun , Catégorie : Fiction

« Surtout ne la casse pas ! Elle lui tendit la boule à neige délicatement comme si elle lui offrait son propre cœur. Tu vois ce château ? Il est comme nous, fort et majestueux. Promets moi que jamais tu ne la casseras ! »

Le jeune homme regarda la petite forteresse au centre de la sphère de verre puis fixa ses yeux sur le visage de Raphaëlle. Elle ne souriait pas, mais ses yeux étaient pleins d'amour et d'espoir. Tandis que ses cheveux cuivrés venaient caresser ses pommettes rosies sous les coups du vent.
Elle était splendide, et elle semblait si fragile au creux de ses mains.
Il jeta un dernier regard aux petites pierres du château et afficha un grand sourire.

« Je te le promets. Maintenant le dernier arrivé est une poule mouillée ! »

C'est alors qu'une tête brune et une tête rousse sillonnaient entre les feuilles d'automne. Le ciel rouge n'allait pas tarder à se faire chasser par le bleu de la nuit. Ils se précipitèrent jusqu'au péron.
A bout de souffle ils se toisaient, leur visages étaient rouges et leurs lèvres retroussées en de grands sourires complices.

« Je suis arrivé la première, bonne nuit Maël, et surtout ne la casse pas. »

La petite fille planta alors un léger baiser sur la joue du garçon qui rougit plus qu'à l'habitude, puis elle s'enfuie en courant vers sa maison.

*

Ses joues étaient parfaitement lisses, sans que l'adolescence n'est marquée sa peau porcelaine. De légères tâches de rousseur décoraient son visage alors que sa main se baladait dessus. Il ne pouvait quitter ses yeux nuageux que pour regarder ses lèvres pulpeuses et son pouce qui effleuraient ces courbes montagneuses entre douceur et rigueur. Son souffle chaud venait caresser le torse du jeune homme. Alors que Maël laissait ses mains descendre le long de son cou, laissant traîner ses doigts sur son épaule dénudée puis sur sa poitrine généreuse.

Malgré le froid hivernal leur deux corps étaient nus, et pour la première fois ils ne se voyaient que dans le plus simple appareil, montrant à l'un et à l'autre leur passion.
Maël avait le souffle court, ne voulant qu'embrasser cette peau immaculée, voulant la réchauffer de son propre corps.

Il jeta un coup d'œil dans sa chambre, voulant s'assurer que tout était parfait pour ce moment, et c'est alors qu'il vit le château dans la boule de neige. L'enfance les avait liés.

« Je ne l'ai jamais cassé notre château, alors s'il te plaît, ne brise pas mon cœur. »

Raphaëlle sembla surprise de voir son ami, son amant aussi ouvert. Jamais il ne lui avait montré ses sentiments. Au départ ils ne s'étaient retrouvés ici juste pour se débarrasser d'une étape de la vie importante mais pas avec n'importe qui.

Elle se jeta contre lui, le renversant sur le dos, elle plaqua ses lèvres contre les siennes. Maël voulait plus, et en même temps il aurait voulu ne penser qu'à la chaleur de leur bouches qui dansaient l'une contre l'autre. Mais son corps s'embrasait. Leur mains se confondaient dans les courbes des deux corps désireux d'en finir et avant tout de commencer.
Il ne voulait surtout pas la blesser, juste l'aimer un peu plus que ce qu'il ne l'avait fait depuis.

Leur regard se croisèrent, affirmant silencieusement leur désir réciproque.
Et alors leur deux corps fusionnèrent, le mal et le bien en un seul moment. C'était une première fois. Et le bien prit le dessus poussant les deux adolescent à exprimer leur plaisir.

Ce n'était que douceur et sincérité. Leur corps avaient chauds.
Leur visage se frôlaient, et leur souffle se raccourcissaient.
Ce n'était qu'un court instant au cours de leur vie et pourtant c'était un des plus important.
Le moment qui scella leur amitié en un amour enfantin et mature.

*
La main de Maël parcourait les cheveux de Raphaëlle. Leur reflets roux tiraient sur le blond, tandis que sa tête reposait sur les genoux de son amant. Chacun se souriait au milieu de ce parc qui commençait à prendre les couleurs du printemps . L'air chaud caressait leur visage heureux, celui de Raphaëlle parsemé de tâches de rousseur.
Le ventre de Raphaëlle était arrondie. Leur famille allait s'agrandir dans quelques mois et alors ils fondraient leur avenir à trois. Il ne s'était pas quittés et leur amour était profond, sans fin. Un amour réel et véritable. Aussi véritable que les bourgeons de roses qui commencent à naître, aussi vrai que le chant des oiseaux qui fait promener leur cœur liés.

Ils passèrent toute la journée au parc jusqu'au couché du soleil puis ils prirent la voiture jusqu'à leur appartement.

*

« Pourquoi tu es tout le temps comme ça avec moi !? Qu'est ce que j'ai fait de mal !? Je suis là pour toi depuis plus de dix ans et jamais tu ne me regardes ! Je t'ai tout donné ! TOUT ! »

Maël ne réagissait pas en entendant ces mots. Il regardait dans le vide, ses mains de chaque côté de son visage. C'était comme si les paroles qui fusaient dans l'appartement n'était qu'un arrière plan dont son cerveau faisait abstraction.

« Maël je te parle, tu pourrais au moins faire semblant de nous accorder de l'importance ! Ou du moins à ce qu'il en reste... »

Il ne broncha pas plus, croupi dans son silence.

Après plusieurs minutes plus un bruit n'empoisonnait la pièce. Le silence semblait reposant pour le jeune homme. Son cerveau était comme sur pause. Bloqué ailleurs, loin de cette vie qu'il ne supportait plus.

Et dans un bruit de verre, il vit sous ses yeux la sphère s'éparpiller au sol dans un marre d'eau emportant avec elle les petites briques du château.

« Je te déteste. Ça fait dix ans il est temps de tourner la page. »

Maël leva doucement les yeux vers sa fiancée, la pointant d'un regard noir. Il se leva dans un grand calme. Puis sa main parti et gifle la visage de la brunette. Des larmes se mirent à couler sur son visage puis elle tourna les talons et claqua la porte en sortant.

Ses épaules commencèrent à trembler puis son corps s'effondra, ses genoux s'écorchant avec les morceaux de verre. Il tendit les bras vers le château, cherchant à le reconstruire. En voyant que ses actions étaient vaines de nombreuses larmes coulèrent sur ses joues.

« Je suis désolé... tellement désolée... Je t'avais promis de ne rien casser... »

Ses mots résonnèrent dans ses tympans. Pour lui c'était sa faute si sa vie n'était pas celle qu'ils avaient planifié.
Elle était morte ce printemps où ils rentraient du parc. Il l'avait tué, elle et son enfant. Il s'était tué lui même dans un malheureux accident de voiture.

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